Un vote catholique qui se fragmente
Comment parler du vote des catholiques, tant la définition sociologique du catholique est complexe ? Dans les sondages d’opinion, on distingue le catholique qui se définit comme tel mais ne « pratique » pas, le catholique pratiquant occasionnel et le catholique pratiquant régulier (qui va au moins une fois à la messe par mois et ne représente qu’un petit échantillon du panel étudié). Les catholiques, au sens général, votent depuis longtemps majoritairement pour les droites de gouvernement. Mais depuis 2022, chez les catholiques pratiquants qui faisaient jusque là barrage à l’extrême-droite, la résistance se fait moindre.
La tendance s’est confirmée lors des dernières élections européennes. Selon un sondage IFOP pour la Croix, 31,4 % des catholiques ont voté pour Jordan Bardella et 5,5 % pour Marion Maréchal. Toutefois l’image est bien plus contrastée, si l’on analyse le vote des pratiquants réguliers : 18 % ont voté pour le RN, 10 % pour Reconquête, tandis que 16 % ont voté pour les Républicains, 10 % pour Renaissance, 11 % pour le PS et 9 % pour LFI. On assiste à « une archipélisation du vote catholique », analyse Jérôme Fourquet directeur opinion et stratégie de l’IFOP. Certains électeurs catholiques se déterminent d’abord en faveur de la défense de la famille, du respect de la vie et s’inquiètent de l’immigration, de l’islam ; pour les autres, l’accueil de l’étranger, l’attention aux plus pauvres, le soin de la planète sont les valeurs qui orientent leur choix.
Des personnalités, des mouvements catholiques se sont exprimés tout au long de la campagne pour dire non à l’extrême-droite, ou pour dénoncer les extrêmes, les partis qui divisent et flattent les communautarismes. Les évêques français qui, depuis longtemps, ne donnent plus de consigne de vote, se projetant au lendemain du second tour des législatives, ont invité les chrétiens « à se garder de la violence, à veiller à ne pas diffuser la colère et la haine, (…) à lutter pour la justice par les moyens de la vérité et de la fraternité ». On peut y ajouter l’indispensable vigilance pour que soit respectés la dignité et les droits de chaque citoyen.