Après la COP 21 : rester mobilisé

L’Accord de Paris résulte de la COP 21 tenue en décembre 2015. Il est considéré comme un grand succès diplomatique pour la présidence française de cette conférence.

La qualité de la préparation et de l’organisation, ainsi que l’attitude des Français, à la fois ouverte et déterminée, ont été largement saluées. Le seul fait d’arriver à un accord, qui n’était pas gagné d’avance, est une réussite.

Un bilan mitigé

Au-delà du succès diplomatique, la COP 21 représente-t-elle une avancée pour les négociations climatiques ? Le bilan est plus mitigé. En effet, si l’on peut saluer le fait que le texte de l’Accord de Paris n’est pas le plus petit dénominateur commun, il laisse suffisamment de souplesse dans les termes utilisés pour n’être réellement contraignant pour personne. De plus, les engagements actuels des Etats nous placent sur une trajectoire de réchauffement climatique proche de 3°C en 2100 (bien loin des 1,5°C marqués dans l’Accord).

Il faut donc considérer les résultats de la COP 21 comme une étape dans la longue marche vers une nouvelle économie permettant de limiter le réchauffement climatique. Les négociations sur le climat fonctionnent en incrémentation ; chaque avancée, même minime, permet aux négociateurs de s’appuyer dessus pour pousser un cran plus loin. De ce point de vue, la COP 21 aura été un succès par sa méthode préparatoire. Le fait que la quasi-totalité des pays ait présenté leur « intention de contribution nationale » pour la réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) est extrêmement positif pour faire en sorte que chaque pays se sente concerné et acteur. Une méthode proche de celle qui avait été employée pour l’élaboration des Objectifs de Développement Durable (l’Agenda 2030) qui doivent maintenant être déclinés dans une stratégie nationale. Les sociétés civiles dans chaque pays pourront se servir de ces « contributions nationales » pour faire pression afin de les améliorer.

Pour que l’Accord de Paris puisse être mis en œuvre, il faut maintenant que les pays le signent puis le ratifient. C’est l’enjeu des prochains mois. La ratification de 55 pays, représentant au moins 55% des émissions de GES, est nécessaire pour que l’Accord de Paris prenne officiellement effet. Une cérémonie officielle de signature sera organisée, le 22 avril 2016, au siège des Nations Unies à New York, pour ouvrir la séquence des signatures par les Etats qui auront ensuite un an pour le faire.

 

La COP 22 au Maroc

Les négociations vont se poursuivre en vue de la COP 22 qui aura lieu à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016. Plusieurs enjeux majeurs de cette conférence apparaissent.

Le premier est d’aboutir à un accord sur la question du mécanisme des « pertes et dommages ». Ce mécanisme a été créé lors de la COP 19 à Varsovie. Mais il reste encore largement à mettre au point. C’est l’un des enjeux majeurs de la COP 22 de Marrakech. Prendre en compte les pertes et dommages subis par les pays les plus affectés par les changements climatiques est une façon de reconnaitre que la politique d’atténuation des émissions de GES n’a pas avancé suffisamment vite pour éviter ces pertes et dommages. C’est aussi reconnaître que l’adaptation aux changements climatiques, qui nécessite des investissements importants, aujourd’hui insuffisamment financés, n’avancera pas assez vite pour empêcher l’accroissement de pertes et dommages importants, souvent dans les pays les plus pauvres. Le Mécanisme de pertes et dommages peut être vu comme le nécessaire 3ème bloc d’une politique climatique efficace, après l’atténuation et l’adaptation. Il sera donc très important que la COP 22 permette des avancées significatives sur le financement de l’adaptation et sur la finalisation de ce mécanisme de « pertes et dommages ».

Le deuxième enjeu est de faire en sorte que les actes suivent les engagements de Paris. Sans attendre la révision annoncée des contributions nationales en 2020, il est nécessaire que la société civile fasse pression pour que les politiques de transition énergétique et de développement durable permettent des progrès significatifs avant 2020. Car c’est maintenant que l’avenir de l’humanité se joue. Pour rester sous le seuil des 2°C de réchauffement climatique, il faudrait que le pic d’émission de GES soit atteint en 2021, c’est-à-dire que les émissions globales baissent à partir de cette date. Il ne nous reste plus que 5 ans pour atteindre cet objectif.

C’est pourquoi il est urgent de sortir d’une économie dont les sources d’énergie sont basées sur les énergies fossiles. La société civile insiste à raison sur l’importance d’accélérer la transition énergétique pour passer à des sources d’énergies renouvelables et non productrices de GES. La France s’honorerait en publiant rapidement et, en tous cas avant la COP 22, tous les décrets d’application nécessaires à la pleine mise en œuvre de la loi sur la transition énergétique.