L’Œuvre d’Orient en Arménie*
L’Arménie est l’une des plus anciennes nations du monde et revendique fièrement d’être le premier royaume chrétien dans l’histoire. Cette histoire est complexe, dans un tiraillement entre l’empire byzantin puis ottoman d’une part et l’empire perse d’autre part.
Cela entraînera de nombreuses souffrances. Au XIXe siècle, il y aura de nombreux massacres, dont les massacres « hamidiens », du nom du Sultan ottoman, qui fera deux cent mille victimes. L’absence de réaction internationale, hormis la Marine nationale française, rendra possible le génocide de 1915, un million cinq cent mille victimes. Les rescapés trouveront refuge dans les pays arabes et aussi en France, en particulier à Marseille. Désormais, le peuple arménien ne sera chez lui que dans la République soviétique d’Arménie à l’ombre de la Russie. Il y aura aussi une forte diaspora et le Haut-Karabagh, arménien depuis trois mille ans mais donné par Staline à l’Azerbaïdjan. Tous ceux qui approchent l’Arménie sont impressionnés par l’osmose entre l’identité nationale, la culture arménienne et la foi arménienne. La culture a été inspirée par des spirituels chrétiens, à commencer par l’alphabet, les poèmes et aussi l’architecture très reconnaissable. La foi sera marquée par le refus du Concile de Chalcédoine, ce qui provoquera une rupture avec Constantinople et une indépendance de l’Église que l’on appelle apostolique plutôt qu’orthodoxe, largement majoritaire mais à côté d’une Église catholique, dont le patriarche est au Liban, et une communauté protestante.
À la chute de l’Union soviétique, l’Arménie est devenue indépendante sous le parrainage russe, face à un monde turc perçu comme hostile. La situation économique était et reste difficile. Hors d’Erevan, la pauvreté se laisse percevoir. Les conséquences du tremblement de terre à Gumri, alors Leninakan et détruite aux deux tiers en 1988 sont encore visibles. Mais la préoccupation des Arméniens demeure le voisinage avec l’Azerbaïdjan, sous l’autorité de la famille Aliev. L’une des causes vient de ce que l’Arménie a une frontière commune avec l’Iran, ce qui empêche l’Azerbaïdjan d’avoir une frontière avec ses amis turcs.
Un corridor entre la Turquie et l’Azerbaïdjan couperait l’Arménie en deux. Plusieurs conflits ont eu lieu entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, faisant de nombreuses victimes, d’abord favorables aux Arméniens, arrivant à un statu quo sous contrôle russe. Simultanément, les gouvernements arméniens ont voulu s’orienter vers l’Union européenne et le monde occidental, ce qui a déplu au Kremlin. Pendant ce soutien, l’Arménie s’est retrouvée en difficulté et surtout les cent vingt mille Arméniens du Haut-Karabagh ont été chassés de leur terre ancestrale, dans une action qui s’apparente à l’esprit du génocide. Si les États-Unis et le Président Trump ont semblé trouver une solution, la mise en œuvre demeure incertaine et divise le peuple arménien dont une partie reproche à ses dirigeants l’abandon du Haut-Karabagh dont les habitants ont tout perdu et se retrouvent réfugiés en Arménie. Aujourd’hui, l’aide que l’on peut apporter à ce pays passe par un soutien à ces réfugiés d’une part, par le soutien aux associations qui s’efforcent d’aider les plus nécessiteux dans les villes et enfin, ne pas oublier la formation de la jeunesse qui, comme partout, est un gage pour l’avenir.
On me permettra de souligner l’importance de la communauté arménienne en France. Elle est parfaitement intégrée, comme le montre la figure symbolique de Charles Aznavour. De nombreux élus sont d’origine arménienne. Mais elle a aussi gardé son identité, sa culture arménienne dont elle est légitimement fière. D’un point de vue catholique, il existe un diocèse en France, dont la cathédrale est à Paris, avec plusieurs paroisses dans les diocèses. N’hésitons pas à les rencontrer. Et de nombreuses organisations de la diaspora peuvent être un vrai soutien pour la nation arménienne.
Août 2025
Mgr Gollnisch, © l’0euvre d’Orient
*L’Œuvre d’Orient agit en Arménie depuis le XIXe siècle. Lors des massacres « hamidiens » de 1894-1896 et du génocide de 1915-1916, sous l’impulsion de son Directeur général de l’époque Mgr Félix Charmetant, l’Œuvre d’Orient est intervenue énergiquement pour soutenir les communautés persécutées et dénoncer le génocide. Elle a toujours poursuivi son action au long du siècle dernier et apporte encore aujourd’hui son appui à l’Arménie. Depuis novembre 2020, lors de la guerre menée par l’Azerbaïdjan contre les Arméniens du Haut-Karabagh, l’Œuvre d’Orient a effectué quatre missions en Arménie et dans le Haut-Karabagh. Elle a soutenu en particulier la reconstruction de logements d’urgence dans le Haut-Karabagh et la réalisation d’un centre de rééducation des blessés de guerre à l’hôpital d’Erevan. L’Œuvre d’Orient a par ailleurs contribué à la création du centre culturel français de Stepanakert (Haut-Karabagh).