Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

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Nous, citoyens, appelons le président de la République et l’ensemble de la communauté internationale à reconnaître sans plus attendre l’État de Palestine. Cette reconnaissance doit en effet constituer la première étape pour des négociations qui mèneront à une nouvelle phase historique pour la région.

Le conflit israélo-palestinien, qui dure maintenant depuis plus d’un siècle, atteint depuis le 7 octobre et ses lendemains un paroxysme inédit inacceptable. Les extrémismes se déchaînent, entraînant une fracture de plus en plus grande entre les peuples israélien et palestinien, tous les civils innocents en payant le prix depuis six mois. Cette guerre émeut l’opinion internationale et favorise l’antisémitisme et le racisme antimusulman au sein de nos sociétés.

On le sait depuis longtemps, le problème israélo-palestinien est au cœur de la stabilité du Moyen-Orient et son règlement politique est central pour l’assurer. Or, aucune des résolutions de l’ONU, ni les ballets diplomatiques intenses destinés à demander instamment l’arrêt des combats et la libération des otages n’ont été suivis d’effet. Il est donc grand temps de réagir avec force et détermination.

La France, membre permanent du Conseil de sécurité, a depuis longtemps exprimé sa position, la seule possible et viable, par la voix de ses présidents successifs et dépassant les clivages politiques, de François Mitterand devant la Knesset à Jacques Chirac, en passant par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ces derniers ont réitéré avec vigueur la nécessité de la cohabitation de deux États : l’État d’Israël, dans des frontières sûres et reconnues – y compris par les États arabes et musulmans qui ne l’ont pas encore fait – et un État de Palestine, un vrai, souverain, à ses côtés, et qui soit membre de plein droit des Nations unies et plus seulement État observateur comme l’est la Palestine depuis 2012. Une telle cohabitation ne peut s’entendre, à notre sens, qu’entre deux États démocratiques et pacifistes, renonçant à la violence pour construire une paix durable.

La France, dont la singularité est reconnue dans le concert des nations, doit montrer l’exemple à ceux qui n’osent pas encore. Ils ne sont en définitive plus si nombreux, 146 des pays représentés à l’ONU reconnaissant l’existence d’un État palestinien depuis 1988 (163 pays reconnaissent l’existence d’Israël). De nombreux pays européens, l’Espagne et l’Irlande en tête, ont avancé dans ce sens à l’aune des événements récents.

Chez nous, le Sénat et l’Assemblée nationale ont voté en décembre 2014 des résolutions en faveur de la reconnaissance par la France d’un État de Palestine. Le président de la République, qui s’est déjà beaucoup investi pour la résolution du conflit et sait combien, à travers lui, la voix de la France porte au Moyen-Orient et dans le monde, peut, en entérinant cette décision, être l’acteur décisif de l’apaisement.

Reconnaître l’État de Palestine et donner des gages de sécurité à Israël d’abord, négocier ensuite. Une voie étroite et un chemin difficile certes, mais qui, au-delà d’un symbole fort, permettrait enfin la paix des cœurs et la fin de souffrances qui durent depuis trop longtemps. On ne résoudra jamais ce conflit par les armes, et les négociations entre les protagonistes restent lettre morte. Lorsque deux camps ne parviennent pas à s’entendre, des tiers doivent intervenir. La France, en osant être la première grande puissance occidentale à reconnaître l’État de Palestine, se grandira et marquera l’histoire.

Signez cette pétition

 

La liste complète des premiers signataires :

Abdellatif Laâbi, Poète, Prix Goncourt de la Poésie
Achinoam Nini, Chanteuse
Ahmed Essyad, Compositeur
Alice Barbe, Présidente de l’Académie des Futurs Leaders et co-fondatrice de l’ONG Singa
Amos Gitai, Cinéaste
Anissa Bonnefont, Réalisatrice
Assia Grostesan, Direction régionale aux droits de la Femme et à l’égalité de Nouvelle Aquitaine
Aziz Senni, Entrepreneur
Benjamin Stora, Écrivain, Ancien directeur du Musée de l’immigration
Benoît Miribel, Secrétaire général de la Fondation Une Santé Durable pour Tous
Bertrand Badie, Professeur Émérite des Universités à Sciences Po Paris
Bruno Delay, Diplomate, ancien Ambassadeur, Vice président du groupe Adit
Camille Castaigna, Ecrivain
Caroline Dumas, Cantatrice de l’Opéra de Paris
Célia Gil, Entrepreneure
César Velev, Violoniste, Concertiste
Christine Weill, Responsable de Communication
Clarisse Bronchti, Artiste
Claudine Briane, Professeur
Daniel Cohn Bendit, Militant
David Elfassi, Homme d’affaires
Denis Olivennes, Haut fonctionnaire, Homme d’affaires, Ecrivain
Diane Binder, Femme d’affaires
Dylan Boutiflat, Militant
Edgar Laloum, Ecrivain, Educateur
Elham Belhaj, Assistante de Production
Éric-Emmanuel Schmitt, Dramaturge
Éric Sarner, Poète, Écrivain, Réalisateur, Lauréat du Grand Prix de la Poésie Robert Genzo 2024
Eva Illouz, Sociologue
Fethi Benslama, Membre de l’Académie Tunisienne, Professeur honoraire de l’Université Paris Cité
Fouad Bellamine, Peintre
François Kammerer, Psychiatre
François Zimeray, Avocat, ancien Ambassadeur
Françoise Lepaulmier, Peintre, Ancienne Professeure à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs
Hally Pancer, Photographe et Enseignante
Hanna Assouline, Réalisatrice, Fondatrice des Guerrières de la Paix
Hassan Khader, Écrivain, Journaliste
Hissem Ben Yaiche, Journaliste
Jaci Judelson, Réalisatrice
Jacques Hababou, Entrepreneur
Jean-François Dunyach, Maître de conférence en Histoire à Sorbonne Université
John Tolan, Professeur Émérite d’Histoire, Université de Nantes, Membre de l’Académie Européenne
Judith Simony, Directrice littéraire aux Editions Tallandier
Kabir Ammi, Écrivain
Laura Bronchti, Productrice
Linda Chevrier, Entrepreneure
Lubna Azabal, Actrice
Lyes Salem, Acteur
Maître François Klein, Avocat
Maître William Bourdon, Avocat
Marc Mellinger, Médecin psychiatre
Marguerite Bernard, Collaboratrice au Forum International pour la Paix
Marie-Christine Granjon, Chercheure au Centre d’études et de recherches internationales
Marion Leboyer, Médecin psychiatre, Professeure des universités
Marine Vlahovic, Documentariste et ex-correspondante en Palestine
Martin Legros, Philosophe, Journaliste, Rédacteur en chef de Philosophies Magazine
Maryam Touzani, Actrice, Réalisatrice
Max Mindel, Acteur
Meryem Sebti, Directrice de Recherche au CNRS
Michael Barry, Écrivain, Professeur à l’Université de Princeton et Cambridge
Michel Dray, Ecrivain
Milena Peillon, Productrice de documentaires
Mira Awad, Actrice, Chanteuse
Moïse Soussi, Entrepreneur
Morgan Simon, Cinéaste
Mohammed Bennis, Poète
Nabil Ayouch, Réalisateur
Nadia Benjelloun, Ecrivain
Nadia Farès, Actrice
Nathalie Sarthou, Écrivain, Philosophe, Rédactrice en chef de la revue Etudes
Nava Hefez, Rabbin
Naziha Meftah, Chanteuse
Nedim Gürsel, Ecrivain, Directeur de recherche émérite au CNRS
Ofer Bronchtein, Militant
Olivier Taieb, Metteur en scène
Pascal Boniface, Géopolitologue
Philippe Poinas, Ingénieur spatial
Pierre Duquesne, Diplomate, ancien Ambassadeur
Pierre Olliver, Professeur de Philosophie
Pierre-Alain Weill, Entrepreneur
Rémi Labrusse, Directeur d’études à l’EHESS
Romain Goupil, Réalisateur
Romain Philippe Pomedio, Docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, Maître de conférences à l’Université Paris 8
Sadek Beloucif, Chef du service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne
Salomé Bataille, Collaboratrice au Forum International pour la Paix
Shaddad Attili, Ancien Ministre de l’Eau de l’Autorité Palestinienne
Souâd Belhaddad, Écrivain, Journaliste
Sylvie Germain, Ecrivain
Tahar Bekri, Poète
Tal Redi, Juriste
Tigrane Kazazian, Compositeur, Musicien
Wajdi Mouawad, Metteur en scène, Auteur, Acteur
Yaara Alon, Juriste
Yael Mellul, Avocate
Yaelle Benaim, Journaliste, Réalisatrice

 

 

10 juillet 2024

Nous avons appris avec consternation l’enlèvement dans la nuit du 9 au 10 juillet 2024 de Mamadou Billo Bah, Coordinateur de TLP-Guinée et responsable des antennes et de la mobilisation du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), et de Oumar Sylla dit « Foniké Menguè », Coordinateur national du FNDC. Tous deux ont été arrêtés à  leur domicile, à Conakry, par des militaires encagoulés armés dont certains en tenues civiles.
Nous constatons que cet enlèvement n’a aucune base légale et leur détention au siège de la direction des investigations judiciaires de la Gendarmerie est injustifié, étant donné qu’à ce jour, ils n’ont toujours pas été informés des faits qui leur sont reprochés et n’ont
pas eu accès à leur avocat.

Nous exigeons donc leur libération immédiate et inconditionnelle.
Ce n’est pas la première fois que les autorités de transition procèdent à des arrestations arbitraires. De nombreux défenseurs des droits humains et membres du FNDC Guinée en sont régulièrement victimes. Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla ont ainsi déjà été
détenus respectivement 4 et 10 mois depuis le coup d’État de septembre 2021, ils avaient  finalement été libérés et acquittés en mai 2023. La reprise des arrestations est inquiétante et intervient à un moment où les organisations de la société civile se mobilisent pour le
rétablissement des fréquences des médias injustement retirées et pour dénoncer les dérives de la transition militaire.
Les organisations signataires appellent également les autorités à cesser leurs attaques contre les défenseurs des droits humains et à garantir les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association dans le pays, conformément aux textes fondamentaux et aux engagements internationaux pris par la Guinée.

Signataires :
1. ACAT-France
2. ActionAid France
3. AfricanDefenders
4. Agir ensemble pour les droits humains
5. Avocats Sans Frontières Belgique
6. Attac France
7. Coalition Sénégalaise des Défenseurs des Droits Humains (COSEDDH)
8. Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits Humains (CTDDH)
9. CRID
10. Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), dans le cadre de
l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits Humains
11. FrontLine Defenders
12. Institut des Médias pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (IM2DH)
13. Internet Sans Frontières (ISF)
14. Justice et Paix France
15. Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l’Observatoire
pour la Protection des Défenseurs des Droits Humains
16. Réseau Nigérien des Défenseurs des Droits Humains (RNDDH)
17. Tournons La Page (TLP)
18. Y en a marre

La dynamique de l’Eglise au Rwanda de l’après génocide consiste dans le travail pastoral de réconciliation et de résilience. Il y a déjà 30 ans. Le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994 a emporté plus d’un million de vies humaines, détruit les relations humaines, mis en branle la confiance et la constitution intérieure des personnes sans oublier la destruction des infrastructures de base.

Au bout de ces trente années écoulées, le continuel travail de réconciliation post génocide a permis de poser les bases de la reconstruction du tissu social, faisant renaître un brassage des dynamiques diverses, gage du rétablissement de la confiance retrouvée. Et dans ce chantier, l’Eglise Catholique joue un rôle prépondérant.

Le 29 novembre 2019, lorsque l’Eglise au Rwanda faisait le regard rétrospectif sur son travail des 25 ans de réconciliation. Comme invitée d’honneur à la cérémonie marquant le regard retro de la contribution de l’église catholique, dans le cheminement de la réconciliation, la Première Dame du Rwanda, Madame Jeannette Kagame, a loué les efforts fournis par l’Eglise Catholique au Rwanda pour la cohésion communautaire nationale après les atrocités du génocide commis contre les Tutsis en 1994.

Après la période des urgences post génocide vers une certaine normalité, l’église catholique a entrepris une série d’actions visant à retrouver l’unité et à barrer la voie aux relents de haine ethnique. Entre autres actions, nous pouvons citer l’organisation du processus synodal extraordinaire sur l’ethnisme au Rwanda, visant à briser les velléités tribales et à appeler les rwandais à ouvrir leur cœur à la vérité, unique moyen de rendre justice pour les atrocités commises.  Nous évoquons également la célébration du double jubilé en 2000, la mise sur pied des projets et programmes de réconciliation et de guérison communautaire et, enfin, le développement de partenariats en ce domaine et les programmes de résilience, comme étapes-clés de ce processus au sein de l’Eglise.

La 30ème commémoration du génocide en cette année 2024, marque un pas décisif vers une cohésion compacte.  Au niveau de la Commission justice et paix du Rwanda, l’accent pour cette période commémorative, reste principalement la conception pastorale d’un programme d’accompagnement à un retour dans la communauté des anciens prisonniers du génocide qui purgent leurs peines. La commission travaille en amont et en aval, c’est-à-dire elle prépare les prisonniers eux-mêmes et la communauté d’accueil spécialement les rescapés et leurs familles. Notre approche pastorale consiste dans l’animation de la communauté et des individus, la sensibilisation et la mobilisation autour du pardon comme valeur spirituelle et humaine. Nous sommes au fait conscients de ce message du pape Benoît XVI qui écrit que « c’est en donnant et en accueillant le pardon, que les mémoires blessées des personnes et des communautés ont pu guérir et que les familles jadis divisées ont retrouvé l’harmonie » (Africae munus, 21).

Il est sans dire que la réconciliation et la résilience d’un peuple est un travail de longue haleine. Nous nous heurtons encore à des situations de blessures psychologiques et de traumatisme. Nous butons encore contre l’idéologie du génocide et le négationnisme qui se répand dans des formes variées. Le traumatisme transgénérationnel est visible aujourd’hui dans notre pays. Les jeunes de moins de 30 ans en manifestent des symptômes. Ceci pour exprimer la nécessité d’imaginer des apports multidimensionnels pour parier à cette situation.

L’Eglise est consciente de tous ces défis de notre époque. La réconciliation est une voyage, long et peut-être fatigant le long duquel nous apprenons à être ensemble et à s’accueillir mutuellement au-delà des clichés sociaux. Elle travaille aux côtés des instances administratives et des organisations de la société civile pour donner sens à la vie.

Pour le moment, il est indispensable d’inculquer dans les jeunes de ce pays et de cette région des grands lacs une culture de paix et de respect de la vie afin de leur préparer un futur radieux exempt de violences fratricides. Le futur pacifique se prépare.