Au-delà de Trump
Il faut espérer que Donald Trump perdra l’élection présidentielle du 3 novembre. Ce serait un bien pour les États-Unis et pour les relations internationales. Quatre ans durant, il a entraîné son pays dans plusieurs embardées dommageables. La plus inquiétante fut le retrait de l’accord de Paris sur le climat. L’État fédéral a encouragé le recours aux énergies les plus polluantes en gaz à effet de serre ; or le pays est le deuxième principal émetteur au monde. Donald Trump a cherché à jeter le discrédit sur les institutions multilatérales. Son slogan « l’Amérique d’abord » a davantage bousculé ses alliés que ses adversaires.
Sur ces sujets, le candidat démocrate Joe Biden a pris le contre-pied. Mais s’il est élu, il entérinera d’autres décisions de son prédécesseur. Le durcissement des relations avec la Chine, la normalisation croissante des relations entre le monde arabe et Israël, le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, sont des choix largement soutenus à Washington.
Joe Biden élu, les relations avec l’Europe devraient être plus fluides, mais non moins exigeantes. L’alliance tissée, face à la menace soviétique, s’est distendue depuis l’effondrement de l’URSS. Le surgissement de la Chine comme nouveau rival systématique focalise l’attention de Washington.
La relation transatlantique dépendra aussi de l’évolution des sociétés, soumises aux évolutions fulgurantes de la science et des nouvelles technologies. Dans un essai remarquable (Le Renouveau de la démocratie en Amérique, Éd. Odile Jacob), le chef de la mission économique française de l’ambassade de France à Washington, Renaud Lassus, suggère que les États-Unis sont engagés dans une ample transition. Refermant la page des idées libertariennes, hostiles au rôle de l’État et indifférentes à la notion de bien commun, les Américains seraient en quête d’un nouveau projet collectif, humaniste mais toujours capitaliste ! En ce cas, le dialogue avec les Européens en serait facilité.
Jean-Christophe Ploquin, Rédacteur en chef à « La Croix »