Pauvreté.. Solidarité
Plusieurs associations prenant en charge l’aide alimentaire viennent d’alerter sur leurs difficultés grandissantes à assurer ce service de première nécessité. Il y a des raisons conjoncturelles liées à l’inflation, mais surtout une forte augmentation du nombre de demandeurs qui se comptent en millions de personnes. Autre signal : la croissance inquiétante du nombre des gens à la rue, en particulier des familles avec enfants. La France connaît un problème de grande pauvreté qui relève du politique et, si des associations humanitaires essaient de palier cela, qu’en est-il des solidarités dans notre pays qui affiche Égalité et Fraternité sur ses bâtiments publics ?
De telles conditions de vie mettent en cause la dignité humaine. Pensons à l’humiliation de devoir quémander sa nourriture, de rester dehors avec son enfant. Il faut donc interroger la répartition des ressources dans notre pays ; on prend son parti que certains se trouvent laissés en marge d’une vie commune solidaire, mais la civilisation est en cause quand une société abandonne ses membres les plus fragiles.
La solution de la crise actuelle ne peut se satisfaire de quelques dons ponctuels privés : il faut envisager un partage plus équitable des ressources. Alors que les pouvoirs publics annoncent un pacte des solidarités, on peut évoquer un relèvement significatif des minimas sociaux et le soutien des initiatives locales telles qu’une sécurité alimentaire s’inspirant de la sécurité sociale.
La recherche urgente de solutions politiques ne délégitime pas l’action des associations. Elles savent gérer les situations qui appellent des réponses rapides. Elles disposent d’une expérience inégalable dans un accompagnement humain des personnes les plus fragiles. Mais voulons-nous vraiment changer les problèmes d’invisibilité de notre monde ? Les pauvres qu’on ne veut pas voir, les bénévoles du quotidien qu’on laisse dans l’ombre alors qu’ils contribuent par leur soutien fraternel à une vie commune plus humaine…
Un signe de cette cécité : les débats passionnés à propos de l’âge de la retraite ont peu évoqué l’activité bénévole de nombreux retraités, or celle-ci représente un enjeu vital pour notre société ; les ranger dans la catégorie « inactifs » est donc particulièrement inapproprié. En France et dans l’UE, il faut faire inscrire à l’agenda politique la question de la grande pauvreté. C’est un enjeu de civilisation.