Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.
Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.
Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.
Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.
On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.
Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.
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1– Ouvrir l’avenir. Le temps des fêtes n’a pas connu de trêve dans les combats qui endeuillent plusieurs régions de notre monde. Les infos juxtaposaient des images de violence avec des scènes d’une frivolité artificielle. Ce temps différent du passage d’années, avec les assemblées familiales et amicales, mais aussi priantes et célébrantes, ont permis de partager des gestes et des mots de paix. Il est bon de se redire que la paix demeure un repère central pour nos choix de vie personnels et collectifs. La paix se construit au quotidien, en cultivant une fraternité inventive. C’est aussi un enjeu politique : quel avenir pour les plus jeunes d’entre nous ? Comment organiser une terre habitable et une humanité solidaire ?
2 – Intelligence artificielle (IA). Comme ses prédécesseurs depuis Paul VI, le pape François a publié le 1er janvier le 57ème message pour la paix sur un thème d’actualité : l’intelligence artificielle. Il y a bien un enjeu de paix, puisque cette nouvelle technique peut apporter des bienfaits et augmenter nos capacités d’action ; mais elle peut aussi devenir un outil de domination et de dilution des relations humaines. Aussi, François indique que l’IA a bien une portée mondiale et qu’elle doit faire l’objet de régulations dans le cadre d’accords multilatéraux, afin d’être mise au service de tous, notamment des plus faibles. Notons que l’Union européenne prend des initiatives en ce sens, comme elle l’a fait pour le respect des données personnelles ; on peut se réjouir que l’UE impulse des démarches qui sont reprises par des institutions internationales. Voir le site de Justice et Paix France.
3 – Respect ! Chacun(e) revendique à juste titre le respect de sa dignité, ce qui suppose que nous pratiquions tous le respect d’autrui. DIÈSE n’a pas l’habitude d’entretenir une rubrique « people », mais le bruit médiatique à propos d’un acteur célèbre conduit à sortir de la réserve habituelle. On a vu les « puissants » venir au secours de l’un des leurs, oubliant les éventuelles victimes, estimant que leur notoriété, leur richesse et leur pouvoir leur accordent des droits au-dessus du commun. On a parlé de « monstres sacrés » : selon le dictionnaire, un monstre peut être une personne d’une laideur effrayante (ah bon !) ; le sacré viendrait-il sublimer cette laideur ? Alors, méfions-nous des monstres, mais aussi du « sacré » trop souvent dévoyé en emprise sur autrui.
Au temps de Noël, la prière de Marie a été reprise : le Seigneur « disperse les superbes, il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. » Au temps des dictatures, en Amérique latine, cette prière était vue comme subversive. Elle semblerait l’être aussi aux yeux de ceux qui se croient tout permis ! La même prière indique que le Seigneur « se souvient de son amour » ; à nous de semer un amour respectueux au cours de cette année !
Réparation d’une erreur : À propos de la date du cri de Paul VI à l’ONU « Plus jamais la guerre ! », il fallait lire : 4 octobre 1965.
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Le scrutin du 9 juin prochain va reconfigurer les rapports de force politiques dans l’Union européenne (UE). Les partis les plus europhiles devront se compter.
De Taïwan aux États-Unis, en passant par l’Inde et le Royaume-Uni, le calendrier 2024 est jalonné d’élections majeures à travers le monde. Les élections européennes prévues du 6 au 9 juin prochains s’inscrivent dans cet agenda de scrutins décisifs pour orienter le cours des années à venir. C’est une première particularité de la campagne et du vote attendus dans toute l’Union européenne : les Européens vont choisir leurs députés avec, dans le viseur, non seulement le contexte politique particulier de leurs pays respectifs, qui tend inévitablement à nationaliser chacun des 27 scrutins simultanés, mais aussi un contexte international des plus agités, graves et incertains. L’ombre de la présidentielle américaine et d’un éventuel retour revanchard de Donald Trump devraient sans doute planer sur les législatives européennes.
Ces contextes international et national (mi-mandat du président Macron en France) tendus ne doivent pas étouffer les enjeux propres aux élections européennes. Celles-ci visent d’abord à légitimer et orienter le projet européen, à assoir la base démocratique des décisions prises par ses institutions, à les rapprocher de leur source citoyenne. C’est pourquoi la participation électorale sera le premier chiffre scruté. L’enjeu pour les défenseurs d’une place éminente du Parlement européen au sein de l’UE est de transformer l’essai de 2019, qui surprit par une hausse générale de 8 points de la participation, dépassant les 50 % après un déclin ininterrompu depuis 1979. Une enquête Eurobaromètre publiée à six mois des élections indique que la participation devrait poursuivre cette tendance à la hausse en 2024. Ce serait un bon signe de santé de la démocratie représentative, en crise dans nombre de nos pays.
Cette légitimation renforcée ne concerne pas que les 720 députés à élire pour les cinq prochaines années, dont 81 de France. De ces élections découlent la composition partisane de l’hémicycle de Strasbourg mais aussi la couleur politique dominante de la Commission européenne. Les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept doivent « (tenir) compte du résultat des élections » dans leur choix pour sa présidence. N’en déplaisent aux tenants de têtes de liste qui seraient de potentiels chefs de l’exécutif communautaire (Spitzenkandidaten), les Européens n’éliront pas le 9 juin le président de la Commission, même indirectement. Mais ils en guideront indiscutablement le choix consécutif. Si Ursula von der Leyen se présente pour un deuxième mandat, comme tout le laisse croire, il est fort possible que ces élections porteront cette fois davantage sur le nom et bilan de celle qui incarne aujourd’hui l’Europe. Il en va, pour elle, de sa légitimation, qui, à la suite des précédentes élections, n’allait pas du tout de soi aux yeux des eurodéputés.
Ceux-ci jaugeront en premier lieu les rapports de force respectifs de leurs groupes à l’issue du scrutin. Et ils devront prendre la mesure d’une plus grande fragmentation attendue de l’hémicycle européen, comme le projettent les derniers sondages électoraux. Ce potentiel éclatement pousse des ténors de la majorité présidentielle en France à dramatiser une Union ingouvernable, où l’extrême-droite occuperait suffisamment de sièges pour former une minorité de blocage. En l’état actuel des projections, la crainte la plus fondée est celle d’une majorité pro-européenne plus à l’étroit. Les précédentes élections européennes avaient déjà vu les deux principaux groupes politiques, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates, insuffisants à former une majorité comme auparavant. Ils avaient dû s’entendre avec les libéraux et les écologistes pour constituer, à quatre groupes, la majorité où ont été élaborés les compromis durant la présente législature. La Commission sortante repose toujours sur cette majorité, qui, à l’approche des élections, a eu plus de peine à s’accorder sur des textes aussi décisifs que ceux du Pacte sur l’asile et la migration. Pour la prochaine mandature, où les Verts devraient perdre des sièges, ces forces pro-européennes devront se compter et s’entendre sur le programme confié à la future Commission.
Les forces populistes à l’essor attendu entraveront elles le processus législatif ? Dans le Parlement sortant (1), les droites radicale et extrême bien qu’en nombre n’ont exercé aucun poids notable sur la législation. D’autant que l’invasion russe de l’Ukraine a divisé ces voix entre celles atlantistes, défendant l’Ukraine, dominées par le parti de Giorgia Meloni et le PiS polonais, et celles jamais critiques de Moscou (RN français, AfD allemande, FPÖ autrichien, Lega italienne…) auxquelles s’ajoute le parti de Viktor Orbán. La reconfiguration de cette partie de l’hémicycle est l’un des enjeux du 9 juin prochain. Avec un éventuel rapprochement de la droite conservatrice de Meloni avec des chrétiens-démocrates. Au coût d’un relâchement de la politique environnementale. Mais tout reste encore ouvert.
(1)
Mandat 2019-2024
PPE, 176 élus Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens)
S&D, 143 élus Alliance des Socialistes et Démocrates
RE, 101 élus Renew Europe
Les Verts/ALE, 72 élus Les Verts/ALE
CRE/ECR, 66 élus Conservateurs et Réformistes européens
ID, 61 élus Identité et Démocratie
GUE/NGL, 37 élus La gauche au Parlement européen
NI, 49 élus Liste des non-inscrits
Face aux résultats troublants de la COP28, que doivent faire les communautés de croyants qui sont fortement inquiètes du changement climatique et de la Terre de Dieu ?
D’aucuns peuvent considérer les résultats de la COP28 à Dubaï comme un succès. Le fait que l’on mentionne dans la déclaration finale les combustibles fossiles dans ce pays riche en pétrole qui fait partie d’un bloc qui a toujours l’intention d’intensifier l’exploration pétrolière et gazière peut sembler presque miraculeux. Il faut regarder au-delà des titres des médias pour comprendre que le seul succès ici est celui de ceux qui souhaitent retarder la lutte contre les causes profondes de la crise climatique. Les plus grands perdants sont les petites îles qui risquent de ne plus exister très longtemps en raison de la montée des eaux dans le Pacifique.
La nécessité d’éliminer les combustibles fossiles n’était cependant pas absente de la COP. Elle a occupé une place prépondérante dans les discussions au Pavillon de la Foi – un grand espace où les groupes confessionnels se sont réunis pour discuter d’actions réelles et significatives visant à s’attaquer aux causes et aux impacts du changement climatique. Elle était présente dans les déclarations courageuses du pape François, qui a appelé à « l’élimination des combustibles fossiles ». Elle s’est reflétée dans la déclaration de plus de 2 000 dirigeants du monde politique, des affaires, de la société civile et des religions qui ont appelé à une « élimination progressive, juste et équitable, des combustibles fossiles ». Elle se reflète également dans le projet d’un nouveau traité sur les combustibles fossiles sur le modèle du protocole de Montréal qui a éliminé avec succès les chlorofluorocarbones ou du traité sur les mines terrestres. Le génie des combustibles fossiles est maintenant sorti de la bouteille et il est essentiel que toutes les religions soutiennent les efforts visant à accroître la pression après la COP.
Le résultat officiel de la COP28 n’a pas suffisamment abordé cette question, même si, pour la première fois, « l’élimination progressive des combustibles fossiles » est nommée directement. Les partisans d’une action vigoureuse en faveur du climat doivent à présent saisir cette victoire – aussi minime soit-elle – et la mettre à profit pour créer une dynamique. Nous avons peut-être l’impression de nous raccrocher à une paille, mais franchement, il n’y a rien d’autre à quoi s’accrocher en ce moment en termes de cadre politique mondial sur le climat. Je pense que les religions peuvent jouer un rôle de premier plan en essayant de galvaniser l’action à plusieurs niveaux, là où les gouvernements ont échoué.
En tant que religions, nous devons nous rassembler maintenant dans le même esprit qu’au Pavillon de la Foi de la COP28 partout sur la planète et soutenir des actions clés pour accélérer la lutte contre les causes profondes du changement climatique. Cela commence par un processus d’écoute et d’engagement à la base, par des actions de sensibilisation et d’éducation au changement climatique partout. Cela signifie qu’il faut s’unir pour s’attaquer à nos propres émissions et collaborer aux efforts visant à passer à l’énergie renouvelable.
Après cette COP, je proposerais deux autres actions clés qui sont nécessaires. La première consiste à examiner sérieusement nos investissements et à signaler que nous voulons changer notre façon d’effectuer nos opérations bancaires et nos investissements. Les banques et les sociétés d’investissement sont le moteur de l’industrie fossile et, après cette COP, l’avenir des combustibles fossiles suscitera de la nervosité. Les croyants sont des investisseurs et des clients qui s’appuient sur des valeurs importantes. En investissant en accord avec nos valeurs, nous pouvons être catalyseurs d’un changement plus large dans la manière dont nous investissons dans un avenir durable. L’autre chose que tous les groupes confessionnels peuvent faire est de soutenir la campagne mondiale en faveur d’un traité sur les combustibles fossiles. Puisqu’il est difficile d’obtenir que ces questions soient abordées de manière significative dans les négociations des Nations Unies sur le climat, le moment est venu d’adopter une nouvelle approche visant à concentrer l’attention sur la cause principale des émissions. Et le poids des religions pourrait contribuer à galvaniser l’élan pour y parvenir.
(1) Lorna Gold – www.faithinvest.org/training