Taxe sur les transactions financières

Alors que s’approchent les échéances de 2015 relatives aux objectifs du développement durable des Nations Unies qui feront suite en septembre aux objectifs du millénaire pour le développement[1] et à la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre, il est réconfortant de voir l’engagement d’évêques sur le sujet de la taxe sur les transactions financières (l’ancienne taxe Tobin). Ils s’adressent aux responsables européens. L’insistance porte sur l’utilisation en faveur du développement et du financement de la lutte contre les changements climatiques de cette nouvelle taxe qui sera mise en place début 2016.

Déclaration publique de leaders catholiques européens sur la taxe sur les transactions financières, mai 2014

Finance, pauvreté, changement climatique

Nous tenons à joindre nos voix à celles des citoyens et des mouvements à travers l’Union européenne vous demandant d’effectuer les bons choix en ce qui concerne la conception de la taxe européenne sur les transactions financières qui sera lancée le 1er janvier 2016, ainsi que sur l’utilisation de ses revenus.

Les dirigeants des pays participant à l’initiative de coopération renforcée ont accompli un premier pas décisif vers  la mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières (TTF). Mais dans la dernière ligne droite menant à son adoption, nous sommes préoccupés par la diminution du soutien à une taxe généralisée à la suite de  l’offensive menée par le lobby financier contre la TTF et par l’annonce d’un projet moins ambitieux.

L’un des principaux objectifs de la taxe, qui est de réduire la spéculation à haut risque, ne sera pas atteint si, comme annoncé, la plus grande partie de l’assiette de l’impôt est constituée dans une première phase par les actions. Ceux qui en dépendent pour leur régime de retraite risquent d’être les plus touchés.

Nous croyons que la liberté du marché est liée par le principe de la justice et le respect du commandement « Tu aimeras ton prochain ». L’Union européenne, ses Etats membres et ses institutions doivent poursuivre des politiques visant la stabilité, sans hypothéquer le bien-être des générations futures. Ces politiques ne doivent pas se faire au détriment des plus pauvres ni  ignorer les exigences de la justice sociale. Elles doivent garder à l’esprit la responsabilité des banques et autres institutions financières dans la crise financière dont  beaucoup de nos frères et sœurs continuent d’endurer les effets.

Une taxe avec une assiette large, portant sur les actions, les obligations, les produits dérivés et le « trading à haute fréquence » hautement spéculatif, permettrait de réduire le volume de la spéculation financière tout en générant un montant estimé par la Commission européenne à 34 milliards d’euros.

Ces revenus pourraient fournir une marge budgétaire importante pour honorer et renforcer vos engagements existants en faveur du développement et du financement de la lutte contre les changements climatiques.

« L’argent doit servir et non pas gouverner » comme nous le rappelle Sa Sainteté, le Pape François dans son Exhortation apostolique, Evangelii Gaudium (# 57-58). Une taxe sur les transactions financières constitue un instrument très puissant pour contribuer à une plus grande justice sociale par la redistribution. Il ne tient qu’à vous, décideurs européens, de mettre en œuvre pleinement ce potentiel, lorsque vous déciderez de l’assiette de l’impôt et de l’utilisation des revenus qui seront générés.

Nous vous exhortons à faire le bon choix. Ne cédez pas à la pression de ceux qui ont un intérêt à affaiblir cette TTF !

Nous vous demandons de reconsidérer votre décision de ne taxer que les actions et certains produits dérivés. Par ailleurs, nous attendons de votre part une déclaration claire, précisant que les revenus seront consacrés à éradiquer la pauvreté et à lutter contre les changements climatiques.

 

Dr. Ludwig Schwarz SDB, Evêque de Linz, Autriche, Mgr Jacques Blaquart, Evêque d’Orléans, Mgr. Luc Van Looy, Evêque de Gand, Belgique, prochain président de Caritas Europa, Mgr. Stanislas Lalanne, Evêque de Pontoise, Mrg. Johannes Kreidler, Evêque Auxiliaire de Rottenburg-Stuttgart, Allemagne, Mgr. Francesco Montenegro, Evêque d’Agrigento, Italie, Mgr. Jorge Ferreira da Costa Ortiga, Archevêque de Braga, Portugal

Cet appel est soutenu par la CIDSE.

[1] Voir http://justice-paix.cef.fr/spip.php?article395