Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.
Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.
Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.
Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.
On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.
Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.
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Les 26 et 27 juin prochains, les dirigeants des pays du G 20 se retrouveront à Toronto pour coordonner leurs efforts en vue d’une économie mondiale plus saine et plus viable.
Cela est urgent car un dangereux climat de défiance se répand : des marchés financiers vis-à-vis des autorités politiques et réciproquement, des institutions financières entre elles, des citoyens à l’égard des pouvoirs publics et des marchés, des salariés à l’égard de leurs entreprises.
Au cœur de la crise : faire crédit, faire confiance … telle était notre invitation au moment où la crise s’imposait à tous (8 octobre 2008). C’est en pasteurs que nous intervenons, non pas en spécialistes de l’économie mais en témoins : nous dialoguons à la fois avec des personnes en précarité et aussi avec des personnes qui développent des initiatives solidaires. Et nous lançons cet appel :
Seule une économie ordonnée au bien de tous peut restaurer la confiance.
Que voyons-nous ?
- Du point de vue de l’économie, si la dette des états est préoccupante et ne peut être reportée sur les générations à venir, les premières victimes des plans de rigueur budgétaire sont toujours les personnes et les familles en situation précaire. En France, la crise du logement social, le sort des chômeurs en fin de droit, les difficultés d’accès à l’emploi des jeunes et des seniors, la souffrance au travail sont des symptômes à prendre au sérieux. Ces situations sont porteuses d’injustice et de violence.
- Du point de vue de la finance, on peut légitimement se demander si ont été mises en place avec l’autorité suffisante toutes les régulations nécessaires pour que ne se répètent pas les erreurs qui ont conduit au désastre de 2008. La situation des marchés financiers et du système bancaire demeure confuse. De nouvelles bulles spéculatives apparaissent dans des pays émergents. Demeure donc un réel risque si rien n’est fait pour orienter convenablement les liquidités monétaires et mettre en place un gouvernement de la finance.
Il est possible d’agir.
Il faut le plus possible encourager la reprise des activités, et se diriger vers une réforme européenne de la fiscalité afin qu’elle pèse moins sur les revenus du travail et davantage sur d’autres.
La marginalisation ou la précarisation des plus faibles n’est pas une solution acceptable. Une mauvaise répartition des efforts face à la crise met en danger la cohésion de notre société.
Des réformes et des régulations sont nécessaires afin que l’économie et la finance soient au service de tous.
Les évêques du Conseil Famille et Société :
Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen
Yves Boivineau, évêque d’Annecy
Michel Dubost, évêque d’Evry, président de Justice et Paix
Michel Guyard, évêque du Havre
François Jacolin, évêque de Mende
Michel Pansard, évêque de Chartres
Nous attendions l’encyclique depuis deux ans. Nul doute, maintenant, que le Pape ait voulu prendre acte des effets de la crise économique qui s’annonçait. Une crise mondiale. Car c’est une vision renouvelée de l’économie qu’il nous présente, faisant par là œuvre d’anticipation.
Elle est écrite pour le vingt et unième siècle débutant comme Rerum novarum l’avait été pour le dix-neuvième finissant, faisant la synthèse des questions posées par une industrialisation qui prenait sa vitesse de croisière pour aborder le vingtième siècle. Ici nous ne sommes plus à l’aménagement des conditions de travail, au juste salaire ou au droit d’association des travailleurs, Caritas in veritate se situe dans une dynamique interactive, dans une économie systémique, mondialisée, ouverte au politique, au social et au spirituel.
Il n’est pas sans signification, d’ailleurs, qu’alors que les encycliques sociales du vingtième siècle faisaient toutes mémoire de Rerum Novarum, celle-ci s’inscrit dans le quarantième anniversaire de Populorum Progressio de 1967. C’est dire qu’elle questionne nos modèles de croissance quant à leur impact sur le « développement de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes », selon la formule de Paul VI., elle ouvre des perspectives universelles, mais intègre aussi toutes les dimensions de la personne humaine.
Alors, particulièrement en son deuxième chapitre, Benoît XVI ne craint pas de faire un bilan très critique d’une suite de déséquilibres qui ont généré la crise actuelle : « les forces techniques employées, les échanges planétaires, les effets délétères d’une activité financière mal utilisée et, qui plus est, spéculative, les énormes flux migratoires (…)l’exploitation anarchique des ressources de la terre, nous conduisent aujourd’hui à réfléchir sur les mesures nécessaires pour résoudre des problèmes qui ont (…) un impact décisif sur le bien présent et futur de l’humanité (…) la crise devient une occasion de discernement et elle met en capacité d’élaborer de nouveaux projets ».
Et le Pape, fidèle à son titre, de souligner que si Paul VI avait fait observer qu’alors la question sociale était devenue mondiale, aujourd’hui elle se révélait « radicalement anthropologique », car il s’agit de se prononcer sur la qualité primordiale de la personne humaine et la valeur transcendante des normes naturelles ».
L’encyclique aborde de multiples réalités de la vie économique et sociale qui mériteront des échanges et des témoignages sur l’entreprise, la finance, les relations syndicales, la subsidiarité et la démocratie dans cette activité économique. Mais il donne à ce que nous appelons la « doctrine sociale de l’Eglise une vocation autre que morale ou éthique. Elle est théologique- sinon théologale- afin de lier par là la Révélation à l’histoire et nos relations à la Trinité. Loin d’un spiritualisme désincarné ou d’un fondamentalisme sectaire, c’est dans le mystère du Christ que nous sommes conduits à penser l’avenir comme étant celui de la famille humaine dans la fraternité des différences et des quêtes de la transcendance. Et Benoît XVI de conclure : « le développement a besoin de chrétiens qui ont les mains tendues vers Dieu ».
Cette encyclique est impressionnante par la qualité de ses analyses économiques ; elles auront demandé de multiples expertises de professionnels, sans doute, mais aussi par l’ardeur intellectuelle et spirituelle d’un enracinement au plus vital de la foi catholique. Ainsi elle renouvelle nos idées sur la « doctrine sociale » et ouvre le débat sur nos actuelles responsabilités pour faire naître demain.
La crise que nous traversons témoigne de l’importance de la finance pour l’économie et la paix sociale.
La financiarisation de l’économie a accéléré la mondialisation dont il serait injuste de dire qu’elle n’a que des effets négatifs. Elle a facilité le transfert des richesses et des technologies. Elle a été un levier puissant pour des projets d’investissements dans des pays en voie de développement.
Le marché libre, à condition de respecter certaines exigences, demeure sans doute l’instrument le plus efficace pour utiliser les ressources et répondre aux besoins des hommes et des sociétés de façon efficace.
Mais la crise nous révèle nombre de conséquences négatives lorsque les logiques financières poussées à l’extrême sont déconnectées de l’économie et ont pour seule fin la recherche d’un profit immédiat.
Nos sociétés sont ébranlées. Et comme toujours, en pareil cas, les plus pauvres sont les premières et bien innocentes victimes.
Cette crise nous invite tous à nous interroger sur nos modes de vie, sur notre rapport à l’argent, sur nos manières de faire fructifier notre épargne et de recourir au crédit. Nous ne pouvons que saluer les efforts des gouvernements et des responsables politiques pour faire face à la situation.
Il est essentiel que les mesures préconisées se donnent une autre fin que le seul maintien d’un système financier qui a révélé ses faiblesses et leurs conséquences humaines.
Ceci ne pourra se faire :
- sans une coopération entre les Etats et naturellement pour nous en Europe,
- sans la mise en place d’institutions nationales et internationales efficaces d’organisation des marchés financiers,
- sans se donner les moyens de réorienter nos économies pour qu’elles soient au service des personnes et non du seul profit.
Ceci suppose une réflexion éthique et un engagement :
- pour que l’on s’interroge sur des pratiques spéculatives visant la rentabilité maximum à court terme,
- pour que l’on revoie les systèmes de rémunération et de gratification des dirigeants d’institutions financières surtout quand ils ont contribué à la crise ou pourraient en tirer profit de manière inconsidérée,
- pour que soient mis en place les moyens d’une plus grande traçabilité de l’argent et d’une meilleure identification des risques,
- pour que l’économie développe un recours plus raisonné au crédit,
- pour que le marché financier, par des investissements socialement responsables, soit réorienté au service d’une économie productive et modulée par les exigences environnementales.
La crise actuelle peut être l’occasion de resserrer notre lien social.
Quand la finance prétend être sa propre fin et n’est plus animée que par le désir exclusif du profit, elle perd la tête.
Quand le souci de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes redevient prioritaire, la confiance renait.
Les évêques du Conseil pour les questions familiales et sociales
Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen
Michel Dubost, évêque d’Evry – Président de Justice et Paix
Michel Guyard, évêque du Havre
François Jacolin, évêque de Mende
Michel Pansard, évêque de Chartres