Élection du Parlement européen

Du 22 au 25 mai 2014, les électeurs des 28 pays de l’Union européenne désigneront les 751 députés, dont 74 venant de France, qui siègeront au Parlement pour représenter plus de 500 millions d’habitants.

Pour la première fois dans l’histoire déjà longue de l’UE, ces élections auront un impact sur la désignation du président de la Commission européenne ; en effet, le Traité de Lisbonne a prévu que le Président sera élu par le Parlement, sur proposition du Conseil européen (Chefs d’État et de gouvernement), en tenant compte du résultat des élections.

En France, le mode de scrutin retenu pour cette élection (proportionnelle à un tour dans le cadre de grandes régions prévues à cet effet) a l’inconvénient de faire la part belle à des tractations au sein des partis politiques. Ce ne sont pas toujours les plus assidus et les plus intéressés par un travail parlementaire relativement austère qui se trouvent placés en tête des listes partisanes. Par contre, ce type de désignation limite le risque de penser que l’on envoie un représentant chargé avant tout de défendre des intérêts locaux ou même nationaux. Il s’agit en fait d’élire des députés qui ont en charge le bien commun de l’ensemble de l’UE.

Un tel vote commun manifeste l’existence d’une citoyenneté européenne. Les décisions du Parlement européen ont un impact sur notre vie quotidienne dans la mesure où les législations nationales doivent en tenir compte. Notre vote contribuera à la désignation du Président de la Commission. Il dépend également de l’engagement des citoyens européens que la voix de l’UE puisse se faire mieux entendre en notre monde.

Or, les commentaires sur ces élections prennent souvent un ton défaitiste. Avec le jeu pervers des prédictions auto-réalisatrices, qui par un travail de sape induisent ce qu’elles annoncent, l’Europe communautaire risque d’obturer son avenir. Il y a bien une responsabilité des médias : nous sommes très mal informés sur les dossiers importants traités au Parlement européen.

Plus profondément, nous risquons d’oublier les drames du siècle dernier : malgré ses lenteurs et ses défauts, l’Union européenne garantit la paix et organise la  participation à une citoyenneté commune entre des peuples qui s’entretuaient. Peut-être aussi trouvons-nous un plaisir naïf à nous bercer d’illusions et à rêver des gloires d’antan, oubliant que les « puissances » du siècle dernier pansaient les plaies d’une guerre en préparant la suivante.

Soyons réalistes et utopistes. ! Que pèse réellement, s’il est seul, un pays comme la France face aux pays émergents ? Par contre, si nous savons développer une citoyenneté européenne, la culture commune qui s’élabore aura une influence dans le monde, le modèle politique et social qui se construit portera des fruits. En ce monde ouvert, nous avons une responsabilité historique : manifester que l’union et la coopération peuvent être plus fortes que les haines mortifères.

L’engagement citoyen pour la réussite de l’élection européenne peut encore contredire les noires prédictions d’un pessimisme qui se prétend éclairé.