Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

Lorsque l’on relit les messages du pape François sur l’Europe[1], on retrouve des constantes dans sa vision d’une Europe plus intégrée, forte des valeurs qui l’ont fondée, celles de la solidarité, du dialogue, du développement et de la paix, de l’ouverture au monde, de l’espérance qui veut un regard tourné résolument vers l’avenir.

Pour le Pape, l’originalité européenne réside avant tout dans sa conception de l’homme, dans sa capacité d’initiative et dans sa solidarité active. Cette centralité de la personne humaine et de la communauté à laquelle elle appartient, où sont mis en commun les ressources et les talents de chacun, valeur fondamentale des pères fondateurs, doit rester au cœur de la construction de l’avenir. « Ce sont toujours les hommes et les femmes qui font la différence ».

Il voit dans l’Europe un modèle : elle incarne « ce que l’Église demande au niveau mondial », c’est-à-dire « l’existence d’une autorité avec des compétences multiples qui permettent d’éviter les dérives nationalistes ».

S’il reconnaît les faiblesses de l’Europe : la prééminence du paradigme économique et des chiffres sur la logique politique et les personnes, la déconnexion entre les peuples et les institutions, la solitude qui génère une « société sans sentiment d’appartenance et de transmission » et se traduit sur le plan politique par le populisme et le raidissement des nationalismes, il est confiant sur la capacité des Européens à être « des hommes et des femmes animés par le rêve d’une Europe unie au service de la paix ».

Il affirme régulièrement que les migrants sont une ressource plus qu’un poids. Gérer la question migratoire demande de la prudence, mais « on ne peut pas ériger des murs d’indifférence ou de peur ».

Face à la montée de la violence et des conflits, il insiste sur l’importance de l’éducation à la paix pour éloigner une culture du conflit qui vise à la peur de l’autre, à la marginalisation de celui qui pense ou vit de manière différente.

« Les chrétiens ont aujourd’hui une grande responsabilité : comme le levain dans la pâte, ils sont appelés à réveiller la conscience de l’Europe, pour animer des processus qui produisent de nouveaux dynamismes dans la société. Je les exhorte donc à s’engager avec courage et détermination pour offrir leur contribution dans chaque domaine où ils vivent et travaillent ».

Voilà une invitation claire à exprimer l’Europe que nous voulons comme chrétiens à l’occasion des élections du 9 juin.

 

[1] Visite au Parlement européen et au Conseil de l’Europe en 2014 – Rome à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire du Traité de Rome en 2017 – Lettre sur l’Europe de novembre 2020 – Livre « Vivre, mon histoire à travers la grande histoire » mars 2024.

Au début des années 1980, Mgr Calvet, archevêque de Nouméa, a demandé à Justice et Paix, de créer une Commission en Nouvelle Calédonie.

Au-delà de leur dimension médiatique et des multiples questions sociales, politiques ou écologiques qu’ils peuvent soulever, les Jeux Olympiques et Paralympiques représentent également une occasion d’interroger notre culture du sport : quelle anthropologie, quelle spiritualité pouvons-nous proposer pour donner sens au sport ?

 

La réalisation de performances extrêmes et l’utopie du dépassement de soi sont pour une personne des opportunités pour trouver refuge dans une pratique sportive. Cette utopie devient une espérance lorsqu’un athlète accepte d’habiter son corps afin de rencontrer, en son for intérieur, une force qui le dépasse et qui lui donne l’inspiration de donner vie à ses sens, au-delà de performances sportives éphémères. L’ouverture vers un chemin d’espérance suppose également de la part d’un athlète d’accepter d’éprouver à travers son corps les affres d’un sentiment d’injustice avant de se sentir exister pleinement. Les stigmates du corps de l’athlète deviennent alors des mémoires vivantes de champs de batailles et de havres de paix qui témoignent de la complexité d’une humanité sportive, là où la victoire n’existe pas sans la défaite et là où la perfection d’un geste côtoie une action de grâce qui dépasse la volonté d’un athlète.

La tradition de la « Trêve Olympique » fut instituée dans la Grèce antique au IXe siècle avant Jésus-Christ par la signature d’un traité entre trois rois afin que les athlètes et spectateurs de ces cités puissent participer en toute sécurité aux Jeux Olympiques.

Le CIO a décidé de faire revivre la Trêve Olympique à l’occasion des Jeux. Son but est de préserver, les intérêts des athlètes et du sport en général ainsi que d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation. Dans ce cadre-là, le Centre International pour la Trêve Olympique (CITO) a été créé en juillet 2000.

Depuis 1993, l’Assemblée générale des Nations Unies réitère son soutien au CIO en adoptant tous les deux ans, une résolution intitulée « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique« . La dernière, votée le 21 novembre 2023, a fixé la trêve du 19 juillet au 15 septembre 2024. Le jour de l’ouverture de la trêve, une messe télévisée sera célébrée à l’église de la Madeleine en présence de Thomas Bach, président du CIO.

De l’excellence à l’exclusion : un sentiment d’injustice est une opportunité de se sentir exister
Le chemin d’une vie sportive qui consiste à favoriser uniquement la performance d’un athlète conduit à une impasse. Celle-ci met alors en lumière le coût de la recherche de l’excellence à tout prix : celui d’échanger une identité personnelle authentique au profit d’une identité sociale éphémère et constamment remise en cause. Le sentiment d’injustice se révèle notamment lorsque les cultures sportives rejettent un athlète dans les abymes de l’oubli. Pour autant, c’est au moment de l’expérience de l’exclusion qu’un athlète va s’autoriser à s’isoler d’un environnement qui ne répond plus momentanément à ses besoins vitaux. C’est alors le moment pour cet athlète de remplacer les accords du plus-que-parfait qui scandaient la conjugaison du verbe Réussir par d’autres accords qui s’intéressent à la conjugaison du verbe Vivre à la première personne du singulier.

« Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ce qui m’arrive ? », « Pourquoi moi ? ». Le sentiment d’injustice est une véritable tornade émotionnelle lorsque le corps de l’athlète ne répond plus aux canons de l’efficacité sportive. Néanmoins face à un corps qui n’obéit plus à des injonctions culturelles, l’athlète va se sentir exister comme jamais ! La négation d’exister imposée par un environnement ne conduit en effet pas à l’anéantissement et devient la preuve qu’un athlète, au-delà des performances, existe non pas seulement lorsqu’il est fier de ses performances mais également par ce qu’il devient, lorsqu’il éprouve un sentiment de trahison, voire un sentiment d’abandon.

Le moment est venu pour cet athlète exclu de se connecter à une puissance insoupçonnée. Le sentiment d’injustice est le siège d’une revendication à la reconnaissance de la dignité humaine. L’impuissance à reprendre son souffle face à la sidération de ne plus faire partie de la famille sportive est une invitation à prendre ses distances avec celle-ci, afin de retrouver une inspiration qui naît des profondeurs du corps.

Faire œuvre de compassion avec soi-même pour permettre à une passion de vivre, de se révéler.
Le cactus est un merveilleux symbole pour ressentir la complexité qui structure la notion de compassion. Faut-il s’approcher d’un cactus pour voir sa fleur ou faut-il s’en détacher pour éviter de toucher sa couronne d’épines ? Au-delà de ses épines, le cactus fait peur par anticipation et en même temps il attire. La métaphore du cactus permet de relever les paradoxes d’un acte de compassion qui trouve de la consistance lorsqu’une situation semble désespérée. La compassion se révèle lorsqu’elle met au défi une personne de modifier sa perception habituelle des événements qu’elle accepte de ne plus maîtriser. La compassion favorise une acceptation de la vulnérabilité humaine. Cependant, le chemin est long pour que la personne compassionnelle reconnaisse qui elle est en vérité : une personne capable de certains dépassements qu’elle n’imaginait pas pouvoir mobiliser.

Faire œuvre de compassion avec soi-même est une étape pour permettre à une personne d’habiter son corps. La conjugaison de la précarisation de l’existence et l’augmentation du pouvoir d’agir autorise une personne à devenir l’agent de son propre changement et de son propre cheminement. Un point de non-retour devient alors pensable et acceptable. Rien ne sera plus comme avant ! Il suffit juste d’accepter le plaisir simple de se sentir à nouveau vivre, autrement.

Faire œuvre de compassion ne consiste pas seulement à prendre soin d’une personne oubliée sur le bord du chemin. Il s’agit de s’assurer que la route sera plus sûre pour elle. Cette sécurité qui est amenée à se construire dans l’incertitude, s’acquiert également dans l’acceptation d’aimer l’ignorance de l’avenir. Une question renouvelle le chemin que parcourt un athlète sur la scène sportive : « que faire, quand je ne veux plus faire ? » Cette question suscite un flottement identitaire salutaire qui permet de désapprendre des habitudes, de prendre de la distance par rapport à des expériences qui inhibent les intuitions et d’apprendre à dire je sais ce que je veux. S’autoriser à être soi-même pour faire d’une vie sportive une œuvre d’art est l’occasion d’accepter que l’inachèvement d’une réussite sportive n’est pas un échec mais une opportunité de réaliser ce qui semble impossible.

Le Relais de la Flamme est une tradition qui nous plonge dans les racines des Jeux. La première torche du Relais de la Flamme Olympique de Paris 2024 a été allumée le 16 avril, selon la tradition antique, à l’aide des rayons du soleil, lors d’une cérémonie dans le sanctuaire d’Olympie, en Grèce, où se déroulaient les Jeux antiques.

C’est le 8 mai, à Marseille, que la Flamme a débuté son épopée en France pour arriver à Paris le 26 juillet pour l’ouverture des Jeux. Durant ces trois mois, elle sillonne les plus beaux lieux historiques et religieux.

Holy Games, la proposition catholique pour cet événement, propose d’organiser dans les villes traversées par le relais de la flamme, la veille, une veillée de prière pour bénir notre pays et les peuples qui viendront de toute la terre, de prier pour la paix des nations et de méditer sur cette flamme que nous portons depuis le jour de notre baptême. Un cierge sera allumé pour briller jusqu’à la fin des Jeux paralympiques et chacun recevra une bougie pour vivre les valeurs de paix et de communion dans la vie quotidienne.

 

S’autoriser à être soi-même pour faire d’une vie sportive une œuvre d’art.
Les espaces et les temps sportifs sont des lieux et des moments où une vie corporelle, une vie citoyenne et une vie spirituelle se rencontrent pour révéler les assises du phénomène humain. Celui-ci s’inscrit comme le creuset d’enjeux où « lutter » pour faire perdre l’autre peut laisser la place au principe de « jouer » pour éprouver la Joie d’être Ensemble. C’est dans l’acceptation de l’incertitude qu’un athlète apprend à se confronter aux autres, au sein d’une société sportive. Il apprend à construire des liens qui favorisent la reconnaissance d’un sentiment de commune appartenance partagé entre celui qui gagne et celui qui perd. Il appartient alors aux metteurs en scène d’un spectacle sportif de promouvoir un vivre-ensemble qui accueille la différence de l’autre, avant, pendant et après la compétition. La cohabitation de la performance sportive et de la contre-performance sportive s’inscrit au cœur des logiques qui permettent aux pratiques sportives de se mettre au service d’un développement humain durable, celui qui donne vie à une confiance dans l’avenir, une confiance dans les autres et une confiance en soi. Dans cette perspective, ce n’est plus seulement une action individuelle qui donne le sens à un geste juste, mais à l’inverse, le sens de celui-ci se construit à partir de la personne qui s’engage au cœur d’actions collectives. C’est en cela qu’un apprentissage partagé permet à une personne de vivre pleinement l’exercice d’une liberté inconditionnelle au sein d’une organisation sportive intelligente.

Parmi la diversité des compétitions sportives, les courses de relais expriment cette intelligence vitale qui permet à des relayeurs d’amener un « témoin » à bon port. Ainsi l’expérience collective des courses de relais est l’occasion pour plusieurs personnes de mettre leurs talents complémentaires au service d’une même finalité. Le Témoin, en acceptant d’être un trait d’union entre les générations, est celui qui en osant larguer les amarres se sent libre de poser deux questions fondamentales à ceux et à celles qu’il rencontre sur son Chemin : « Où allez-vous ? » « D’où venez-vous ? »

 

La tradition de la « Trêve Olympique » fut instituée dans la Grèce antique au IXe siècle avant Jésus-Christ par la signature d’un traité entre trois rois afin que les athlètes et spectateurs de ces cités puissent participer en toute sécurité aux Jeux Olympiques.

Le CIO a décidé de faire revivre la Trêve olympique à l’occasion des Jeux. Son but est de préserver, les intérêts des athlètes et du sport en général ainsi que d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation. Dans ce cadre-là, le Centre International pour la Trêve Olympique (CITO) a été créé en juillet 2000.

Depuis 1993, l’Assemblée générale des Nations Unies réitère son soutien au CIO en adoptant tous les deux ans, une résolution intitulée « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique« . La dernière, votée le 21 novembre 2023, a fixé la trêve du 19 juillet au 15 septembre 2024. Le jour de l’ouverture de la trêve, une messe télévisée sera célébrée à l’église de la Madeleine en présence de Thomas Bach, président du CIO.