Vers l’adoption, dans le cadre des Nations Unies, d’un instrument juridique de prohibition de l’arme nucléaire.

La perspective d’un monde sans armes nucléaires bénéficie, au moins verbalement, d’un consensus international.

Dans son discours d’Istres de février 2015, le président François Hollande déclarait, par exemple, partager « l’objectif, à terme, de l’élimination totale des armes nucléaires … quand le contexte stratégique le permettra » tout en s’engageant à « agir sans relâche dans cette direction ».

Dans les faits, les puissances nucléaires repoussent cependant cet objectif à un horizon temporel indéfini. Pour le temps présent, c’est à une nouvelle course aux armements nucléaires que l’on assiste : les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni et la Chine lui consacrent tous des sommes considérables. Il en va de même des autres possesseurs de l’arme (Inde, Pakistan, Israël). La Corée du Nord elle-même pourrait parvenir à se doter d’un armement nucléaire opérationnel. L’appel solennel à édifier un monde sans armes, nucléaires lancé en avril 2009 par le président Barack Obama, semble bien oublié.

Parallèlement, les négociations de désarmement marquent le pas : la dernière conférence d’examen du traité de non-prolifération s’est soldée par un échec, notamment en raison du refus occidental d’une conférence sur l’instauration d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Les discussions sur l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais nucléaires et sur l’élaboration d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à usage militaire sont dans l’impasse.
Cette situation, jointe à l’aggravation des tensions internationales, fait craindre un affaiblissement du « tabou nucléaire ». Qui peut garantir qu’une puissance dotée de l’arme nucléaire ne la mettra jamais en œuvre si elle perçoit une menace directe contre ses intérêts vitaux ?
C’est pour écarter l’éventualité d’une telle catastrophe humanitaire que l’Assemblée générale des Nations Unies vient de recommander à une très large majorité d’ouvrir, dès 2017, des négociations sur un traité de prohibition de l’arme nucléaire. Certes, les pays possesseurs de l’arme ont, jusqu’à présent, refusé cette initiative avec l’appui des alliés des États-Unis. Mais l’adoption par plus de 120 pays d’un instrument juridique déclarant illégale la possession de l’arme nucléaire n’en représentera pas moins un progrès considérable : par sa seule existence, cet instrument contraindra les puissances dotées à justifier en permanence les risques auxquels elles exposent le monde, tout en les incitant à garantir leur sécurité par d’autres moyens, moins périlleux pour la survie de l’humanité.

La dette des Etats, une arme à fragmentation

Le catéchisme de l’Eglise catholique rappelle : « La solidarité est nécessaire entre les nations dont les politiques sont déjà interdépendantes. Elle est encore plus indispensable lorsqu’il s’agit d’enrayer les  » mécanismes pervers  » qui font obstacle au développement des pays moins avancés. Il faut substituer à des systèmes financiers abusifs, sinon usuraires, à des relations commerciales iniques entre les nations, à la course aux armements, un effort commun pour mobiliser les ressources vers des objectifs de développement moral, culturel et économique en redéfinissant les priorités et les échelles des valeurs. »(2438)

Il y a donc une solidarité nécessaire entre les pays, ce qui implique de faire respecter les contrats de dettes mais aussi de faciliter les remboursements (négociation pour des rééchelonnements, prêts relais…). Le principe du remboursement d’une dette ne peut pas être bafoué de manière systématique, mais dans la perspective de Justice et Paix toutes les dettes n’ont pas la même valeur éthique. Certaines dettes sont odieuses et n’ont pas bénéficié aux plus démunis, alors que ce sont eux qui sont soumis à l’austérité et doivent payer les remboursements. Dénoncer la dette injuste est donc une attitude éthique au nom du développement au profit des plus pauvres (option préférentielle pour les pauvres).
Dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2016, le pape François appelle « à l’effacement ou à la gestion soutenable de la dette internationale des pays les plus pauvres. »