Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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1 – Des stars déboulonnées
La face sombre de personnages adulés continue d’être révélée, c’est le cas notamment avec l’abbé Pierre. Il est sain que les victimes puissent s’exprimer et être reconnues comme telles. Il faut aussi s’interroger sur les conditions dans lesquelles de tels actes destructeurs ont pu être commis, sur les croyances et les habitudes qui favorisent de telles attitudes prédatrices. La mise au pinacle de personnes qui ont parfois réalisé de grandes choses apparaît malsaine. Elle tend à confondre une figure avec l’institution qui met en oeuvre les intuitions fondatrices, et cela a deux conséquences : une personnalité devient une star tandis que l’engagement résolu d’une multitude d’acteurs se trouve relégué au second plan.

+ Quand un humain est élevé au rang de modèle ou de génie on ne veut voir que ses qualités, en masquant ses traits inquiétants ; c’est encore plus prégnant quand le personnage se trouve nimbé de sacré, à la manière d’une « icône ». Le délire de toute-puissance risque alors de s’installer et de conduire à des emprises destructrices, tandis que les victimes ne peuvent dénoncer l’auteur puisque ce serait attenter au sacré.

+ La mise en avant d’un seul personnage ne rend pas compte du fait qu’une institution, notamment lorsqu’elle implique des humains fragiles, ne peut s’établir et grandir que grâce au travail et à la compétence de personnes engagées à tous les niveaux ; pensons notamment aux belles réalisations d’Emmaüs. Il est donc plus juste de mettre en avant l’oeuvre communautaire, ce qui suppose que des responsabilités précises soient assumées, ce qui permet d’éviter le vedettariat qui masque le travail collectif tout en risquant de conduire un personnage à se comporter comme une star, avec tous les dangers que cela comporte. (J’ai développé cette thématique dans un livre : Un goût de fraternité, 2023).
On peut élargir le propos à notre situation politique. La centralisation du pouvoir, ainsi que la mise en avant de personnages singuliers (même s’ils ont reçu « l’onction » électorale), au détriment de projets sérieux et mûris, tout cela conduit à un affaiblissement du politique au sens d’une vie commune assumée positivement par l’ensemble des citoyens.

2 – Promouvoir les droits humains
Un atelier du Centre théologique va continuer de réfléchir aux « repères pour vivre ensemble » en travaillant sur la référence aux droits humains fondamentaux. L’actualité, au niveau mondial mais aussi dans le cadre des débats nationaux, montre que ces droits se trouvent souvent ignorés, voire bafoués. Pour raviver une telle référence et montrer sa fécondité actuelle, il est nécessaire d’articuler correctement éthique et politique. J’assure l’animation des séances, mais il s’agit bien d’un travail collectif qui suppose la participation active de chacun des membres du groupe. Première rencontre : jeudi 5 septembre, de 16h à 17h30, Maison Saint-Hilaire 36 bd Anatole France à Poitiers.

Père André Talbot
Rendez-vous dans un mois pour le prochain numéro de # DIÈSE

 

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Soutenez cet appel en le signant et en le diffusant !

Nous, citoyens, appelons le président de la République et l’ensemble de la communauté internationale à reconnaître sans plus attendre l’État de Palestine. Cette reconnaissance doit en effet constituer la première étape pour des négociations qui mèneront à une nouvelle phase historique pour la région.

Le conflit israélo-palestinien, qui dure maintenant depuis plus d’un siècle, atteint depuis le 7 octobre et ses lendemains un paroxysme inédit inacceptable. Les extrémismes se déchaînent, entraînant une fracture de plus en plus grande entre les peuples israélien et palestinien, tous les civils innocents en payant le prix depuis six mois. Cette guerre émeut l’opinion internationale et favorise l’antisémitisme et le racisme antimusulman au sein de nos sociétés.

On le sait depuis longtemps, le problème israélo-palestinien est au cœur de la stabilité du Moyen-Orient et son règlement politique est central pour l’assurer. Or, aucune des résolutions de l’ONU, ni les ballets diplomatiques intenses destinés à demander instamment l’arrêt des combats et la libération des otages n’ont été suivis d’effet. Il est donc grand temps de réagir avec force et détermination.

La France, membre permanent du Conseil de sécurité, a depuis longtemps exprimé sa position, la seule possible et viable, par la voix de ses présidents successifs et dépassant les clivages politiques, de François Mitterand devant la Knesset à Jacques Chirac, en passant par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ces derniers ont réitéré avec vigueur la nécessité de la cohabitation de deux États : l’État d’Israël, dans des frontières sûres et reconnues – y compris par les États arabes et musulmans qui ne l’ont pas encore fait – et un État de Palestine, un vrai, souverain, à ses côtés, et qui soit membre de plein droit des Nations unies et plus seulement État observateur comme l’est la Palestine depuis 2012. Une telle cohabitation ne peut s’entendre, à notre sens, qu’entre deux États démocratiques et pacifistes, renonçant à la violence pour construire une paix durable.

La France, dont la singularité est reconnue dans le concert des nations, doit montrer l’exemple à ceux qui n’osent pas encore. Ils ne sont en définitive plus si nombreux, 146 des pays représentés à l’ONU reconnaissant l’existence d’un État palestinien depuis 1988 (163 pays reconnaissent l’existence d’Israël). De nombreux pays européens, l’Espagne et l’Irlande en tête, ont avancé dans ce sens à l’aune des événements récents.

Chez nous, le Sénat et l’Assemblée nationale ont voté en décembre 2014 des résolutions en faveur de la reconnaissance par la France d’un État de Palestine. Le président de la République, qui s’est déjà beaucoup investi pour la résolution du conflit et sait combien, à travers lui, la voix de la France porte au Moyen-Orient et dans le monde, peut, en entérinant cette décision, être l’acteur décisif de l’apaisement.

Reconnaître l’État de Palestine et donner des gages de sécurité à Israël d’abord, négocier ensuite. Une voie étroite et un chemin difficile certes, mais qui, au-delà d’un symbole fort, permettrait enfin la paix des cœurs et la fin de souffrances qui durent depuis trop longtemps. On ne résoudra jamais ce conflit par les armes, et les négociations entre les protagonistes restent lettre morte. Lorsque deux camps ne parviennent pas à s’entendre, des tiers doivent intervenir. La France, en osant être la première grande puissance occidentale à reconnaître l’État de Palestine, se grandira et marquera l’histoire.

Signez cette pétition

 

La liste complète des premiers signataires :

Abdellatif Laâbi, Poète, Prix Goncourt de la Poésie
Achinoam Nini, Chanteuse
Ahmed Essyad, Compositeur
Alice Barbe, Présidente de l’Académie des Futurs Leaders et co-fondatrice de l’ONG Singa
Amos Gitai, Cinéaste
Anissa Bonnefont, Réalisatrice
Assia Grostesan, Direction régionale aux droits de la Femme et à l’égalité de Nouvelle Aquitaine
Aziz Senni, Entrepreneur
Benjamin Stora, Écrivain, Ancien directeur du Musée de l’immigration
Benoît Miribel, Secrétaire général de la Fondation Une Santé Durable pour Tous
Bertrand Badie, Professeur Émérite des Universités à Sciences Po Paris
Bruno Delay, Diplomate, ancien Ambassadeur, Vice président du groupe Adit
Camille Castaigna, Ecrivain
Caroline Dumas, Cantatrice de l’Opéra de Paris
Célia Gil, Entrepreneure
César Velev, Violoniste, Concertiste
Christine Weill, Responsable de Communication
Clarisse Bronchti, Artiste
Claudine Briane, Professeur
Daniel Cohn Bendit, Militant
David Elfassi, Homme d’affaires
Denis Olivennes, Haut fonctionnaire, Homme d’affaires, Ecrivain
Diane Binder, Femme d’affaires
Dylan Boutiflat, Militant
Edgar Laloum, Ecrivain, Educateur
Elham Belhaj, Assistante de Production
Éric-Emmanuel Schmitt, Dramaturge
Éric Sarner, Poète, Écrivain, Réalisateur, Lauréat du Grand Prix de la Poésie Robert Genzo 2024
Eva Illouz, Sociologue
Fethi Benslama, Membre de l’Académie Tunisienne, Professeur honoraire de l’Université Paris Cité
Fouad Bellamine, Peintre
François Kammerer, Psychiatre
François Zimeray, Avocat, ancien Ambassadeur
Françoise Lepaulmier, Peintre, Ancienne Professeure à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs
Hally Pancer, Photographe et Enseignante
Hanna Assouline, Réalisatrice, Fondatrice des Guerrières de la Paix
Hassan Khader, Écrivain, Journaliste
Hissem Ben Yaiche, Journaliste
Jaci Judelson, Réalisatrice
Jacques Hababou, Entrepreneur
Jean-François Dunyach, Maître de conférence en Histoire à Sorbonne Université
John Tolan, Professeur Émérite d’Histoire, Université de Nantes, Membre de l’Académie Européenne
Judith Simony, Directrice littéraire aux Editions Tallandier
Kabir Ammi, Écrivain
Laura Bronchti, Productrice
Linda Chevrier, Entrepreneure
Lubna Azabal, Actrice
Lyes Salem, Acteur
Maître François Klein, Avocat
Maître William Bourdon, Avocat
Marc Mellinger, Médecin psychiatre
Marguerite Bernard, Collaboratrice au Forum International pour la Paix
Marie-Christine Granjon, Chercheure au Centre d’études et de recherches internationales
Marion Leboyer, Médecin psychiatre, Professeure des universités
Marine Vlahovic, Documentariste et ex-correspondante en Palestine
Martin Legros, Philosophe, Journaliste, Rédacteur en chef de Philosophies Magazine
Maryam Touzani, Actrice, Réalisatrice
Max Mindel, Acteur
Meryem Sebti, Directrice de Recherche au CNRS
Michael Barry, Écrivain, Professeur à l’Université de Princeton et Cambridge
Michel Dray, Ecrivain
Milena Peillon, Productrice de documentaires
Mira Awad, Actrice, Chanteuse
Moïse Soussi, Entrepreneur
Morgan Simon, Cinéaste
Mohammed Bennis, Poète
Nabil Ayouch, Réalisateur
Nadia Benjelloun, Ecrivain
Nadia Farès, Actrice
Nathalie Sarthou, Écrivain, Philosophe, Rédactrice en chef de la revue Etudes
Nava Hefez, Rabbin
Naziha Meftah, Chanteuse
Nedim Gürsel, Ecrivain, Directeur de recherche émérite au CNRS
Ofer Bronchtein, Militant
Olivier Taieb, Metteur en scène
Pascal Boniface, Géopolitologue
Philippe Poinas, Ingénieur spatial
Pierre Duquesne, Diplomate, ancien Ambassadeur
Pierre Olliver, Professeur de Philosophie
Pierre-Alain Weill, Entrepreneur
Rémi Labrusse, Directeur d’études à l’EHESS
Romain Goupil, Réalisateur
Romain Philippe Pomedio, Docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, Maître de conférences à l’Université Paris 8
Sadek Beloucif, Chef du service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne
Salomé Bataille, Collaboratrice au Forum International pour la Paix
Shaddad Attili, Ancien Ministre de l’Eau de l’Autorité Palestinienne
Souâd Belhaddad, Écrivain, Journaliste
Sylvie Germain, Ecrivain
Tahar Bekri, Poète
Tal Redi, Juriste
Tigrane Kazazian, Compositeur, Musicien
Wajdi Mouawad, Metteur en scène, Auteur, Acteur
Yaara Alon, Juriste
Yael Mellul, Avocate
Yaelle Benaim, Journaliste, Réalisatrice

 

 

10 juillet 2024

Nous avons appris avec consternation l’enlèvement dans la nuit du 9 au 10 juillet 2024 de Mamadou Billo Bah, Coordinateur de TLP-Guinée et responsable des antennes et de la mobilisation du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), et de Oumar Sylla dit « Foniké Menguè », Coordinateur national du FNDC. Tous deux ont été arrêtés à  leur domicile, à Conakry, par des militaires encagoulés armés dont certains en tenues civiles.
Nous constatons que cet enlèvement n’a aucune base légale et leur détention au siège de la direction des investigations judiciaires de la Gendarmerie est injustifié, étant donné qu’à ce jour, ils n’ont toujours pas été informés des faits qui leur sont reprochés et n’ont
pas eu accès à leur avocat.

Nous exigeons donc leur libération immédiate et inconditionnelle.
Ce n’est pas la première fois que les autorités de transition procèdent à des arrestations arbitraires. De nombreux défenseurs des droits humains et membres du FNDC Guinée en sont régulièrement victimes. Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla ont ainsi déjà été
détenus respectivement 4 et 10 mois depuis le coup d’État de septembre 2021, ils avaient  finalement été libérés et acquittés en mai 2023. La reprise des arrestations est inquiétante et intervient à un moment où les organisations de la société civile se mobilisent pour le
rétablissement des fréquences des médias injustement retirées et pour dénoncer les dérives de la transition militaire.
Les organisations signataires appellent également les autorités à cesser leurs attaques contre les défenseurs des droits humains et à garantir les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association dans le pays, conformément aux textes fondamentaux et aux engagements internationaux pris par la Guinée.

Signataires :
1. ACAT-France
2. ActionAid France
3. AfricanDefenders
4. Agir ensemble pour les droits humains
5. Avocats Sans Frontières Belgique
6. Attac France
7. Coalition Sénégalaise des Défenseurs des Droits Humains (COSEDDH)
8. Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits Humains (CTDDH)
9. CRID
10. Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), dans le cadre de
l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits Humains
11. FrontLine Defenders
12. Institut des Médias pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (IM2DH)
13. Internet Sans Frontières (ISF)
14. Justice et Paix France
15. Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l’Observatoire
pour la Protection des Défenseurs des Droits Humains
16. Réseau Nigérien des Défenseurs des Droits Humains (RNDDH)
17. Tournons La Page (TLP)
18. Y en a marre