Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.
Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.
Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.
Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.
On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.
Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.
Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024 (PDF)
Comment parler de paix quand le fracas des guerres se fait entendre si près de nous, quand les conséquences du dérèglement climatique affectent tant de pays dans le monde, quand meurent sur nos rives des milliers de migrants, quand les extrémismes et les populismes prospèrent ? Pourtant l’espérance,
Le monde s’apprête à fêter Noël ! Fête des enfants, fête des familles réunies… Mais comment fêter Noël dans l’insouciance au milieu des drames du monde ?
Comment ne pas penser aux enfants victimes de la violence des puissants, aux familles décimées, aux otages, aux cohortes de réfugiés fuyant sous les bombes ? Comment ne pas penser à tous ceux, victimes de la violence et de la barbarie, pour qui ce temps ne sera pas une fête ?
Nous avons été horrifiés par l’opération terroriste du Hamas le 7 octobre, frappés par les tueries et la prise d’otages.
Les représailles menées par le gouvernement de M. Netanyahou depuis deux mois nous révoltent par l’ampleur des souffrances qu’elles entraînent. Les populations de Gaza, enfermées dans une prison à ciel ouvert, toutes frontières fermées, n’ont nul endroit pour fuir et se réfugier. Dans le froid, privées d’abri, d’eau, de nourriture, de soins, elles ne peuvent que subir ! Subir les bombes, comme subir la pression du Hamas. Celles de Cisjordanie sont aussi enfermées, privées de tout.
La guerre est une abomination mais elle a des règles et est régie par le droit international. Tout Etat doit s’y soumettre. Les bombardements ayant pour cible des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, ne relèvent-ils pas du « crime de guerre » ?
Nous savons les risques d’outrance que comportent les mots de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, nettoyage ethnique, apartheid. Les juristes et le droit international doivent nous aider à les peser et à les employer. Mais la simple raison, dans l’obscurité d’informations souvent volontairement limitées, nous incite à ressentir une insupportable domination des forts sur les faibles, que notre Foi, comme bien d’autres courants de pensée, nous demande de condamner.
Alors, nous, membres de Justice et Paix France, appelons à un cessez le feu immédiat à Gaza et à la levée des barrières en Cisjordanie ! Nous le demandons par humanité pour les populations ! Nous le demandons pour l’avenir du peuple israélien et celui du peuple palestinien ! On peut « éliminer » des terroristes, mais on ne peut tuer une idée. Mués par la colère, le ressentiment et le désir de vengeance, d’autres se lèveront. Cette guerre sera sans fin.
Comme le diront les chrétiens le soir de Noël, un rameau sortira de la souche de Jessé (Is 11,1), et le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière (Is 9, 2). Ce rameau sorti de la souche de Jessé est, pour nous chrétiens, le petit enfant de la crèche, nu et fragile, que nous reconnaissons comme le prince de la Paix.
L’enfant de Bethléem nous a confié la lampe, elle n’est pas à mettre sous le boisseau (cf Mt, 5,15). Chacun de nous en est responsable. A nous de la porter au monde en dénonçant les violences, les injustices, en ouvrant des voies de dialogue et de fraternité, là-bas, comme ici. Puissions-nous trouver le courage de nous lever pour dire non à la haine. Puissions-nous trouver des chemins d’une paix juste, à laquelle tous les peuples ont droit, celui de Palestine comme celui d’Israël.
Justice & Paix-France
L’ange dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple » Lc 2,10)
Alors que nous nous préparions à entrer dans la neuvaine avant Noël, nous avons reçu l’horrible nouvelle de l’attaque contre la paroisse de la Sainte Famille à Gaza. Le 16 décembre à midi, un tireur d’élite israélien a assassiné Naheda et Samar, mère et fille, dans la cour de l’église. Sept autres personnes ont été blessées alors qu’elles tentaient de protéger les personnes présentes dans l’église. Le matin même, un missile israélien s’est abattu sur la maison des Missionnaires de la Charité, semant la destruction et mettant encore plus en danger la vie des 54 résidents handicapés. Seigneur, prends pitié !
Noël est la fête de la grande joie. Le Verbe éternel de Dieu « s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire » (Jn 1, 14). Il est venu nous sauver et nous combler de sa joie. L’Avent précède Noël comme un temps de réveil, un appel à l’attention, à l’attente de la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ et de la grande joie qu’il nous apporte. C’est aussi le moment d’être attentif à la souffrance de nos frères et sœurs dans le monde, et ici, autour de nous. Après plus de soixante-dix jours de guerre, c’est le cœur brisé que nous nous approchons cette année en Terre Sainte de la crèche de Bethléem. Nous prions et demandons la joie, au lieu de la tristesse qui nous entoure face à la mort de tant de personnes.
Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants – palestiniens et israéliens – ont été tués lors de la dernière vague de violence. À Gaza, plus d’enfants palestiniens ont été tués au cours des deux derniers mois qu’au cours des deux dernières années de guerre, tous conflits confondus sur la planète. La guerre a fait payer un lourd tribut à toute une génération de nos enfants, qui vivent quotidiennement dans la peur pour eux-mêmes et leurs familles.
La bande de Gaza est pilonnée par des bombes et des tirs de mortier qui rasent les quartiers. Environ deux millions de personnes ont été déplacées, la plupart d’entre elles n’ont pas d’abri et se déplacent sans cesse. Même les écoles et les lieux de culte ne sont pas des endroits sûrs. En fait, plus de 85 % de la population de Gaza a été déplacée dans une étroite bande de terre où il ne semble pas y avoir d’endroit sûr. La grande majorité des hôpitaux et des cliniques ne fonctionnent pas. 91 % des habitants de Gaza déclarent s’endormir le ventre vide.
Nous déplorons les pertes en vies humaines, nous craignons pour les blessés qui n’ont qu’un accès limité aux soins médicaux et nous sommes angoissés pour les sans-abris.
À Bethléem comme dans toute la Cisjordanie, les incursions de l’armée israélienne font de nombreux morts et donnent lieu à des arrestations massives. Les fermetures des territoires ont fait perdre leur emploi à de nombreuses personnes et les familles ont du mal à mettre de la nourriture sur la table. Les célébrations de Noël ont été annulées, afin que nous puissions, en tant que chrétiens, être solidaires de tous ceux qui souffrent de la guerre. Nous sommes encouragés à nous concentrer sur le sens profond de Noël.
Et quelle est cette signification plus profonde ? En marchant ensemble vers la crèche, nous prions cette année afin que nous puissions toucher concrètement la bonne nouvelle que Dieu nous a promise. En tant que peuple de l’espoir, nous attendons la naissance du Prince de la paix. Et nous nous souvenons que nous ne sommes jamais seuls, car Dieu a choisi ce lieu pour entrer dans l’obscurité en tant qu’Emmanuel, Dieu avec nous.
Nous demandons à tous ceux qui célèbrent Noël dans le monde entier de prier avec nous. Priez pour la paix à Bethléem, à Gaza et dans toute la Terre sainte. Nous prions pour la fin de la violence et la libération de tous les prisonniers. Nous prions pour un cessez-le-feu permanent et pour l’avènement d’un temps de dialogue plutôt que d’oppression, de justice plutôt que de solutions imposées, de vie commune plutôt que de rêve de se débarrasser les uns des autres. Nous implorons ceux qui détiennent le pouvoir d’aider à mettre fin à un conflit qui dure depuis plus d’un siècle, de faciliter le chemin vers une paix juste basée sur l’égalité, afin que cette guerre soit la dernière et que nos enfants soient enfin témoins de l’espoir au lieu du désespoir.
Alors nous pourrons célébrer Noël et être remplis de la grande joie de la venue de notre Sauveur, en chantant avec les anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix au peuple de Dieu sur la terre ».