Gagne sur l’indifférence et remporte la paix !

Dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix, le pape François montre comment « l’indifférence constitue une menace pour la famille humaine » et exhorte à « vaincre l’indifférence et conquérir la paix ».

Il appelle à ne pas perdre l’espérance en la capacité de l’humanité à œuvrer dans la solidarité au-delà des intérêts individuels ; il alerte sur les effets d’une apathie généralisée, menace pour la paix.

La « mondialisation de l’indifférence ».

A Lampedusa, en 2013, il a pour la première fois employé l’expression : « Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence. Nous nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, elle ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire ». Il la reprend dans l’exhortation apostolique La Joie de l’Evangile : « la culture du bien-être nous anesthésie » (n.54). Il en a fait le thème central de son message pour le Carême 2015. Selon lui, l’indifférence, « ce mortel enfermement sur soi-même », est l’un des grands maux de notre temps.

François envisage l’indifférence sous deux aspects, liés entre eux : le plan personnel, au niveau du cœur humain et celui des structures sociales, politiques et économiques. Jean-Paul II parlait déjà de « structure de péché », indiquant ainsi la dimension politique de la responsabilité personnelle.

« De nos jours, (l’indifférence) a dépassé nettement le domaine individuel pour prendre une dimension globale et produire ce phénomène de la globalisation de l’indifférence ».

 

L’indifférence envers l’autre, « fille de l’indifférence envers Dieu ».

Le pape affirme d’emblée que « Dieu n’est pas indifférent ! ». C’est la clé pour entrer dans ce message : « la première forme de l’indifférence est l’indifférence envers Dieu, dont procède l’indifférence envers le prochain et envers la création ». (n. 3) Quand l’indifférence envers Dieu « investit la sphère publique et sociale » et que l’homme prétend être l’auteur de lui-même, être sa propre norme et ne rien devoir à personne, il devient « indifférent » envers le prochain et la création.

L’abondance actuelle des informations ne conduit pas de soi à une meilleure perception de la réalité : elle peut même générer un phénomène d’accoutumance qui rend insensible, ou encore une saturation qui anesthésie et relativise les problèmes. (.n.3) On surfe sur le net et on zappe, sans compassion devant les cris de l’humanité.

L’indifférence, menace pour la paix.

L’indifférence conduit à l’inertie et au désengagement, laissant se développer des situations d’injustice et de déséquilibre social qui entretiennent un climat d’insatisfaction où fermentent les violences qui nourrissent l’insécurité.
Lorsqu’elle « investit le niveau institutionnel », et que l’objectif est l’acquisition du pouvoir ou la préservation des richesses jusqu’au mépris des droits fondamentaux, l’indifférence peut en arriver à justifier « certaines politiques économiques déplorables, annonciatrices d’injustices, de divisions et de violences », lesquelles constituent autant de menaces pour la paix.

« Qu’as-tu fais de ton frère ? »

La parabole du Bon Samaritain, icône de l’Année de la Miséricorde, nous est donnée pour « apprendre à s’arrêter devant les souffrances de ce monde pour les soulager, devant les blessures des autres pour les soigner, avec les moyens dont on dispose, à commencer par son temps,» (n.5). Nous devons prendre conscience des maux de notre temps et prendre acte de l’interdépendance qui existe entre la vie de l’individu en un lieu donné et celles de ses contemporains dans le reste du monde : nous sommes responsables les uns des autres. Cette responsabilité prend corps dans la solidarité, à savoir « la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun ». « Nous sommes appelés à faire de l’amour, de la compassion, de la miséricorde et de la solidarité un vrai programme de vie, un style de comportement dans nos relations les uns avec les autres » (n.5)

Promouvoir une culture de solidarité, de miséricorde et de compassion.

A partir d’exemples de bonnes pratiques (n.7), le pape François encourage les familles, « premier lieu où se vivent l’attention et le soin de l’autre », exhorte les éducateurs à transmettre dès le plus jeune âge les valeurs de la liberté, du respect réciproque et de la solidarité » et questionne les moyens de communication sociale « qui influent sur la formation de la personne d’une manière positive ou négative ». (n.6)

Dans l’esprit du Jubilé de la Miséricorde, il invite chacun à examiner comment l’indifférence se manifeste dans sa propre vie, et appelle les Etats à poser des actes de courage à l’égard des personnes les plus fragiles, comme les prisonniers, les migrants, les chômeurs et les malades.(n.8) C’est à une conversion du cœur et à des actes concrets qu’il nous convie.
« La mondialisation de l’indifférence doit céder la place à la mondialisation de la fraternité ! »