Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

« En ce qui concerne la COP 27, le Pape François se joint à nouveau aux scientifiques pour maintenir l’objectif d’augmentation de la température à 1,5°C fixé par l’Accord de Paris. La planète s’est déjà réchauffée de 1,2°C, et pourtant de nouveaux projets de combustibles fossiles accélèrent chaque jour notre course vers le précipice. Trop c’est trop. Toute nouvelle exploration et production de charbon, de pétrole et de gaz doit cesser immédiatement, et la production existante de combustibles fossiles doit être abandonnée de toute urgence. Il doit s’agir d’une transition équitable pour les travailleurs concernés vers des solutions de remplacement respectueuses de l’environnement. Le traité de non -prolifération des combustibles fossiles  proposé est très prometteur pour compléter et améliorer l’Accord de Paris »

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1 – À propos de Jeux
Ne boudons pas notre plaisir, les jeux olympiques ont offert comme une parenthèse dans une période plutôt instable, notamment sur le plan politique. Plus encore, les paralympiques ont permis que des personnes marquées par le handicap, souvent laissées en marge, se trouvent au premier plan. Je ne prétends pas ajouter des commentaires sur ces événements, la documentation à ce sujet est abondante. Je propose plutôt quelques « pas de côté ».

+ On parle de « jeux », mais pour qui et comment ? Le dictionnaire renvoie à amusement et divertissement, il retient aussi l’aspect ludique, ce qui évoque des activités enfantines marquées d’insouciance. Or, les témoignages des athlètes, et plus particulièrement dans le cadre paralympique, parlent d’efforts et d’entrainements intensifs, y compris dès le jeune âge : des adolescents doivent quitter leur famille et combiner durement les études avec le sport. On doit saluer ces qualités humaines faites de courage, de ténacité, de volonté de rebond face aux difficultés… Mais nous sommes loin de l’insouciance et du ludique. Si l’on parle de jeu, mais cela vaut surtout pour celles et ceux qui regardent !

+ À propos des Jeux, nous sommes tous censés prendre pour devise « plus vite, plus haut, plus fort ! » Et comme ce propos émane d’un religieux, on le pare volontiers de « sacré » ! On peut l’interroger, d’abord parce qu’un certain nombre d’épreuves (encore un terme qui détonne par rapport au ludique) sont évaluées avec des critères de beauté et d’élégance, il s’agit alors de qualifier le « mieux » et non le « plus ». Quant aux sports collectifs, ils supposent une qualité de relation entre les acteurs, sinon l’exploit individuel peut se révéler contreproductif. Ce critère du « plus », avec une coloration individualiste, est sans doute marqué par son époque (fin du XIXème siècle) avec une idéologie de progrès qui met l’accent sur la domination – de la nature mais aussi de l’humain – et l’intérêt personnel. Je préfère garder comme image les marques de respect et parfois d’amitié envers l’adversaire d’un moment : chacun sait que l’autre a dû aussi beaucoup travailler, avec des efforts constants pour arriver à ce niveau.

+ Encore une question : pourquoi ne n’intéresse-t-on qu’aux médaillés ? J’ai une pensée particulière pour ceux qui arrivent 4èmes et même derniers. Il se sont entraînés autant et parfois plus que les vainqueurs, mais il n’y a que trois marches sur le podium. Pourtant, les sportifs porteurs de handicap nous rappellent que la fragilité et la vulnérabilité font partie de notre condition humaine, même chez les plus performants. La polarisation sur le seul record individuel ne rend compte que d’un aspect de nos vies, elle peut être trompeuse.

 

2 – Parlons un peu de politique…
° La lettre de Justice et Paix de septembre évoque la situation politique actuelle à partir de différents points de vue (voir le site : justice-paix.cef.fr), j’ai signé l’un des articles. On peut s’inquiéter que, en raison du flou politique qui a marqué l’actualité, une question majeure telle que celle de l’avenir de la vie sur terre, et notamment du réchauffement climatique, ne trouve place dans les débats ; l’espace public semble saturé par les manœuvres d’appareils et les tactiques liées aux ambitions individuelles. Nous avons le droit de secouer nos élus quand ils risquent d’oublier ce qui est décisif pour notre avenir commun.

° À propos de l’identité européenne, une réflexion de Heinz WISMANN, un philosophe allemand vivant en France (cf. Sciences humaines de septembre, p. 34) : « L’Europe n’est pas une réalité naturelle, géographique ou ethnique, mais une création historique, un geste guidé par le désir de ne pas rester le même, identique, figé. L’esprit européen reprend les différents éléments du passé pour le transformer et faire advenir quelque chose qui n’a pas encore existé. (…) Le geste européen, c’est une forme de renaissance perpétuelle. (…) L’esprit européen, c’est le contraire absolu du traditionalisme. Par opposition, les régimes répressifs établis en Iran, en Chine et en Russie s’appuient sur l’autorité de la tradition. »

° Dans le monde, la phase actuelle est marquée par la militarisation. Face aux menaces, chaque pays renforce sa défense. En écho à la réflexion précédente, il importe d’anticiper et de travailler à l’advenue d’une situation plus correcte d’un point de vue humain. Au plan mondial, les dépenses militaires se montent à 2500 milliards de dollars par an. On en vient à oublier les engagements, pris sous l’égide l’ONU, de mettre en œuvre les 17 Objectifs pour un développement durable (ODD) sur la période 2015-2030. Selon ces ODD, il s’agit de lutter contre la grande pauvreté grâce à l’accès à la nourriture et à l’eau potable, de promouvoir l’éducation et la santé, etc… Les conflits plongent des populations en des situations catastrophiques, tandis que les sommes importantes consacrées aux armes sont détournées des programmes de développement.

° La peur actuelle conduit au repli sur des intérêts particuliers et à court terme.  Or, ne perdons pas de vue la volonté de construire une paix durable dans notre monde. Il s’agit d’abord d’organiser la coopération entre les peuples pour faire face au défi écologique et mettre en place une justice sociale permettant à chacun d’accéder aux biens élémentaires. Plutôt qu’inventer des stratégies de lutte contre l’immigration, parfois avec des moyens ignobles, il vaut mieux faire en sorte qu’une vie digne soit possible dans les différents pays. La plupart de ceux qui arrivent fuient une situation de guerre, de répression violente ou de misère absolue.

 

3 – Pour quel avenir ?
Rappelons-nous que nous sommes de plus en plus dépendants les uns des autres. Il nous faut donc apprendre à penser en termes d’un bien commun mondial pour organiser une solidarité efficace, entre contemporains, mais aussi avec les générations à venir. Nous nous réjouissons de la vitalité des enfants et de leurs sourires, mais quel avenir concret voulons-nous leur préparer ? Est-ce un monde fatalement marqué par la guerre et la destruction de la Planète ? Il n’est pas inutile de lever les yeux au ciel pour voir plus loin que le bout de ses chaussures, pour faire en sorte que la vie ait un avenir ! Cultivons donc l’esprit de responsabilité pour conduire nos vies personnelles, mais aussi pour organiser la vie politique !

® Un signe inquiétant : selon l’UNICEF, en France, 2000 enfants sont à la rue, sans solution d’hébergement, une situation qui empire d’année en année. Dans le même temps, les associations humanitaires enregistrent de plus en plus de demandes d’aide alimentaire, y compris de la part d’étudiants. Des situations qui dénotent d’évidents manques de volonté politique : peut-on se satisfaire d’une société qui oublie ses membres les plus fragiles ?

® Positivement, une rentrée marquée par de multiples solidarités de proximité, par des engagements bénévoles, notamment dans le domaine sportif, les Jeux ayant un impact incitatif. Mais aussi dans le soutien scolaire, l’accueil de familles réfugiées, etc.

 

Télécharger le n°72 sept 24  (PDF)

Qui connaît la Papouasie occidentale* ? Qui sait que les populations originaires de ce vaste et riche territoire sont sous la coupe de l’armée et de la police indonésienne et d’immigrants indonésiens des îles voisines, ainsi que de multinationales qui prélèvent les richesses minières et forestières de la région ?

De ce mardi 3 au vendredi 13 septembre, le voyage du Saint-Père dans cette zone où se rencontrent l’Asie et l’Océanie, les peuples malais et mélanésiens, nous donne l’occasion de découvrir ce peuple Papou, son Église et ses préoccupations de survie, avec ce numéro spécial hors-série de La Lettre de Justice et Paix.

Se rendant à Vanimo, une bourgade de la côte nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine de la frontière avec la Papouasie occidentale, siège d’un diocèse, le Saint-Père a l’opportunité de dire quelques mots sur les souffrances et les espoirs de ce peuple et sur le rôle que l’Église et la communauté internationale peuvent jouer pour que ses droits soient reconnus et respectés.

L’Église de France peut se souvenir à cette occasion de Mgr Alain de Boismenu, missionnaire du Sacré Cœur de Jésus d’Issoudun, vicaire apostolique de Papouasie de 1912 à 1945, un pionnier de l’évangélisation de cette grande île, et, en rappelant les liens qui nous unissent, soutenir les droits de ce peuple.

*La Papouasie occidentale désigne la moitié occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée. Elle comprend les six provinces indonésiennes de Papua, Papua Barat, Papua Tengah, Papua Pegunungan, Papua Selatan et Papua Barat Daya.