L’Armée prend la pouvoir au Myanmar (Birmanie)

Au moment où le nouveau Parlement du Myanmar devait être installé à Naypidaw aujourd’hui 1er février, l’armée a pris le pouvoir et arrêté nombre de dirigeants du pays, en commençant par Aung Sang Suu Kyi qui est dorénavant en résidence surveillée dans la capitale. Mais aussi le Président de la République, le Gouvernement et le Parlement, le premier ministre des États ethniques, les collaborateurs d’Aung San Suu Kyi, Min Ko Naing et Ko Ko Gyi, les dirigeants de la génération 88, les militants de la NLD, leaders du mouvement étudiant.

Les militaires n’ont pas supporté d’avoir reçu si peu de votes lors des élections de novembre dernier. Le système qu’ils ont installé au moment où ils ont accepté le retour à la démocratie, qui prévoit que des ministères importants leur soient réservés ainsi qu’un quart des sièges aux deux chambres du Parlement, leur donne pourtant des garanties qu’ils n’ont pas manqué d’utiliser par exemple contre les Rohingyas. D’autres raisons sont perceptibles, en particulier les intérêts personnels des dirigeants de l’armée et la pression chinoise, elle aussi marquée par la peur d’une démocratie active à ses frontières et les intérêts économiques d’accès à l’océan indien à travers le Myanmar.

Sentant le vent venir, le cardinal Charles Bo, archevêque de Yangon, et également président de la Fédération des Conférences Episcopales d’Asie (FABC) et vice-président de Religions pour la Paix, a lancé un  appel au calme et au respect du verdict des urnes en fin de semaine dernière. Il n’aura pas été entendu. Les communications sont coupées avec le Myanmar. Dans de nombreuses régions du Myanmar, les gens ne savent encore rien.

C’est le retour à la dictature militaire qui avait écrasé le pays pendant des décennies. Le « pour un an » du nouveau chef de l’état auto-promu, le général Min Aung Hlaing, n’a d’autre valeur que celle de ralentir les critiques.

Il faut que cette histoire douloureuse et dramatique se termine le plus tôt possible. La communauté internationale doit réagir vigoureusement, en particulier en demandant dans un premier temps la libération des personnes arrêtées et en exigeant le retour à l’état de droit.