Etre-pro-israélien, c’est aussi être pro-palestinien : C’est être pro-justice pour tous.

D’année en année, certaines évolutions apparaissent.

Pratiquement à chaque instant du voyage, nous avons parlé de l’extrême droite israélienne. Elle n’existe pas d’hier. Massivement, la société israélienne vote à droite.

Autrefois, quand le parti travailliste était la colonne vertébrale du régime, l’extrémisme orthodoxe ne pesait pas lourd. Les « religieux » ultra-orthodoxes avaient quelques privilèges (peu d’impôt, pas de service militaire). Ils étaient quatre cents.. Ils sont maintenant 80 000 et ils sont très prolifiques.

Le gouvernement a besoin de leurs voix et du soutien de ceux qui leur sont proches. Leur idéologie est simple : « Nous sommes le seul peuple élu. La terre appartient à Israël. »Jamais ils ne semblent prendre en considération la mission universelle qui découle de l’élection divine.

Ces ultra-orthodoxes inquiètent la majorité de la population. Un Israélien juif disait en riant : « Nous allons vers la solution de deux Etats juifs, l’un, fondamentaliste, à Jérusalem, l’autre, démocratique, à Tel Aviv. »

 

Evidemment, l’autre nouveauté est le « printemps arabe » et les modifications de l’environnement politique d’Israël. Israéliens et Palestiniens affirment en chœur ne pas craindre la démocratie des autres, à terme. Mais, pour les Israéliens, le « printempsarabe » a permis l’éclosion de minorités islamistes agissantes. La règle est donc la prudence. Les Palestiniens nous ont lancé un appel à respecter la démocratie tout en nous demandant de discuter pied à pied pour aider les gouvernants à trouver les bons réflexes. Ils pensent que c’est ce que la communauté internationale n’a pas su faire avec le Hamas, qui –ils le reconnaissent- n’avait pas de réflexe démocratique et n’a pas été encouragé à en avoir.

Selon la plupart des observateurs, le moment serait très favorable à Israël si ce pays s’engageait enfin dans le processus de paix, avant que ses trois appuis dans la région, Egypte, Liban et Jordanie ne chancellent,. Mais au fond, personne n’y croit vraiment.

 

Une troisième évolution se fait jour : l’année dernière encore, la solution des deux Etats était approuvée par le plus grand nombre et semblait possible. Aujourd’hui, les plus optimistes affirment qu’elle a été grandement fragilisée. Le négociateur de l’Autorité palestinienne nous disait : « Il y a trois solutions : un seul Etat démocratique, deux Etats, un Etat qui pratique l’apartheid. » Le mot « apartheid » a sans doute été le mot le plus entendu cette année ; il est vrai que les Israéliens ont, non seulement construit des murs qui séparent les communautés, mais ils ont aussi construit des routes interdites aux Palestiniens, au cœur de la zone « occupée ». Chacun pense que les discussions d’Amman – à encourager – ne sont que des discussions sur des discussions, et un prétexte pour gagner du temps. Beaucoup estiment que les Israéliens se serviront de la période électorale américaine pour achever le bouclage de Jérusalem par une barrière d’habitations doublant le mur et par le nettoyage ethnique des Bédouins dans une zone délicate ; il s’agirait de violations du droit international.

 

Faut-il être pessimiste ? L’organisation palestinienne avance à grands pas et semble de plus en plus capable d’assurer les fonctions d’un Etat. En particulier, dans la partie du territoire qui est sous sa responsabilité, elle a su éradiquer le terrorisme et établir un bon niveau de respect des droits de l’homme.

La communauté internationale a pris conscience des droits des Palestiniens et œuvre pour qu’ils soient respectés.

Enfin, majoritairement, les sociétés israélienne et palestinienne souhaitent la paix.

Les gouvernements doivent en tenir compte.

 

Repères

Début 2012 neuf évêques d’Europe et d’Amérique du Nord sont allés au titre de la « Coordination Terre Sainte » en Israël et en Palestine. Mgr Michel Dubost représentait la Conférence des Evêques de France.

Un communiqué a clos cette visite : « Les dirigeants politiques des deux parties et de nos propres pays doivent faire preuve de courage, de détermination et de créativité afin que les espoirs simples de la majorité pour une coexistence pacifique soient réalisés. »