Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

Au-delà de leur dimension médiatique et des multiples questions sociales, politiques ou écologiques qu’ils peuvent soulever, les Jeux Olympiques et Paralympiques représentent également une occasion d’interroger notre culture du sport : quelle anthropologie, quelle spiritualité pouvons-nous proposer pour donner sens au sport ?

 

La réalisation de performances extrêmes et l’utopie du dépassement de soi sont pour une personne des opportunités pour trouver refuge dans une pratique sportive. Cette utopie devient une espérance lorsqu’un athlète accepte d’habiter son corps afin de rencontrer, en son for intérieur, une force qui le dépasse et qui lui donne l’inspiration de donner vie à ses sens, au-delà de performances sportives éphémères. L’ouverture vers un chemin d’espérance suppose également de la part d’un athlète d’accepter d’éprouver à travers son corps les affres d’un sentiment d’injustice avant de se sentir exister pleinement. Les stigmates du corps de l’athlète deviennent alors des mémoires vivantes de champs de batailles et de havres de paix qui témoignent de la complexité d’une humanité sportive, là où la victoire n’existe pas sans la défaite et là où la perfection d’un geste côtoie une action de grâce qui dépasse la volonté d’un athlète.

La tradition de la « Trêve Olympique » fut instituée dans la Grèce antique au IXe siècle avant Jésus-Christ par la signature d’un traité entre trois rois afin que les athlètes et spectateurs de ces cités puissent participer en toute sécurité aux Jeux Olympiques.

Le CIO a décidé de faire revivre la Trêve Olympique à l’occasion des Jeux. Son but est de préserver, les intérêts des athlètes et du sport en général ainsi que d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation. Dans ce cadre-là, le Centre International pour la Trêve Olympique (CITO) a été créé en juillet 2000.

Depuis 1993, l’Assemblée générale des Nations Unies réitère son soutien au CIO en adoptant tous les deux ans, une résolution intitulée « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique« . La dernière, votée le 21 novembre 2023, a fixé la trêve du 19 juillet au 15 septembre 2024. Le jour de l’ouverture de la trêve, une messe télévisée sera célébrée à l’église de la Madeleine en présence de Thomas Bach, président du CIO.

De l’excellence à l’exclusion : un sentiment d’injustice est une opportunité de se sentir exister
Le chemin d’une vie sportive qui consiste à favoriser uniquement la performance d’un athlète conduit à une impasse. Celle-ci met alors en lumière le coût de la recherche de l’excellence à tout prix : celui d’échanger une identité personnelle authentique au profit d’une identité sociale éphémère et constamment remise en cause. Le sentiment d’injustice se révèle notamment lorsque les cultures sportives rejettent un athlète dans les abymes de l’oubli. Pour autant, c’est au moment de l’expérience de l’exclusion qu’un athlète va s’autoriser à s’isoler d’un environnement qui ne répond plus momentanément à ses besoins vitaux. C’est alors le moment pour cet athlète de remplacer les accords du plus-que-parfait qui scandaient la conjugaison du verbe Réussir par d’autres accords qui s’intéressent à la conjugaison du verbe Vivre à la première personne du singulier.

« Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ce qui m’arrive ? », « Pourquoi moi ? ». Le sentiment d’injustice est une véritable tornade émotionnelle lorsque le corps de l’athlète ne répond plus aux canons de l’efficacité sportive. Néanmoins face à un corps qui n’obéit plus à des injonctions culturelles, l’athlète va se sentir exister comme jamais ! La négation d’exister imposée par un environnement ne conduit en effet pas à l’anéantissement et devient la preuve qu’un athlète, au-delà des performances, existe non pas seulement lorsqu’il est fier de ses performances mais également par ce qu’il devient, lorsqu’il éprouve un sentiment de trahison, voire un sentiment d’abandon.

Le moment est venu pour cet athlète exclu de se connecter à une puissance insoupçonnée. Le sentiment d’injustice est le siège d’une revendication à la reconnaissance de la dignité humaine. L’impuissance à reprendre son souffle face à la sidération de ne plus faire partie de la famille sportive est une invitation à prendre ses distances avec celle-ci, afin de retrouver une inspiration qui naît des profondeurs du corps.

Faire œuvre de compassion avec soi-même pour permettre à une passion de vivre, de se révéler.
Le cactus est un merveilleux symbole pour ressentir la complexité qui structure la notion de compassion. Faut-il s’approcher d’un cactus pour voir sa fleur ou faut-il s’en détacher pour éviter de toucher sa couronne d’épines ? Au-delà de ses épines, le cactus fait peur par anticipation et en même temps il attire. La métaphore du cactus permet de relever les paradoxes d’un acte de compassion qui trouve de la consistance lorsqu’une situation semble désespérée. La compassion se révèle lorsqu’elle met au défi une personne de modifier sa perception habituelle des événements qu’elle accepte de ne plus maîtriser. La compassion favorise une acceptation de la vulnérabilité humaine. Cependant, le chemin est long pour que la personne compassionnelle reconnaisse qui elle est en vérité : une personne capable de certains dépassements qu’elle n’imaginait pas pouvoir mobiliser.

Faire œuvre de compassion avec soi-même est une étape pour permettre à une personne d’habiter son corps. La conjugaison de la précarisation de l’existence et l’augmentation du pouvoir d’agir autorise une personne à devenir l’agent de son propre changement et de son propre cheminement. Un point de non-retour devient alors pensable et acceptable. Rien ne sera plus comme avant ! Il suffit juste d’accepter le plaisir simple de se sentir à nouveau vivre, autrement.

Faire œuvre de compassion ne consiste pas seulement à prendre soin d’une personne oubliée sur le bord du chemin. Il s’agit de s’assurer que la route sera plus sûre pour elle. Cette sécurité qui est amenée à se construire dans l’incertitude, s’acquiert également dans l’acceptation d’aimer l’ignorance de l’avenir. Une question renouvelle le chemin que parcourt un athlète sur la scène sportive : « que faire, quand je ne veux plus faire ? » Cette question suscite un flottement identitaire salutaire qui permet de désapprendre des habitudes, de prendre de la distance par rapport à des expériences qui inhibent les intuitions et d’apprendre à dire je sais ce que je veux. S’autoriser à être soi-même pour faire d’une vie sportive une œuvre d’art est l’occasion d’accepter que l’inachèvement d’une réussite sportive n’est pas un échec mais une opportunité de réaliser ce qui semble impossible.

Le Relais de la Flamme est une tradition qui nous plonge dans les racines des Jeux. La première torche du Relais de la Flamme Olympique de Paris 2024 a été allumée le 16 avril, selon la tradition antique, à l’aide des rayons du soleil, lors d’une cérémonie dans le sanctuaire d’Olympie, en Grèce, où se déroulaient les Jeux antiques.

C’est le 8 mai, à Marseille, que la Flamme a débuté son épopée en France pour arriver à Paris le 26 juillet pour l’ouverture des Jeux. Durant ces trois mois, elle sillonne les plus beaux lieux historiques et religieux.

Holy Games, la proposition catholique pour cet événement, propose d’organiser dans les villes traversées par le relais de la flamme, la veille, une veillée de prière pour bénir notre pays et les peuples qui viendront de toute la terre, de prier pour la paix des nations et de méditer sur cette flamme que nous portons depuis le jour de notre baptême. Un cierge sera allumé pour briller jusqu’à la fin des Jeux paralympiques et chacun recevra une bougie pour vivre les valeurs de paix et de communion dans la vie quotidienne.

 

S’autoriser à être soi-même pour faire d’une vie sportive une œuvre d’art.
Les espaces et les temps sportifs sont des lieux et des moments où une vie corporelle, une vie citoyenne et une vie spirituelle se rencontrent pour révéler les assises du phénomène humain. Celui-ci s’inscrit comme le creuset d’enjeux où « lutter » pour faire perdre l’autre peut laisser la place au principe de « jouer » pour éprouver la Joie d’être Ensemble. C’est dans l’acceptation de l’incertitude qu’un athlète apprend à se confronter aux autres, au sein d’une société sportive. Il apprend à construire des liens qui favorisent la reconnaissance d’un sentiment de commune appartenance partagé entre celui qui gagne et celui qui perd. Il appartient alors aux metteurs en scène d’un spectacle sportif de promouvoir un vivre-ensemble qui accueille la différence de l’autre, avant, pendant et après la compétition. La cohabitation de la performance sportive et de la contre-performance sportive s’inscrit au cœur des logiques qui permettent aux pratiques sportives de se mettre au service d’un développement humain durable, celui qui donne vie à une confiance dans l’avenir, une confiance dans les autres et une confiance en soi. Dans cette perspective, ce n’est plus seulement une action individuelle qui donne le sens à un geste juste, mais à l’inverse, le sens de celui-ci se construit à partir de la personne qui s’engage au cœur d’actions collectives. C’est en cela qu’un apprentissage partagé permet à une personne de vivre pleinement l’exercice d’une liberté inconditionnelle au sein d’une organisation sportive intelligente.

Parmi la diversité des compétitions sportives, les courses de relais expriment cette intelligence vitale qui permet à des relayeurs d’amener un « témoin » à bon port. Ainsi l’expérience collective des courses de relais est l’occasion pour plusieurs personnes de mettre leurs talents complémentaires au service d’une même finalité. Le Témoin, en acceptant d’être un trait d’union entre les générations, est celui qui en osant larguer les amarres se sent libre de poser deux questions fondamentales à ceux et à celles qu’il rencontre sur son Chemin : « Où allez-vous ? » « D’où venez-vous ? »

 

La tradition de la « Trêve Olympique » fut instituée dans la Grèce antique au IXe siècle avant Jésus-Christ par la signature d’un traité entre trois rois afin que les athlètes et spectateurs de ces cités puissent participer en toute sécurité aux Jeux Olympiques.

Le CIO a décidé de faire revivre la Trêve olympique à l’occasion des Jeux. Son but est de préserver, les intérêts des athlètes et du sport en général ainsi que d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation. Dans ce cadre-là, le Centre International pour la Trêve Olympique (CITO) a été créé en juillet 2000.

Depuis 1993, l’Assemblée générale des Nations Unies réitère son soutien au CIO en adoptant tous les deux ans, une résolution intitulée « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique« . La dernière, votée le 21 novembre 2023, a fixé la trêve du 19 juillet au 15 septembre 2024. Le jour de l’ouverture de la trêve, une messe télévisée sera célébrée à l’église de la Madeleine en présence de Thomas Bach, président du CIO.

1- L’Europe vue d’en bas
+ En raison des élections au Parlement européen (en France le 9 juin), nous découvrons les visages de députés qui nous représentent à Bruxelles et à Strasbourg. On peut s’en réjouir, d’autant que cela permet des débats sur la manière de considérer l’Union européenne (UE) et d’envisager son avenir. On ne peut en rester à la caricature d’un simple « machin » qui produirait des normes et apporterait des subventions, il s’agit bien d’une instance politique qui peut dynamiser notre vie quotidienne. Cette politique commune est orientée par le travail de celles et ceux que nous allons démocratiquement choisir comme députés, d’où l’importance de rendez-vous électoral du 9 juin. Certes, l’action de ce parlement doit se conjuguer et s’articuler avec le Conseil européen (assemblée des chefs d’État et de gouvernement) et la Commission européenne qui gère au quotidien la vie de l’Union.
Réjouissons-nous que les médias, souvent peu bavards à propos d’Europe, nous familiarisent avec ces institutions en vue de la prochaine élection. D’autant que les gouvernements nationaux ont tendance à se défausser lorsqu’il s’agit de décisions peu agréables, on nous ressort le refrain « c’est la faute à l’Europe ! ». Notre vigilance ne doit pas se relâcher quand des candidats à cette élection cherchent à saper les bases de l’Union, même s’ils n’osent plus parler d’une sortie de l’UE et de l’euro. Il est donc utile de s’intéresser à tous ces débats, sans être dupes de certaines postures.

+ Mon propos n’est pas de contribuer directement à ce débat électoral, mais d’évoquer de manière positive les belles ouvertures que nous offre l’UE ; il s’agit de considérations apparemment banales mais qui mettent en lumière le goût de vivre ensemble dans l’UE. Un premier constat : les différences de langues et de cultures ne sont plus causes de peurs. Le poids de l’histoire, que nous venons de rappeler avec les commémorations du 8 mai, fut lourd de conflits particulièrement barbares, mais rien ne nous oblige à continuer de nous faire la guerre ! L’ouverture des frontières, et la monnaie unique en de nombreux pays, font que nous sommes heureux de nous rencontrer, même si des traducteurs sont nécessaires ! Nous faisons l’expérience de découvertes qui nous enrichissent, de solidarités réelles au travers même des différences. Pour évoquer un contre-exemple, nous savons combien de Britanniques présents chez nous ont vécu comme un déchirement la sortie de leur pays de l’Union ; nombre d’entre eux étant actifs dans les associations, parfois élus locaux. Tout en souhaitant garder leur identité britannique, ils se réjouissaient d’être aussi impliqués positivement dans la vie sociale de leur pays d’adoption. Notre identité n’est donc pas un bloc rigide, elle s’enrichit de multiples emprunts, grâce à des rencontres souvent étonnantes. L’ouverture à l’autre différent devient un art de vivre qui appelle à gérer nos peurs instinctives. Nous pouvons alors considérer notre identité, non comme un mur monochrome qui nous isole, mais à la manière d’une verrière multicolore qui illumine nos chemins de vie.

+ Un exemple positif : le programme Erasmus qui favorise les échanges pour les études et les expériences professionnelles. Si « les voyages forment la jeunesse », ce n’est pas d’abord par les déplacements, mais par les rencontres qu’ils permettent. Cela conduit parfois à des unions transfrontalières ; on estime à un million le nombre « d’enfants Erasmus », nés de parents qui se sont rencontrés grâce à ce programme ! En ces familles, la diversité se vit à la maison ! Voyons donc positivement ces identités qui mélangent les couleurs et les cultures.

+ Un mot encore à propos de politique. Une limite originelle de l’UE est d’avoir été conçue comme un « marché unique » ; une voie qui a permis des solidarités, mais qui laisse au second plan la justice sociale et les échanges culturels. Les crispations à l’égard de l’Europe viennent de la peur d’un déclassement, d’une marginalisation sociale. Certes, la mondialisation financière et économique est bien plus brutale, mais comme on ne sait pas à qui s’adresser au niveau mondial, alors « sus à l’Europe » ! Contribuons plutôt à une Europe populaire et humaniste, solidaire et fraternelle, apte à influencer positivement la marche de notre monde.

 2- Face aux défis mondiaux, des peuples responsables
Les débats en vue des élections mettent l’accent sur une Europe « puissante ». Dans un monde marqué par des conflits et des injustices dont les plus pauvres sont les premières victimes, lent à prendre en compte les défis écologiques, il est utile que l’Europe soit forte, pour le bien de ses habitants, mais aussi pour l’avenir de notre terre. Mais il ne suffit pas de proclamer la puissance ! Quels projets doit-elle promouvoir ? Deux sujets parmi d’autres.

+ En 2023, les dépenses militaires dans le monde ont progressé de 6,8%, elles se montent à 2443 milliards de dollars. Certes, il est nécessaire d’assurer la défense des populations et il vaut mieux coordonner les efforts à l’échelle européenne. Mais ce souci du court terme ne doit pas détourner du moyen et long terme. Si l’UE veut se manifester comme une puissance porteuse d’avenir, elle doit promouvoir aussi des formes de défense civile et surtout prendre des initiatives pour bâtir une paix durable, c’est-à-dire basée sur la justice à l’échelle mondiale. La puissance ne se mesure pas uniquement selon des critères militaires et économiques, il ne faut pas négliger la dimension culturelle. À ce propos, le terme de puissance ne convient pas quand il évoque des postures de domination qui provoquent des raidissements. Il est contradictoire de prétendre imposer la liberté et la démocratie par la force des armes, il est dangereux de confondre ces valeurs avec un marché qui se montre prédateur en soutenant les forts et exploitant les faibles. En cultivant des solidarités à l’égard des plus démunis, partout dans le monde, nous contribuons effectivement à la paix.

+ En 2023, la France a connu une baisse de 4,8% de ses gaz à effet de serre par rapport à l’année précédente. Si l’on prend 1990 comme référence de base, la baisse est de 29%, ce qui n’est pas négligeable. On peut y voir un effet bénéfique de décisions nationales, mais aussi européennes. Une victoire qui doit cependant être relativisée : une telle évaluation ne prend pas en compte les émissions importées, c’est-à-dire les dégradations effectuées à l’extérieur pour fabriquer les produits que nous consommons. Or, les gaz à effet de serre ignorent les frontières politiques et économiques ! Tous solidaires face au danger…

3- – Solidaires !
+ En 2O23, plus d’un Français sur deux a fait un don à une association (+ 3% en 3 ans). 56% des 18-35 ans sont des donateurs. Révisons donc nos clichés à propos de l’égoïsme ambiant !

+ Environ 1000 Français meurent chaque année à 105 ans ou plus, dont une très grande majorité de femmes. Les générations nées après guerre vont arriver au temps de la dépendance. Quelles solidarités pour un grand âge humain jusqu’au bout ? Ce qui suppose des moyens humains et financiers… Gouverner, c’est prévoir et organiser ! N’attendons pas !

Télécharger le  n°68, mai 24  (PDF)

Dans son discours prononcé à l’investiture du nouveau président de la république du Sénégal, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le président du Conseil Constitutionnel qualifiait de « miracle » le dénouement inespéré de la situation sociopolitique au Sénégal. Celle-ci était plus que confuse à quelques encablures de l’élection présidentielle qui sera finalement tenue le 24 mars 2024. Elle portera au pouvoir le cinquième président de la république et le plus jeune, âgé de quarante-quatre ans. Sa victoire a été consacrée, dès le premier tour, avec un taux de 54,28 % des suffrages valablement exprimés. À l’analyse, la clarté de ce vote marque une volonté de la majorité des électeurs sénégalais, des jeunes pour la plupart, de tourner une page, en somme une forte volonté de changement.
L’offre politique des nouvelles autorités se veut un « projet patriotique » et « antisystème » revendiqué, soit une option de « changement de système » et de « gouvernance » au nom d’une certaine idée de la souveraineté dans un Sénégal réconcilié, transparent et équitable. L’avenir nous édifiera sur la pertinence de la vision et sa capacité à satisfaire les nombreuses attentes du peuple sénégalais qui sont essentiellement d’ordre économique. On pourrait en identifier ainsi les principales :
– la lutte contre la vie chère,
– l’emploi des jeunes,
– la souveraineté alimentaire,
– la gestion des ressources naturelles minières, halieutiques, gazières et pétrolières,
– la satisfaction des besoins en matière de santé et d’éducation,
– un développement durable et inclusif,
– la préservation et le renforcement de l’état de droit et de la démocratie.
Dans ce contexte, l’Église du Sénégal aura joué son rôle de veille unanimement salué avec un fort appel au respect des règles de la démocratie et de l’état de droit, à une élection paisible, transparente et respectueuse de la volonté populaire. Dès lors, il s’agit, pour l’Église, de préserver cette posture citoyenne et de responsabilité, de travailler à l’unité dans le cadre d’une république laïque. Elle doit continuer d’agir par la hiérarchie et par un laïcat toujours plus présent dans la vie de la cité.