La Terre sainte entre guerre et paix
Vivre cette année le temps du carême en Terre sainte, c’est comme être engagé dans une traversée de désert avec une caravane qui erre dans la nuit, ne plus sachant où elle est et ayant comme seul point de repère les étoiles. L’étoile qui permet aux chrétiens de poursuivre leur marche, c’est l’espérance de la Résurrection pascale.
Les cessez-le-feu ont permis un peu de soulagement à Gaza, mais les gens vivent toujours sous la menace d’une reprise de la guerre et les assassinats ciblés continuent. Certains ont pu retourner à leurs maisons, mais les ont trouvées détruites, comme la quasi-totalité des services publics. Le plan du président Trump de vider Gaza de ses habitants – nettoyage ethnique en règle – est salué par le gouvernement israélien, qui se sert de l’arrêt des convois d’aide et de la coupure de l’électricité à Gaza comme une arme pour dicter ses propres conditions pour la poursuite de la trêve et la libération des otages. Tout respect de la loi internationale a disparu.
En Palestine, les attaques violentes des colons israéliens avec la complicité de l’armée s’intensifient, en toute impunité. L’armée israélienne lance des raids terrestres et aériens contre les camps de réfugiés dans le nord de la Cisjordanie, les vidant de leurs habitants et semant la terreur dans les villages. Tout trahit la volonté de vider le pays de ses habitants palestiniens, autre nettoyage ethnique. La Cisjordanie est devenue une grande prison où villes et villages ont été isolés par des centaines de barrages, rendant la circulation quasi-impossible. L’économie est asphyxiée et les familles palestiniennes peinent à se nourrir.
Toute voix discordante est supprimée. Dénoncer l’injustice devient un crime. Les deux raids policiers contre une librairie à Jérusalem-Est et l’imposition d’une taxe de 80 % aux ONG recevant des subsides internationaux le montrent à l’évidence.
Les autorités israéliennes justifient cette répression en invoquant toujours les événements du 7 octobre 2023, une véritable catastrophe du point de vue humain, mais le récit israélien ignore la catastrophe palestinienne qui dure depuis des décennies.
Désemparés, nombre de chrétiens et de musulmans cherchent à émigrer. Les Églises rappellent la nécessité d’une solution politique et déploient de grands efforts pour soutenir leurs communautés. Elles encouragent les fidèles à garder l’espoir, à dépasser la haine et à être témoins d’une coexistence qui surmonte les barrières ethniques et religieuses. Les institutions chrétiennes veulent être des foyers d’accueil et d’aide sans discrimination et témoigner qu’un autre vivre-ensemble est possible. Ils espèrent ainsi contribuer à la construction d’une nouvelle société, où l’égalité des droits et des devoirs de tous est reconnue, cette égalité étant une condition essentielle de toute paix véritable.