L’allié allemand
Une coalition gouvernementale inédite est en formation à Berlin. Les négociations aboutiront sans doute à temps pour que le futur chancelier participe au conseil européen des 16 et 17 décembre. Ce rendez-vous donnera une première indication sur la façon dont l’Allemagne assumera son rôle de première puissance économique du continent.
Le maître mot, si le chancelier est, comme attendu, Olaf Scholz, sera la continuité. Candidat du parti social-démocrate (SPD), celui-ci était ministre des finances du gouvernement sortant dirigé par Angela Merkel. Il n’a jamais dérogé au consensus en vigueur outre-Rhin sur les questions budgétaires : que ce soit pour prôner la rigueur ou, à l’inverse, pour ouvrir le chéquier et soutenir le plan de relance imaginé par la France et concocté par la Commission face au choc de la pandémie de Covid-19. Sous sa houlette, l’Allemagne continuera à se déterminer à partir de sa centralité dans les échanges économiques et politiques de l’UE. Sous Angela Merkel, cela l’a conduit à privilégier la stabilité.
Mais les temps changent. Les relations se durcissent avec les grands partenaires internationaux : la Chine pour le commerce, les États-Unis pour la sécurité, la Russie pour l’énergie. Ces trois pays continents s’écartent d’une approche mercantiliste des relations internationales, où le commerce et l’interpénétration des économies garantissent la sécurité.
L’Allemagne a constaté ces dernières années que les Européens devraient davantage penser leur avenir par eux-mêmes et pour eux-mêmes.
Une vision stratégique commune sera adoptée dans les prochains mois sous l’impulsion française. Berlin y contribue, sans partager tous les concepts développés par Paris.
Dans les prochaines années, le pays devrait rester une puissance réticente à intervenir militairement, soucieuse de défendre l’état de droit et disposée à faire beaucoup d’affaires.
Pour la France, elle est un allié sûr. Et incontournable.