Ajustement des statuts de Justice et Paix France

Justice et Paix France actualise son Règlement intérieur et ses Statuts (1970), pour les adapter aux évolutions du droit et de la vie, et répondre aux demandes de l’Épiscopat.

Si les Commissions nationales Justice et Paix (CNJP) continuent leur chemin, le Conseil pontifical Justice et Paix, créé par Paul VI (Populorum Progressio, n°5), a récemment disparu (1967-2017). Il est devenu, selon le cardinal Turkson, le cœur du nouveau Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral. En cohérence avec sa propre mission, le dicastère a élargi le champ de travail des CNJP, notamment à la sauvegarde de la Création, nous amenant à préciser notre « objet social ». Chaque CNJP relève toujours de « sa » Conférence épiscopale. L’occasion nous a paru bonne pour sonder les anciens secrétaires généraux de Justice et Paix France (p. 2 et 3). Par ailleurs, le P. Matthieu Lefrançois nous met en perspective la récente décision du Pape relative à la peine de mort (p. 4). Pour introduire cette Lettre, retournons à la source : d’où vient ce rapprochement « Justice » et « Paix » ?

Justice et Paix s’embrassent

Habituellement, dans l’Ancien Testament (AT), c’est le binôme « Justice et Droit » qui apparaît, massivement. Ainsi, Étân l’Ezrahite chante-t-il les grâces du Seigneur : « … Justice et Droit [sont] la base de ton trône, Fidélité/Amour et Vérité sont devant de ta Face » (Ps 89,15). Ces deux mots connectés décrivent un tout (un hendiadys) : Justice-et-Droit, voilà ce que Dieu accomplit. L’homme, le roi notamment dans l’AT, peut en être l’agent, fidèle ou non.

Le rapprochement des notions de Justice et de Paix est, lui, rare. Les hommes sont invités à « juger (délivrer) des jugements de paix » (Za 8,16). La justice se réalise quand elle engendre la paix. Ainsi, Paix-[issue] de-Justice est un nom promis à Jérusalem (Ba 5,4). Transposons : les traités signés, voici un siècle, à la fin de la première guerre mondiale, ont-ils été suffisamment ajustés, en justice/justesse et en droit, pour construire une paix solide ?

Dans la poésie des psaumes, ces deux notions sont connectées : « Que les montagnes apportent la Paix au peuple, et les collines [qu’elles le fassent] dans la Justice Que fleurisse, en ses jours, le Juste, et [qu’] abondance de Paix [fleurisse], jusqu’à … pas-de-lune ! » (Ps 72,3.7). Mais c’est dans le seul Psaume 85 que Justice-et-Paix sont directement liés.

Dans ce psaume, après avoir décrit des actions bienfaisantes de Dieu, le « retour sur terre » de son peuple (v. 1-3), le psalmiste s’arrête (pause), il médite. Puis il dialogue avec Dieu : Dieu ne retournerait-il pas à nous, pour nous vivifier ? Alors, autre pause, et là, le psalmiste écoute. Mais quel est le langage de Dieu ? « Il parle Paix ». Le retour sur terre du peuple ne peut donc plus être un retour à la stupidité passée : si le peuple respecte Dieu, Dieu va aussi faire son « retour sur terre », proche, et même présent en gloire. Mieux, la Justice ouvre le chemin où Dieu marche.

Mais auparavant, on a découvert le cœur de cette active présence divine : une rencontre, celle de l’Amour et de la Vérité, et au cœur de cette rencontre, un signe, un geste : l’embrassade de Justice et Paix. Les traductions grecques et latines font sentir que c’est une embrassade avec effusion, avec tendresse (avec peut-être une connotation en hébreu de parfum/aromates).