Le défi des JMJ de Lisbonne

Certains disent que nous ne connaîtrons plus jamais un tel événement dans notre vie. Il est certain que l’Église et la société portugaises n’ont jamais été confrontées à un défi d’une telle ampleur. On estime que la population de la ville de Lisbonne (environ un million d’habitants) doublera les jours des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). Dans les jours qui les précéderont, des centaines de milliers de pèlerins sont attendus dans diverses régions du pays, dans d’autres villes et même dans les plus petites localités de l’intérieur du pays et des îles de l’Atlantique.

L’Église portugaise a relevé le défi en partant du principe que l’organisation de cet événement bénéficierait d’une collaboration importante de la part des autorités publiques, tant nationales que locales. Et il en a été ainsi, au-delà des clivages politiques : beaucoup reconnaissent, catholiques et non catholiques, combien les JMJ contribueront à la promotion du Portugal dans le monde. Mais, à l’enthousiasme initial, succèdent les critiques habituelles au nom de la laïcité de l’État, surtout lorsque les dépenses s’avèrent plus importantes que prévu (même si certaines structures à construire serviront plus tard à d’autres fins). En réponse à ces critiques, les responsables politiques invoquent la rentabilité financière attendue de la présence de tous ces jeunes. Il faut espérer que ce retour ne sera pas seulement financier…

On espère que les JMJ apporteront une contribution décisive à la revitalisation de l’Église portugaise dont, comme dans d’autres parties de l’Europe (bien que dans une moindre mesure), les jeunes générations se sont détournées. Le moment actuel est également marqué par un fait particulièrement douloureux : le rapport d’une commission indépendante a révélé l’ampleur (pour beaucoup surprenante) du drame des abus sexuels dans les milieux ecclésiastiques au cours des soixante-dix dernières années et leur dissimulation généralisée pendant des décennies.

La mobilisation des jeunes et des adultes a été jusqu’à présent remarquable et sans précédent. Il existe des comités d’organisation dans chaque paroisse, chaque vicariat (groupe de paroisses voisines) et chaque diocèse. Nous ne savons cependant pas si cette mobilisation sera suffisante pour un si grand défi. Déjà plus de dix mille personnes se sont inscrites pour travailler comme volontaires. Certains le font déjà et on y trouve aussi des personnes venues d’autres pays, proches ou plus lointains. Mais il faudra encore beaucoup plus de volontaires (on parle de vingt à trente mille). Il y a aussi beaucoup de familles qui sont déjà prêtes à accueillir les jeunes participants chez elles, mais pas encore en nombre suffisant, de sorte que les écoles et d’autres structures ne seront utilisées qu’en dernier recours (ce qui sera, de toute façon, nécessaire). C’est pourquoi les appels à davantage de volontaires et de familles d’accueil sont répétés lors des célébrations de chaque dimanche et sur des affiches disséminées dans la ville.

Les programmes des JMJ ont commencé à être préparés en collaboration avec le Saint-Siège. Une nouveauté importante est que la catéchèse traditionnelle menée par les évêques sera remplacée par des rencontres qui encouragent la participation des jeunes et leur engagement à mettre en œuvre les propositions qui leur seront présentées. Ces rencontres sont appelées « Rise Up« , « Lève-toi et mets-toi en route« . Les thèmes de ces rencontres et de ces propositions sont essentiellement basés sur les enseignements du pape François sur l’écologie intégrale (Laudato si’), l’amitié sociale (Fratelli tutti) et l’annonce de l’amour de Dieu.

Je disais plus haut qu’il fallait espérer que le retour des JMJ ne serait pas seulement financier. Il faut aussi espérer qu’il ne s’agira pas seulement d’une euphorie superficielle et passagère. En effet, les journées précédentes ont été l’occasion pour de nombreux jeunes de trouver, ou de redécouvrir, une orientation pour leur vie, leur vocation de service à l’Église et à l’humanité. Je peux le dire à la première personne : j’ai participé aux premières Journées Mondiales de la Jeunesse et cette expérience a été un tournant dans ma vie. Aujourd’hui, mes quatre enfants participent de diverses manières aux JMJ de Lisbonne. J’espère qu’un bon nombre des plus d’un million de jeunes qui devraient participer aux JMJ y trouvera également, ou redécouvrira, une vocation de service à l’Église et à l’humanité. C’est là, pour moi, le principal défi.