Pour une réforme du système financier et monétaire international

Sous ce titre, le Conseil Pontifical Justice et Paix a publié une note le 24 octobre dernier. Quelques jours avant le sommet du G20 de Cannes, et dans un contexte de crise financière mondiale, avec des effets particulièrement graves au niveau de l’Union Européenne, le texte appelait à une autorité publique de compétence mondiale au service du bien commun universel.

Il s’agit d’un rappel plutôt que d’une nouveauté : cette demande était formulée dans l’encyclique Pacem in Terris en 1963 (n° 136-141), et reprise par la suite, notamment dans la dernière encyclique de Benoît XVI, Caritas in Veritate (n°67). Mais la demande est présentée dans cette note de manière plus développée et plus concrète.

Trois repères à souligner pour la création de cette autorité mondiale :

  •  Elle doit être au service du bien commun : ses décisions ne devront pas être le résultat de la toute- puissance des pays plus développés sur les pays plus faibles ou au service de certains groupes ou lobbies privés.
  •  Elle ne peut être imposée par la force : sa constitution sera précédée d’un processus de concertation. Emergera ainsi une institution légitimée par l’accord libre et partagé de tous les pays, y compris les moins développés, qui sont en général mis à l’écart des grandes décisions internationales.
  • Elle répondra aux principes de subsidiarité, de pluralisme (respect de réalités culturelles diverses), de solidarité et de personnalisme (l’être humain doit être au centre du bien commun universel).

Trois propositions concrètes au niveau financier :

  • Instituer une taxation des transactions financières, dont le produit serait affecté à une réserve mondiale destinée à soutenir les économies des pays touchés par la crise. L’idée n’est pas nouvelle et elle était à l’ordre du jour du G20.
  •  Soumettre la recapitalisation des banques à la condition que les bénéficiaires des fonds publics adoptent des « comportements vertueux » et orientés vers le financement de l’économie réelle. Les conditions de cette recapitalisation restent à définir. S’agit-il d’une nationalisation partielle des banques ? Qu’est-ce en effet qu’« un comportement vertueux » pour une banque ?
  • Séparer les activités d’investissement et de crédit afin de pallier les effets pervers des « marchés ombres » privés de tout contrôle et de toute limite. Un principe réclamé depuis la crise des sub primes de 2008.

Il n’y a ni apport nouveau ni solution miracle dans la note publiée. Juste un rappel fort des principes fondamentaux illustré par quelques propositions concrètes, au moment où se cherche une nouvelle forme de gouvernance financière au niveau mondial. Une manière pour l’Eglise de se faire présente dans un moment crucial de notre humanité, non pas comme « donneur de leçon » mais plutôt comme participant avec d’autres à la recherche d’un devenir plus humain pour la planète.