La dernière année d’Angela Merkel

En ces premières semaines de 2021, le continent européen est plongé dans la tempête pandémique. Les assauts du coronavirus et de ses variants forment comme un blizzard empêchant de porter le regard au loin.

Un des événements marquants de l’année est toutefois déjà connu. Il s’agira du retrait de la chancelière Angela Merkel. Après seize années au pouvoir, elle passera le témoin après les élections générales prévues en septembre. Son départ tournera une page de l’histoire moderne de l’Allemagne et provoquera sans doute des conjectures sur la poursuite de l’engagement européen de ce pays posé au centre du continent.

Gageons que la continuité prévaudra. L’adhésion de l’Allemagne à la construction d’une Europe unifiée est en effet fondée sur une sage compréhension de ses intérêts. Le récent ouvrage de deux historiens rappelle comment Paris et Berlin, notamment, ont transformé une hostilité profonde et meurtrière en une dynamique positive. Hélène Miard-Delacroix et Andreas Wirsching soulignent que les intérêts nationaux de la France et de l’Allemagne n’ont pas disparu dans la construction européenne. Des institutions et des mécanismes ont en revanche été créés pour organiser leur confrontation et déboucher sur des politiques communes[1]. C’est ainsi que le 18 mai 2020, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont pu rendre publique une initiative qui déboucha sur le plan de relance européen face à la crise du coronavirus. L’Allemagne, à cette occasion, accepta ce qu’elle refusait depuis trois décennies : un endettement européen commun.

Avant de céder sa place, nul doute toutefois que la chancelière va continuer à imprimer sa marque en Europe et à orienter la stratégie de son pays pour les années à venir. À Paris et Berlin, on envisage une démarche commune à forte portée stratégique : un voyage d’Angela Merkel et Emmanuel Macron à Pékin pour peser, ensemble, face au géant chinois.

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[1] Ennemis héréditaires ?, Fayard, 2020, 216 pages, 20 €.