Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

Si les conflits entre les Églises chrétiennes ont bien existé et peuvent parfois perdurer, le mouvement œcuménique ne pourrait-il pas jouer un rôle moteur dans la conversion des chrétiens et des Églises à une culture de paix pour promouvoir la réconciliation de la communauté humaine ?

[…]

Devant un tel constat, ce colloque désire examiner dans quelle mesure l’œcuménisme constitue un élément clé dans la conversion des chrétiens et des
Églises à une culture de paix enracinée dans l’Évangile, au service d’une paix
durable dans le monde.

  • Thèmes :
    Le christianisme, religion de paix ?
    Le mouvement œcuménique, école de réconciliation ?
    Les  Églises en dialogue, artisans de paix ?
  • Intervenants
    Neal Blough, Faculté Libre de Théologie Évangélique
    Frédéric Chavel, Institut Protestant de Théologie-Paris
    Adrian Crăciun, Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge
    Cécile Dubernet, Institut Catholique de Paris
    Étienne Etoundi, Université Catholique d’Afrique Centrale
    Joseph Famerée, Université Catholique de Louvain (Belgique)
    Catherine Fino, Institut Catholique de Paris
    Anne-Cathy Graber, Facultés jésuites de Paris-Centre Sèvres
    Hansuli Gerber, Forum anabaptiste pour la paix et la justice en Suisse
    Christian Krieger, président de la KEK Conférence des Églises européennes
    André Lossky, ITO Saint-Serge
    Charbel Maalouf, Institut Catholique de Paris
    Anne Marie Mayer, Katholieke Universiteit Leuven
    Elisabeth Parmentier, Université de Genève
    Emmanuel Petit, recteur de l’Institut Catholique de Paris
    Sophie Ramond, Institut Catholique de Paris
    Munib Younan, évêque émérite de Jérusalem de l’Eglise évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre Sainte. Président de la Fédération luthérienne mondiale de 2010 à 2017
    Darko Tanaskovic, Université de Belgrade
    Julija Naett-Vidovic, ITO Saint-Serge
    Anne-Sophie Vivier-Muresan, directrice de l’ISEO – Institut Supérieur d’Etudes Œcuméniques
    Tim Wallis, Quaker Council of European Affairs

Lieu :
Institut catholique de Paris,
entrée par le 74 rue de Vaugirard 75006 Paris

Télécharger le programme complet (PDF)

 

Le 10 décembre 2021

L’Amazonie fait l’objet d’une attaque frontale et organisée, soutenue également par diverses autorités politiques, quelques jours après les déclarations de notre pays à la COP26 qui prenait des engagements qui ne correspondent pas aux faits graves de cette fin d’année.

Après les scènes dramatiques d’il y a quelques jours, signe de l’expansion incontrôlée de l’exploitation minière illégale le long du fleuve Madeira dans le Rondônia et l’Amazonas, un reportage dénonçait le fait que le général Augusto Heleno, ministre du cabinet de la sécurité institutionnelle et secrétaire exécutif du Conseil de défense nationale de la Présidence de la République, a autorisé 7 projets d’extraction minière dans les terres sacrées de São Gabriel da Cachoeira, l’une des régions les plus protégées de l’Amazonie, qui abrite 23 groupes ethniques indigènes, organisés au sein de la Fédération des organisations indigènes du Rio Negro.

Au cours de la même période, pour la première fois apparaît la menace inconstitutionnelle de céder la moitié d’une terre indigène déjà délimitée et homologuée à des agriculteurs non indigènes. Le territoire Apyterewa (PA), de l’ethnie Parakanã, a été envahi il y a longtemps déjà par des dévastateurs de la forêt soutenus par les politiciens locaux.

L’alliance du pouvoir et de la déforestation formée par les accapareurs de terres, les chercheurs d’or, les grandes sociétés minières et surtout l’agrobusiness, s’est renforcée de plus en plus au sein du Congrès national qui a à l’ordre du jour au moins trois projets de loi qui sont très dangereux pour l’avenir du pays :

– Le PL 191 propose la libération de l’exploitation minière et aurifère, ainsi que la construction de centrales hydroélectriques sur des terres indigènes. Même s’il est considéré comme inconstitutionnel par le MPF (Ministère Public Fédéral), il est toujours en cours d’études au Congrès.

– Le PL 2159 propose la « flexibilisation » des licences environnementales, permettant une simple « licence par adhésion d’engagement » auto déclaratoire.

– Le PL 510, sur la soi-disant régularisation des titres fonciers, amnistie ceux qui ont détruit la forêt et qui ont envahi des terres illégalement jusqu’en 2014 et ouvre la voie à l’occupation de 37 millions d’hectares, dont 24 millions d’hectares de forêts situées sur des terres fédérales.

Le pape François, après le synode sur l’Amazonie, a déclaré que « Les intérêts colonisateurs qui, légalement et illégalement, ont provoqué – et continuent de provoquer – une augmentation de l’exploitation forestière et minière, et qui ont expulsé et coincé les peuples indigènes, riverains et afro-descendants, provoquent une clameur qui crie vers le ciel ».

Nous nous associons à ce cri : si nous prenons soin de l’Amazonie avec sagesse et clairvoyance, elle prendra soin de nous tous.

Dom Sebastião Lima Duarte – Président de la Commission pour l’écologie intégrale et l’exploitation minière

Dom Cláudio Hummes – Président de la Commission épiscopale pour l’Amazonie

Dom Erwin Kräutler – Président du REPAM-Brésil

Dom Roque Paloschi – Président du Conseil missionnaire indigène (CIMI)

Dom José Ionilton Lisboa de Oliveira – Président de la Commission Pastorale de la Terre – CPT

Daniel Seidel – Secrétaire exécutif de la Commission Justice et Paix du Brésil

Télécharger le document original (Em defesa da Amazonia v2 )  (en portugais)     

1 – Migrations : des chiffres

* Une référence sûre : l’Institut national d’études démographiques (INED). Il publie chaque mois un 4 pages intitulé « Population et sociétés » qui est facilement accessible. Le n° 594 (novembre 2021) définit les termes, ce qui évite des confusions, et indique des chiffres tout en précisant comment ils sont obtenus ; l’emploi de mots imprécis et la propagation de chiffres fantaisistes nourrissent les polémiques et alimentent les peurs…

* En 2019, 4,9 millions d’étrangers résidaient en France (dont 4,2 millions d’immigrés et 700 000 nés en France). En ce qui concerne le pourcentage d’immigrants par rapport à la population totale, la France se situait au 16ème rang des 28 membres de l’Union européenne (la Grande Bretagne était encore dans l’UE).

* Il faut aussi parler des émigrants : ceux qui quittent le territoire français. La collecte des chiffres est malaisée, notamment pour connaître le nombre de Français vivant à l’étranger. Pour 100 personnes nées en France, 4 vivent à l’étranger, soit plus de 2 millions. En 2017, 215 000 personnes ont quitté la France, dont 30% d’immigrés.

* Une conclusion de cette étude : « Si la France est historiquement un pays d’accueil, elle est devenue l’un des pays d’Europe de l’Ouest où l’immigration est, en proportion, parmi les plus faibles. Une partie significative de ses immigrés quitte son territoire dans les années qui suivent leur arrivée et ses propres ressortissants sont de plus en plus nombreux à émigrer. »

* Le recours aux chiffres met un peu de raison en des débats qui cultivent la polémique et jouent sur les peurs. Dans le climat pré-électoral, certains parlent de « fermer les frontières ». En bonne logique, il faudrait les fermer dans les deux sens et interdire aux Français de partir à l’étranger, y compris pour fonder une famille ou faire des affaires…

2 – Pauvretés, encore des chiffres

• Selon le Secours catholique, en France, 7 millions de personnes se trouvent en situation de précarité alimentaire, soit près de 10% de la population. De fait, les associations humanitaires ont connu une forte augmentation des demandes d’aide alimentaire, en raison notamment de la crise sanitaire qui a amplifié le basculement dans la pauvreté. La même source indique que 2,8 millions de parents (20%) ont dû renoncer totalement à l‘achat de cadeaux pour les fêtes de 2020. Les remontées des acteurs de terrain qui rencontrent les personnes en difficulté sont précieuses : elles permettent de voir la situation dramatique d’un nombre important de nos concitoyens. C’est souvent la triple peine : les souffrances liées à la pauvreté, l’impression d’être invisible, et parfois l’accusation d’être la cause de sa propre misère.

• Attention ! Les moyennes statistiques peuvent être trompeuses et servir de cache misère. On dira que la pandémie n’a pas affecté les revenus des Français si on s’en tient à une moyenne générale. Mais certains voient enfler leurs confortables réserves tandis que des millions d’autres ne peuvent se nourrir correctement.

• Une question pour temps d’élections : appartenons-nous encore à une société commune, sur une base de solidarité, si certains d’entre nous se trouvent condamnés à la misère ? Évoquer une nécessaire justice sociale n’est pas un gros mot.

3 – La faim dans le monde : toujours des chiffres

En raison de la pandémie et du dérèglement climatique, on note une augmentation sévère de l’insécurité alimentaire : 6OO millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de la faim et, selon l’ONU, 274 millions ont besoin d’une aide d’extrême urgence. Une situation qui continue de se dégrader depuis plusieurs années.

4 – Déchets : le retour du refoulé

* La notion de déchet, dans la réflexion chrétienne, évoque à la fois les ordures, ce  qu’on jette derrière soi pour ne plus le voir, mais aussi des humains qui se trouvent mis en marge et de fait exclus de la vie sociale « normale ». Par un transfert osé, on se permet de recourir à la notion psychologique de refoulement pour parler de situations sociales. Une personne peut enfouir des souvenirs traumatisants, au point d’imaginer les avoir oubliés, mais ils continuent d’encombrer la vie psychique et relationnelle ; un travail de mise au jour peut ouvrir un chemin de libération.

* Revenons aux questions sociétales. Nous pensions avoir tout bon avec le tri et le recyclage des ordures ; mais nous « exportons » les éléments les plus sales et difficiles à retraiter ; or, de nombreux pays refusent maintenant de les recevoir. Nous imaginions avoir réglé le problème et il nous revient en pleine figure.

Quant aux migrants, nous pensions qu’une fermeté jusqu’à la maltraitance les dissuaderait de venir chez nous. Mais des images de la frontière polonaise et d’un naufrage en Manche, avec des décès dans les deux cas, nous rappellent que des êtres humains, dont des enfants, se trouvent traités de manière indigne et en danger de mort.

* Plutôt que refouler, il vaut mieux traiter avec raison et humanité. Pour les ordures, nous devrions être capables de recycler chez nous, mais ce n’est peut-être pas assez « noble » aux yeux de certains ! Pour les migrants, en plus d’un accueil digne, il serait urgent de favoriser un réel développement là où ils sont nés. Malheureusement, nous n’en prenons pas le chemin : la Cop 26 a achoppé sur le soutien aux pays pauvres les plus exposés : les sommes promises ne sont même pas réglées (seulement 83 milliards sur les 100 annoncés) ; les vaccins contre le Covid tardent à arriver en ces pays.

* Plutôt que fêter des ventes d’armes, il vaudrait mieux travailler à un désarmement négocié et consacrer les fonds à un développement humain.

 5 – Des mots pour espérer

• Ne nous laissons pas impressionner par des discours culpabilisateurs qui dénigrent le « camp du bien », les « bien pensants », le « droit de l’hommisme »… S’occuper de bien penser, c’est-à-dire en raison et avec de solides références éthiques, est préférable aux discours de haine qui sèment la violence. Quant à l’humanisme, ce n’est pas un gros mot : en prenant soin de l’humain, à commencer par le plus fragile, nous espérons avancer ensemble sur les chemins de la concorde et de la paix, pour le bien de tous.

• La fête de Noël est pour beaucoup l’occasion de porter un regard fraternel vers ceux qui souffrent et de contribuer à leur soutien. Ne ratons pas le rendez-vous ! Pour cela, il est bon de se libérer des peurs et des rancœurs, des confusions entre bonheur et possession.  Le pape François nous y invite : « Un chemin de fraternité, local et universel, ne peut être parcouru que par des esprits libres et prêts pour de vraies rencontres. » (Encyclique « Tous frères » n° 50) Oui, osons devenir libres pour aimer un peu mieux !

 

Rendez-vous dans un mois pour le prochain numéro de # DIÈSE

Suite à l’atelier annoncé dans la parution de septembre, le fruit du travail en commun sera diffusé sous le titre : Servir la vie, Contribution au débat citoyen. La forme du premier numéro de l’année sera donc particulière.