Malala : lutter pour l’éducation et résister aux Talibans

Prix Nobel de la Paix 2014 à 17 ans avec Kailash Satyarthi – militant indien contre le travail forcé des enfants – Malala Yousafzaï est engagée pour l’éducation depuis son enfance au Pakistan.

Elle déclarait en juillet 2013 aux Nations Unies : « Un enfant, un enseignant, un stylo et un livre peuvent changer le monde ».

Jeune fille pachtoune née dans la vallée de Swat, à l’Ouest du Pakistan près de la frontière afghane, elle décrit dans un livre politique et sociologique [1] la vie d’une famille d’instituteur dans cette région bouleversée par la montée des Talibans jusqu’à l’attentat dont elle fut victime en octobre 2012. Elle y dépeint la vie quotidienne et les traditions pachtounes, la place retirée des femmes, le code d’honneur et les vendettas sans fin, les déplacements forcés de populations conduits par l’armée pakistanaise en 2004, le tremblement de terre de 2005, les inondations de 2011, la vie quotidienne dans les villages et bourgades.

«Je suis très fière d’être pachtoune, mais parfois, je trouve notre code de conduite très discutable, notamment en ce qui concerne la condition féminine. Une dénommée Khalida, qui travaillait pour nous et était mère de trois fillettes, m’a raconté sa tragique histoire Elle n’avait même pas dix ans quand son père l’a vendue à un vieil homme qui avait déjà un épouse mais qui en voulait une plus jeune ».

Elle décrit les séjours au village grand paternel, la fête d’accueil et ses plats abondants, les garçons jouant au cricket dans un ravin avec une balle faite de sachets plastiques attachés par des élastiques, l’eau transportée depuis la source, les rares maisons en ciment construites par des familles dont les hommes travaillent dans les mines ou les pays du Golfe : sur quarante millions de Pachtounes pakistanais, dix millions vivent en dehors de leur pays natal.

« La plupart des maisons, en clayonnage revêtu de boue, étaient éparpillées dans les collines et elles s’effondraient lors des inondations. Parfois les enfants mouraient gelés en hiver. Il n’y avait pas d’hôpital. Seul Shahpur disposait d’un cabinet médical et si quelqu’un tombait malade dans les autres villages, il fallait que sa famille le transporte sur un brancard en bois que nous surnommions « l’ambulance de Shangla ». Si c’était grave, il fallait faire le long voyage en bus jusqu’à Mingora, sauf si on avait la chance de connaître quelqu’un qui possédait une voiture.»

[1] Moi, Malala Je lutte pour l’éducation et je résiste aux Talibans, Malala Yousafzaï avec la collaboration de Chrstina Lamb, Le Livre de Poche, juin 2014