Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.
Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.
Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.
Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.
On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.
Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.
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Trois jeunes femmes otages du Hamas libérées et 90 prisonniers palestiniens remis aux autorités palestiniennes. La trêve qui s’est engagée le 19 janvier après 15 mois d’une guerre cruelle devrait se poursuivre selon un calendrier précis alternant libération d’otages et libération de prisonniers palestiniens. Dans le même temps les camions chargés d’aide humanitaire peuvent entrer dans la bande de Gaza et les habitants essayer de retourner chez eux. Un processus lent dont on craint qu’il puisse être à tout moment interrompu. Pour les Israéliens comme pour les Gazaouis, le soulagement ne peut être total. Les parents d’otages ne savent pas si leur proche leur sera rendu mort ou vivant. Et, de retour chez eux, les Palestiniens ne trouvent que ruines et désolation.
Les autorités israéliennes ont continué à tirer jusqu’à la dernière minute et les membres du Hamas, armés et cagoulés, ont tout fait pour démontrer qu’ils n’étaient pas anéantis. Les forces de mort n’ont pas désarmé : l’extrême droite religieuse israélienne, au nom des 1 200 morts du 7 octobre, estime que la guerre devra reprendre à la libération du dernier otage et l’on devine aisément les germes de haine, les désirs de vengeance enfouis dans le cœur des Palestiniens, après la mort de plus de 45 000 d’entre eux et la destruction de leur terre.
Dans le sillage de cette trêve, des négociations de paix pourront-elles naître ? La donne géopolitique a bougé dans la région. Le Hezbollah au Liban a été sérieusement affaibli et la nomination d’un président respecté de tous laisse espérer des jours meilleurs. En Syrie, on se peut se réjouir du départ d’Assad mais redouter les projets de ceux qui se sont emparés du pouvoir. Entre l’Iran, affaibli, et l’Arabie saoudite de retour, les cartes sont rebattues. Et l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump peut aussi jouer un rôle.
Espérons donc que la trêve tiendra ses promesses, que tous les otages du Hamas seront libérés et que les habitants de Gaza pourront être secourus, soignés, que les enfants pourront y retrouver une vie quasi normale. Et que les responsables politiques, du côté d’Israël ou de l’Autorité palestinienne, feront le choix de la discussion, de la paix, de la sécurité, avec un soutien éclairé de la communauté internationale.
© Nizzan Cohen – https://commons.wikimedia.org
Après sa tentative ratée d’instaurer la loi martiale le 3 décembre dernier, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, 64 ans, a plongé la Corée du Sud dans une profonde crise politique qui risque de se prolonger encore pendant des mois.
Uniforme kaki de détenu, cellule de 12 m2, douche hebdomadaire et photo d’identité judiciaire : le président déchu sud-coréen Yoon Suk-yeol, 64 ans, est soumis en prison au même régime spartiate que n’importe quel autre détenu. L’ancien procureur vedette, élu de justesse président de la République de Corée en 2022, a été arrêté le 15 janvier. Ce dirigeant ultra-conservateur très va-t-en-guerre est ainsi le premier chef de l’État sud-coréen en exercice à être arrêté, emprisonné et en procès depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Provoquant une véritable crise politique qui déstabilise la jeune démocratie sud-coréenne libérée des multiples dictatures militaires au début des années 1990.
C’est justement cette tentation autoritaire du président Yoon qui a mis le feu aux poudres. Dans une allocution télévisée surprise le 3 décembre au soir, le président conservateur, Yoon Suk-yeol proclame la loi martiale, une première depuis la fin de la dictature militaire en 1987. Il justifie l’instauration de cette mesure inédite « pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État ». Une justification jugée totalement « folle » par les députés de l’opposition qui ont la majorité au parlement.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre, des milliers de personnes affluent devant le Parlement sud-coréen en signe de protestation. Près de 190 députés sur 300 parviennent à entrer dans l’hémicycle et adoptent dans la foulée une résolution exigeant l’abrogation de la loi martiale. Six heures après l’avoir décrétée, Yoon Suk-yeol est contraint de lever la loi martiale, et annonce le retrait des troupes déployées dans Séoul. Le même jour, les six partis d’opposition présentent devant le Parlement une motion de destitution contre Yoon Suk-yeol, l’accusant d’avoir « gravement et largement violé la Constitution ». Au onzième jour du chaos politique, le 14 décembre, le Parlement sud-coréen adopte une motion de destitution, dans l’attente de la validation de sa destitution par la Cour constitutionnelle.
C’est précisément devant cette Cour constitutionnelle qu’est jugé le président Yoon. Elle doit statuer d’ici à la mi-juin sur la validité ou non de la motion de destitution votée le 14 décembre dernier. Mais cette procédure judiciaire provoque depuis des semaines de violentes manifestations entre partisans du président Yoon et ses opposants, renvoyant à une lointaine époque de protestations sanglantes contre la dictature durant les années 1980.
Son procès en destitution menée par la Cour constitutionnelle s’est ouvert mardi 14 janvier. La Cour a cent quatre-vingts jours à compter du 14 décembre, date à laquelle elle a été saisie de l’affaire par un vote des députés, pour décider de démettre définitivement Yoon Suk-yeol ou de le rétablir dans ses fonctions de président, soit jusqu’à début juin.
Sur les neuf sièges de la Cour constitutionnelle, une majorité des deux tiers est requise pour entériner une destitution. Si la destitution est entérinée, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les soixante jours. Si la Cour constitutionnelle rétablit Yoon Suk-yeol dans ses fonctions, les experts politiques prédisent d’autres troubles. Pour autant, les problèmes judiciaires du président Yoon ne s’arrêtent pas là. En parallèle de cette procédure de destitution, Yoon Suk-yeol est sous le coup d’un mandat d’arrêt et de plusieurs enquêtes, dont une pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort.
Ce chaos politique qui va encore se prolonger intervient dans un contexte économique fragile et géopolitique de plus en plus tendu. La banque centrale de Corée du Sud a abaissé ses prévisions de croissance économique pour 2025 en raison de la crise politique qui secoue le pays. De surcroît, les tensions avec le voisin nord-coréen, qui multiplie les tirs de missiles ces derniers mois et qui a envoyé plus de 10 000 de ses soldats sur le front ukrainien, n’ont jamais été aussi fortes. Enfin, l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche inquiète les autorités sud-coréennes car le nouveau président américain ne cache pas sa volonté de retirer une grande partie des 30 000 soldats américains stationnés en Corée du Sud, la laissant de plus en plus seule face à la belliqueuse Corée du Nord.
Dorian Malovic
Homélie prononcée le 21 janvier 2025,
The Cathedral Church of Saint Peter & Saint Paul
Traduction de Jean-Luc Rolland
Ô Dieu, tu nous as créés à ton image et rachetés par Jésus, ton Fils. Regarde avec compassion toute la famille humaine ; enlève l’arrogance et la haine qui infectent nos cœurs ; brise les murs qui nous séparent ; unis-nous par des liens d’amour ; et œuvre au travers de nos luttes et de notre confusion pour accomplir tes desseins sur terre ; afin que, au moment opportun, toutes les nations et toutes les races te servent, en harmonie autour de ton trône céleste. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
Jésus disait :
24« Ainsi tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. 25La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé ; ils se sont précipités contre cette maison et elle ne s’est pas écroulée, car ses fondations étaient sur le roc. 26Et tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique peut être comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. 27La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé ; ils sont venus battre cette maison, elle s’est écroulée, et grande fut sa ruine. » 28Or, quand Jésus eut achevé ces instructions, les foules restèrent frappées de son enseignement ; 29car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme leurs scribes. » (Matthieu 7:24-29, Traduction œcuménique de la Bible, 2010)
Rejoints par de nombreuses personnes venues de tout le pays, nous sommes ce matin rassemblés afin de prier pour l’unité de notre nation. Non pour un accord, politique ou autre, mais pour une sorte d’unité qui, au-delà de la diversité et de la division, favorise la communauté. Une unité qui serve le bien commun.
L’unité est, en ce sens, la condition préalable pour que les gens puissent vivre ensemble dans une société libre. Elle est le roc solide dont parle Jésus, celui sur lequel on peut bâtir une nation. L’unité n’est pas une conformité. Ce n’est pas une victoire de l’un sur l’autre. Il ne s’agit ni d’une formule de politesse ni d’une inertie née de l’épuisement. L’unité n’est pas partisane.
L’unité est plutôt une façon d’être ensemble qui englobe et respecte les différences, qui nous apprend à considérer la diversité des perspectives et des expériences de vie comme recevables et dignes de respect. Elle nous rend capables, tant dans nos communautés que dans les couloirs du pouvoir, de nous soucier véritablement les uns des autres, alors même que nous sommes en désaccord. Ceux qui, dans notre pays, consacrent leur vie ou se portent volontaires pour aider les autres en cas de catastrophe naturelle, souvent au péril de leur vie, ne demandent jamais à ceux qu’ils aident pour qui ils ont voté lors des dernières élections, ni quel est leur point de vue sur une question particulière. C’est en suivant leur exemple que nous donnons le meilleur de nous-mêmes.
Il arrive que l’unité soit un sacrifice, comme l’amour l’est, en tant que don de soi pour le bien d’autrui. Dans le Sermon sur la montagne, Jésus de Nazareth nous exhorte à aimer non seulement nos voisins mais aussi nos ennemis, à prier pour ceux qui nous persécutent, à être miséricordieux comme Dieu est miséricordieux, et à pardonner comme Dieu nous pardonne. Jésus a fait l’impossible pour accueillir ceux que sa société considérait comme des parias.
Je vous l’accorde, une unité d’une telle ampleur est ambitieuse. C’est une tâche considérable, une demande énorme adressée à notre Dieu, digne du meilleur de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons être. Toutefois, nos prières ne servent pas à grand-chose si nos actes creusent et entretiennent ce qui divise. Les Écritures sont très claires. Dieu ne se laisse pas impressionner par une prière lorsqu’elle ne conduit pas à l’action. Par ailleurs, il n’épargne pas les conséquences d’une manière de vivre qui, en fin de compte, importe plus que les mots à travers lesquels nous prions.
Alors que nous sommes réunis dans cette cathédrale, nous ne sommes pas naïfs face à la réalité politique. Lorsque le pouvoir, la richesse et des intérêts concurrents sont en jeu, lorsque des points de vue entrent en conflit sur ce que l’Amérique devrait être, lorsque des opinions tranchées se confrontent sur un large éventail de possibilités et de conceptions radicalement différentes de ce que doit être la bonne marche à suivre, il ressortira des urnes des gagnants et des perdants. Des décisions seront prises qui détermineront le cours de la politique publique et l’ordre de priorité des ressources.
ll va sans dire que, dans une démocratie, les espoirs et les rêves de chacun ne se réaliseront pas dans l’intervalle d’une session législative, d’un mandat présidentiel, voire d’une génération. Les prières spécifiques de chacun -pour celles et ceux d’entre nous qui prient- ne seront pas exaucées comme nous le souhaiterions. Pour certains, la perte de leurs espoirs et de leurs rêves sera bien plus qu’une défaite politique, ce sera une perte d’égalité, de dignité et de moyens de subsistance.
Dans ces conditions, une véritable unité est-elle même possible entre nous ? Et pourquoi devrions-nous nous en soucier ?
J’espère que nous nous en soucions, car la culture du mépris qui s’est normalisée dans ce pays menace de nous détruire. Nous sommes tous quotidiennement bombardés d’informations provenant de ce que les sociologues appellent aujourd’hui « le complexe industriel de l’indignation », dont certains sont alimentés par des forces extérieures dont les intérêts sont favorisés par une Amérique polarisée. Le mépris approvisionne nos campagnes politiques et les réseaux sociaux. Nombreux sont ceux qui en tirent profit. Mais c’est une façon dangereuse de diriger un pays.
Je suis une personne de foi et, avec l’aide de Dieu, je crois que l’unité de ce pays est possible – pas parfaitement, car nous sommes un peuple imparfait et formons une union imparfaite – mais suffisamment pour que nous continuions à croire et à travailler à la réalisation des idéaux des États-Unis d’Amérique. Des idéaux exprimés dans la Déclaration d’indépendance, avec son affirmation d’une égalité et d’une dignité constitutives de l’être humain.
Nous avons raison de prier pour que Dieu nous aide à rechercher l’unité, car nous avons besoin de son aide, mais à condition d’être prêts nous-mêmes à veiller sur les fondations dont dépend l’unité. Comme la métaphore de Jésus sur la construction de la maison sur le roc, à la différence de la construction de la maison bâtie sur du sable, les fondations de l’unité dont nous avons besoin doivent être suffisamment solides pour résister aux nombreuses tempêtes qui la menacent.
Quels sont les fondements de l’unité ? En m’appuyant sur nos traditions et textes sacrés, je dirais qu’il y en a au moins trois.
Le premier fondement de l’unité consiste à honorer la dignité inhérente à chaque être humain, qui est, comme l’affirment toutes les confessions représentées ici, le droit de naissance de tous les peuples en tant qu’enfants du Dieu unique. Dans le discours public, honorer la dignité de chacun signifie refuser de se moquer, de rabaisser ou de diaboliser celles et ceux avec qui nous sommes en désaccord. Cela signifie, au contraire, choisir de débattre respectueusement de nos différences et, dans la mesure du possible, de chercher un terrain d’entente. S’il n’est pas possible, la dignité exige que nous restions fidèles à nos convictions sans mépriser les personnes qui ont leurs propres convictions.
Le deuxième fondement de l’unité est l’honnêteté, tant dans les conversations privées que dans le discours public. Si nous ne sommes pas disposés à être honnêtes, il ne sert à rien de prier pour l’unité, car nos actions vont à l’encontre des prières elles-mêmes. Nous pourrions, pendant un certain temps, éprouver un semblant sentiment d’unité, mais c’est d’une unité plus solide et plus large dont nous avons besoin pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
Pour être honnête, nous ne savons pas toujours où se trouve la vérité, et beaucoup de choses vont à l’encontre de la vérité aujourd’hui, de manière stupéfiante. Mais lorsque nous savons ce qui est vrai, il nous incombe de le dire, même lorsque – et surtout lorsque – cela nous coûte.
L’humilité est le troisième fondement dont nous avons tous besoin, car nous sommes tous des êtres humains faillibles. Nous commettons des erreurs. Nous disons et faisons des choses que nous regrettons. Nous avons nos angles morts et nos préjugés qui font de nous les êtres peut-être les plus dangereux, à la fois pour nous-mêmes et pour les autres, lorsque nous sommes persuadés sans l’ombre d’un doute que nous avons tout à fait raison et que quelqu’un d’autre a tout à fait tort. Nous sommes alors à deux doigts de nous auto-qualifier de bonnes personnes, à la différence des autres qui seraient des mauvaises.
La vérité est que nous sommes tous des êtres humains, capables du meilleur comme du pire. Alexandre Soljenitsyne a judicieusement observé que « la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les États, ni les classes, ni les partis, mais traverse le cœur de chaque homme et de toute l’humanité[1] ». Plus nous en prenons conscience, plus nous sommes humbles et ouverts aux autres au-delà de nos différences, car nous nous ressemblons plus que nous ne l’imaginons et nous avons besoin les uns des autres.
Dans des occasions solennelles, il est relativement facile de prier pour l’unité. C’est beaucoup plus difficile dans l’arène publique lorsque nous sommes confrontés à de réelles différences. Mais sans unité, nous bâtissons la maison de notre nation sur du sable.
En nous engageant en faveur d’une unité qui intègre la diversité et transcende les désaccords, sur le fondement des solides fondations que sont le respect de la dignité, l’honnêteté et l’humilité qu’une telle unité requiert, nous pouvons faire notre part, dans une époque comme la nôtre, pour favoriser les idéaux et le rêve de l’Amérique.
Permettez-moi de vous adresser un dernier appel, Monsieur le Président. Des millions de personnes ont placé leur confiance en vous. Comme vous le disiez hier à la nation, vous avez ressenti la main providentielle d’un Dieu aimant. Au nom de notre Dieu, je vous demande d’être miséricordieux envers les personnes de notre pays qui ont peur en ce moment. Il y a des enfants transgenres dans des familles républicaines et démocrates qui craignent pour leur vie.
Les personnes qui cueillent nos récoltes, nettoient les immeubles de nos bureaux, qui travaillent dans nos élevages de volaille et nos usines d’emballage de la viande, ces personnes qui après nos repas font la vaisselle dans les restaurants, celles qui travaillent de nuit dans les hôpitaux… ne sont peut-être pas des citoyennes et des citoyens. Peut-être n’ont-ils pas les papiers nécessaires, mais la grande majorité des immigrés ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont les membres fidèles de nos églises, de nos mosquées, de nos synagogues, de nos gurdwaras et de nos temples.
Soyez miséricordieux, Monsieur le Président, envers les membres de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés. Aidez ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays, à trouver ici compassion et accueil. Notre Dieu nous enseigne que nous devons être miséricordieux envers l’étranger, car nous étions autrefois des étrangers sur cette terre.
Que Dieu nous accorde à tous la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de dire la vérité avec amour et de marcher humblement les uns avec les autres et avec notre Dieu, pour le bien de tous les habitants de cette nation et du monde.
[1] Note du traducteur : Alexandre Soljenitsyne, L’Archipel du Goulag, 1918 – 1956, essai d’investigation littéraire. Fayard, Œuvres complètes 5, T2, 3ème et 4ème parties, 2011, traduction Geneviève Johannet, p. 510.