Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

Vendredi 25 février 2022

Le Comité exécutif de Justice et Paix Europe appelle à la paix et à un cessez-le-feu immédiat en Ukraine

Après l’invasion brutale de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février 2022,

nous condamnons l’agression russe comme une violation sérieuse du droit international et comme une menace pour la paix en Europe,

nous exprimons notre soutien et notre solidarité avec l’Ukraine et son peuple qui souffre.

nous demandons à tous les gouvernements européens de soutenir les pays voisins de l’Ukraine dans leurs efforts pour accueillir et héberger les réfugiés.

nous demandons à l’Union Européenne, à ses États membres et à tous les gouvernements européens de rester unis et de mettre en place un régime de sanctions encore plus sévères contre les autorités russes.

nous admirons le courage des citoyens russes qui, en dépit de toutes sortes de répressions, descendent courageusement dans les rues pour protester contre leur gouvernement au nom de la paix.

nous implorons Sa Sainteté le Patriarche Kirill et toutes les autorités orthodoxes en Russie d’intervenir auprès des dirigeants politiques afin d’obtenir un cessez-le-feu immédiat et le retrait de toutes les troupes russes du territoire ukrainien.

nous soutenons l’appel du pape François à une journée de jeûne et de prière pour la paix en Ukraine le Mercredi des Cendres (2 mars).

nous espérons et travaillons pour une nouvelle culture de la paix en Europe, en nous souvenant dans nos prières de toutes les victimes civiles et militaires et de leurs familles.

jus et pax EU

jus et pax EU

Contact: Stefan Lunte, secretaire general de Justice et Peace Europe,

tél : +33680179422, e-mail: secretary@jupax-europa.org, www.jupax-europa.org

1 – Quel avenir ?

* À l’échelle du monde, on note une baisse des budgets dédiés à l’éducation. Par contre, les dépenses militaires sont en hausse. Des tendances qui vont à l’encontre des objectifs du développement durable, les ODD promus dans le cadre de l’ONU pour les années 2015-2030, engageant les responsables politiques, les acteurs économiques et les membres des ONG. Une dégradation qui traduit un recul de l’esprit de solidarité au sein de notre commune humanité. Mais aussi la conséquence d’une montée de la défiance entre les peuples et des tensions liées aux volontés de s’imposer par la force. Le résultat  d’une tendance au repli sur le particulier, que ce soit la nation ou telle catégorie sociale, ce qui accentue les peurs mutuelles, au risque d’amplifier un climat de violence.

* Il vaut mieux miser sur la fraternité, dans les relations de proximité comme à l’échelon mondial. Fratelli tutti, Tous frères, a proclamé le pape François dans son encyclique d’octobre 2020. Un bon antidote contre les discours de haine qui polluent les messages politiques et qui entretiennent tensions et violences. À propos des migrants, en Grèce le 5 décembre dernier, François a dit : « Sur les rives de cette mer, Dieu s’est fait homme. Sa Parole a fait écho, portant l’annonce de Dieu qui est Père et guide de tous les hommes. Il nous aime comme ses enfants, et veut que nous soyons frères. Et pourtant, c’est Dieu que l’on offense en méprisant l’homme créé à son image, en le laissant à la merci des vagues, dans le clapotis de l’indifférence, parfois même justifié au nom de prétendues valeurs chrétiennes. La foi, au contraire, exige compassion et miséricorde. Ne l’oublions pas, c’est le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse. La foi exhorte à l’hospitalité. »

* Mais il ne suffit pas de rappeler solennellement ce principe ou de chanter la fraternité au coin des rues. Il s’agit de choisir collectivement des solidarités concrètes, tout particulièrement envers les membres les plus fragiles de nos communautés et de notre humanité. Une telle orientation relève aussi de l’engagement personnel des citoyens. N’oublions pas de remercier celles et ceux qui donnent de leur temps et de leur argent pour que la fraternité n’en reste pas aux vœux pieux.

2 – Comment traitons-nous les plus fragiles ?

* Alors que la situation de l’emploi s’améliore dans notre pays, n’oublions pas qu’il y a 2 millions de travailleurs qui se trouvent sous le seuil de pauvreté ; il s’agit le plus souvent de contrats à temps partiel non choisis. Assez fréquemment, les « travailleurs pauvres » sont des mères de famille élevant seules leurs enfants, ces derniers subissent aussi les conséquences de la pauvreté. Dans le même temps, de hauts revenus continuent de s’envoler. Que devient l’égalité inscrite sur nos monuments publics ? La justice sociale n’est pourtant pas une référence indécente !

* 50% des personnes qui recourent à l’aide alimentaire pour survivre ont moins de 25 ans. Avec le risque de désespoir amplifié par une telle dépendance, alors que les relations sociales des plus jeunes sont entravées par les risques sanitaires.

* L’actualité a mis en lumière des dysfonctionnements affectant certains EHPAD, au détriment de la dignité des personnes accueillies et souvent aussi des soignants. Il faut désigner la racine d’un tel mal. Quand le profit maximal devient le critère décisif des choix, on oublie la mission première de telles institutions qui consiste à prendre soin de personnes dépendantes. Quand l’objectif se concentre sur la rentabilité, avec une rationalisation des gestes empruntée à l’industrie, il n’y a plus de place pour l’empathie, la relation fraternelle. Avec les souffrances que cela provoque quand le bilan comptable se trouve érigé en référence majeure : un matérialisme pratique qui déshumanise.

3 – Peut-on se fier aux armes nucléaires ?

* Une bonne nouvelle. Les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU sont les cinq grandes puissances nucléaires : USA, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France. La Russie et les USA possèdent 90% des armes nucléaires présentes dans le monde. Comme ces cinq puissances disposent d’un droit de veto à l’ONU, on peut les suspecter de veiller surtout à leurs intérêts particuliers. Cependant, ces pays ont conjointement affirmé le 3 janvier dernier qu’une guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée et qu’elle ne doit donc jamais être menée. Notons que la France a joué un rôle actif dans cette démarche qui se fixe comme objectif ultime « un monde exempt d’armes nucléaires ». Souhaitons que cette promesse se traduise par des négociations concrètes, en vue d’un réel  désarmement nucléaire ; mais dans le même temps, ces pays continuent de « moderniser » ce type d’armement.

* Une réserve. Il y aura le 24 mars prochain une rencontre des pays intéressés par le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), dont le Vatican est signataire. Mais la France laissera sa chaise vide…

4 – Peut-on parler des déchets ?
Prendre et jeter, des pratiques et des relations à questionner

Notre société vit sous le signe du prendre et jeter, elle emploie couramment le terme ordures. Cela vaut pour les objets, mais aussi des humains ; le pape François évoque les membres de nos sociétés qui sont traités comme des déchets. Aujourd’hui le recyclage et la réparation prennent en compte la valeur de la matière et peuvent créer de l’emploi : les déchets deviennent alors des ressources. Quant aux personnes qu’on laisse de côté, par exemple les chômeurs de longue durée, elles sont capables d’assurer de nouveaux services et de contribuer à la vitalité de la société, si on leur propose des voies d’insertion.

Une soirée pour interroger nos images de la valeur, pour partager un nouveau regard sur les choses et les personnes, pour mettre en avant des initiatives créatrices de lien social et de solidarité.

Avec Nicolas Reveillaut, maire de Beaumont-Saint-Cyr, et André Talbot, membre de Justice et Paix France.

5 – « L’espérance ne déçoit pas, repères sur la vie sociale et politique en 2022 ».

Un document publié par le conseil permanent de la conférence des évêques de France : des éléments de réflexion proposés dans le cadre de la campagne électorale. « Nous traversons des temps rudes et périlleux. Les échéances qui approchent seront cruciales. Mais la peur est toujours mauvaise conseillère. C’est l’espérance qui ouvre le chemin des choix courageux et salutaires. (n° 27) En librairie : 4,90 €.

 

Rendez-vous dans un mois pour le prochain numéro de # DIÈSE

Pressions et violences ont eu lieu contre 360 millions de chrétiens dans le monde, soit un chrétien sur trois. Près de 6 000 (5 898) chrétiens ont été tués, 5 110 églises ont été attaquées et 6 175 chrétiens sont détenus en raison de leur foi.