Migrants et réfugiés : hommes et femmes en quête de paix
Le message du pape François pour la Journée mondiale de la Paix 2018 est à accueillir dans son contexte. La communauté politique internationale a lancé un processus multilatéral de consultations et de négociations qui doit conduire à l’adoption, par les Nations-Unies, de deux pactes internationaux d’ici la fin de l’année 2018.
L’un sur les migrants, « pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », et l’autre concernant les réfugiés. Le Saint-Père souhaite que ces accords « soient inspirés par la compassion, la prévoyance et le courage de façon à saisir toute occasion de faire progresser la construction de la paix », et il invite l’Église à prendre part à ce processus. Il avait déjà approuvé les vingt points d’action concernant les migrants et les réfugiés, préparés par la section qui est chargée des Migrants et des Réfugiés au sein du nouveau Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, au Vatican. Son message pour la Journée mondiale du migrant est de la même veine.
Avec son accent particulier et dans un nouveau contexte, François se situe dans la continuité de ses prédécesseurs, les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, qu’il cite à plusieurs reprises. Depuis le début de son pontificat, il attire notre attention sur la situation des migrants et des réfugiés qui fuient les guerres, les persécutions, la pauvreté, la misère, misère accrue par la dégradation environnementale. Nous ne sommes pas dans une situation passagère : les migrations vont caractériser notre avenir. On compte aujourd’hui dans le monde 250 millions de migrants – à l’intérieur des frontières nationales et au-delà -, dont 22 millions et demi sont des réfugiés, à savoir « des hommes et des femmes, des enfants, des jeunes, des personnes âgées qui cherchent un endroit pour vivre en paix », ou qui essaient très souvent de « laisser derrière eux le ‘désespoir’ d’un avenir impossible à construire » (Benoît XVI).
Des réticences
Nous sommes devant une situation qui suscite de fortes réactions, souvent nourries par « une rhétorique largement diffusée » mettant en exergue « les risques encourus pour la sécurité nationale ou le poids financier de l’accueil des nouveaux arrivants » : « ceux qui fomentent la peur des migrants, parfois à des fins politiques, au lieu de construire la paix, sèment la violence… ». François nous invite à aiguiser notre regard pour mieux prendre en considération les situations et les enjeux, et adopter une attitude responsable fondée sur la dignité de tout être humain.
Le pape François n’occulte pas les difficultés auxquelles sont confrontés aujourd’hui les gouvernants qui doivent gérer ces situations nouvelles complexes qui, souvent, s’ajoutent aux problèmes déjà existants : « En pratiquant la vertu de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer, en établissant des dispositions pratiques, dans la mesure compatible avec le bien de leur peuple… ». Il refuse toutefois de considérer les migrations comme une menace et nous invite à un » regard contemplatif », à savoir un regard rempli de confiance, seul en mesure de construire un avenir de paix.
Quatre principes d’action pour les migrants
Nous sommes une unique famille dans cette maison commune où tous ont les mêmes droits de bénéficier des biens de la terre. En outre, les migrants et réfugiés « n’arrivent pas les mains vides » et « ils enrichissent la vie des nations qui les accueillent ».
Pour offrir aux migrants et aux réfugiés la paix qu’ils recherchent, le Pape propose un processus qui s’articule autour de quatre verbes, et donc quatre principes d’action, à conjuguer : Accueillir, Protéger, Promouvoir, Intégrer.
« Accueillir », c’est avant tout offrir aux migrants et aux réfugiés de plus grandes possibilités d’entrée, sûres et légales, dans les pays de destination et veiller à un accueil approprié et digne.
« Protéger », c’est garantir le respect de la dignité de toute personne et empêcher l’exploitation de ceux qui fuient un danger réel, en quête d’asile et de sécurité.
« Promouvoir », c’est favoriser le développement intégral des personnes déplacées. Il commence par l’accès à l’instruction des enfants et des jeunes. En facilitant la rencontre des autres, l’instruction développe un esprit de dialogue et prévient les risques de fermeture et d’enfermement.
« Intégrer », c’est permettre aux migrants de participer activement à la vie de la société qui les accueille, dans une dynamique d’enrichissement mutuel.
Le pape François s’adresse à tous les croyants et personnes de bonne volonté. Tous sont invités à conjuguer leurs efforts pour accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les hommes et les femmes obligés de quitter leur terre et leur maison. Le Pape cite saint Jean-Paul II, dans son message pour la Journée mondiale de la Paix de 2004 : « Si le « rêve » d’un monde en paix est partagé par de nombreuses personnes, si l’on valorise la contribution des migrants et des réfugiés, l’humanité peut devenir toujours plus la famille de tous et notre terre une véritable « maison commune » ». Les accents sont les mêmes, mais l’urgence d’agir est sans doute plus forte, pour assurer la paix aujourd’hui et demain.