Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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Le 27 février 2022

Extrait de la revue Le Grand Continent, publiée par le Groupe d’Etudes Géopolitiques, « observatoire » géopolitique français.

Le 24 février 2022, au premier jour de l’offensive russe contre l’Ukraine, j’écrivais : « Quelle que soit l’issue de la guerre, Poutine l’a déjà perdue. En plus de pousser vers l’Ouest ce qui restera de l’Ukraine, elle va renforcer voire agrandir l’OTAN, isoler et affaiblir la Russie qui deviendra paria, et menacer son propre pouvoir à Moscou. Le début de la fin. » Il peut paraître présomptueux au premier jour d’une guerre d’en prédire l’issue, et contre-intuitif – ou optimiste – d’envisager que celle-ci ne soit pas favorable au plus puissant des deux belligérants. Il me semblait toutefois que ce dénouement s’imposait comme la conclusion logique du raisonnement suivant, en cinq étapes.

1.Le prix de la victoire militaire;

2.Le Bourbier de l’occupation. […]  l’agression russe au lieu de profiter de la désunion de la société ukrainienne semble au contraire avoir suscité un effet de « ralliement autour du drapeau » contre l’envahisseur, auquel Moscou ne s’attendait visiblement pas.

3.Le renforcement de l’OTAN

4.L’isolement de la Russie

5. La fin de Poutine ? […] La guerre en Ukraine va produire en Russie un immense mécontentement, et donc un immense problème pour Poutine qui, comme tous les dictateurs, craint d’abord et avant tout son propre peuple. D’abord parce que la guerre va faire des milliers de morts russes, donc des dizaines de milliers de familles et d’amis endeuillés.

Les autorités ukrainiennes jouent très habilement cette carte en mettant en place une hotline, une assistance téléphonique, et un site Internet pour les familles des soldats russes tués ou capturés, et en demandant au
CICR de rapatrier les corps en Russie. Cette pratique a au moins deux intérêts : d’une part, contourner la censure russe qui n’informe pas les familles du sort de leurs proches, pour que la population russe prenne bien conscience des pertes et du coût de cette guerre, mais aussi des mensonges de leur gouvernement qui tente de le leur cacher, ce qui devrait accroître son ressentiment et donc les chances qu’elle se mobilise. D’autre part, c’est aussi un gain en termes d’image puisque les ukrainiens montrent ainsi que leur conduite est plus humanitaire que celle des russes qui pourtant les attaquent.

[…]

Au contraire du soutien populaire qu’avaient pu susciter en 2014 et les années suivantes l’annexion de la Crimée et le soutien aux séparatistes prorusses du Donbass, la guerre totale que Poutine livre à l’ensemble de l’Ukraine, sans aucune raison, suscite de l’incompréhension et des protestations qui ne feront que croître à mesure que les forces
russes massacreront des civils ukrainiens, dont la plupart des russes se sentent plutôt proches […].

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Mouvement International de la Réconciliation – MIR – Branche française

Paris, le 24 février 2022

C’est avec une profonde tristesse et une grande inquiétude que nous suivons le développement de la guerre déclenchée par la décision du gouvernement russe d’envahir le territoire de l’Ukraine.

Une fois de plus, le président Poutine a choisi d’utiliser la guerre en envahissant un pays indépendant en violation de toutes les règles internationales. Il devra rendre compte de cette folie criminelle d’un autre âge devant la Cour pénale internationale.

Nous voulons exprimer notre solidarité avec la population ukrainienne qui subit les conséquences terribles de cette guerre et nous saluons et soutenons les Russes qui, aspirant à la liberté, à la démocratie et à la paix, s’opposent, avec courage et dans des conditions difficiles, à cette politique guerrière de leur gouvernement.

La guerre ne peut jamais être une solution. Elle n’apporte que morts, destructions et souffrances.

Un cessez-le-feu immédiat, un retrait des troupes russes d’Ukraine et un règlement diplomatique de la situation au sein des organisations internationales et dans le respects du droit international sont la seule voie raisonnable vers une sortie de cette crise.

Nous encourageons le gouvernement et le peule ukrainien à la résistance civile non-violente face à cette invasion et la population russe, y compris les militaires, à désobéir aux ordres d’un gouvernement qui s’est engagé dans des actions illégales et condamnées par le droit international.

Nous redisons notre solidarité avec les objecteurs de conscience en Russie et en Ukraine que nous défendons depuis des années dans le cadre de l’ONU à Genève.

Nous appelons les chefs religieux de Russie à se détacher clairement de la politique nationaliste et guerrière de leur gouvernement et à ne pas justifier la guerre qui est contraire à l’enseignement des Evangiles.

Nous invitons les croyants à prier pour la fin de cette guerre et le retour à la paix dans la justice et par la non-violence.

 

 

MIR – 68 rue de Babylone – 75007 Paris – Tél. : 01 47 53 84 05
Courriel : mirfr@club-internet.fr Site Internet : www.mirfrance.org/MIR

Gloire à Jésus-Christ !

Chers frères et sœurs en Christ !

Salutations de la ville ukrainienne de Kiev ! Nous sommes aujourd’hui le dimanche 27 février 2022. Nous avons survécu à une nouvelle nuit horrible. Mais après la nuit, il y a le jour, il y a le matin. Après les ténèbres, vient la lumière, tout comme après la mort vient la résurrection, que nous célébrons tous aujourd’hui de manière radieuse. En ce dimanche, nous célébrerons la présence parmi nous, la présence ici en Ukraine, du Christ ressuscité. Mais ce dimanche, les habitants de Kiev ne pourront pas se rendre à l’église en raison du couvre-feu imposé par le gouvernement et chacun devra rester chez lui en raison de la menace qui pèse sur sa vie.

Mais dans ce cas, l’Église viendra au peuple. Nos prêtres descendront dans le métro, ils descendront dans les abris anti-bombes, et là, ils célébreront la Divine Liturgie. L’Église est avec son peuple ! L’Église du Christ apporte le Sauveur eucharistique à ceux qui vivent des moments critiques dans leur vie, qui ont besoin de la force et de l’espérance de la résurrection.

Aujourd’hui, je voudrais demander à tous ceux qui ont la possibilité d’aller à l’église : allez à la Divine Liturgie ! Aujourd’hui, allez vous confesser. Aujourd’hui, recevez la Communion. Aujourd’hui, recevez le Christ eucharistique, pour sacrifier pour ceux qui ne peuvent pas aller à l’église, pour sacrifier la Sainte Communion pour nos soldats. Aujourd’hui, notre vie est entre leurs mains. Se sacrifier pour ceux qui sont blessés, pour ceux qui sont découragés, pour les réfugiés qui sont sur les routes pendant cette guerre tordue en Ukraine.

Aujourd’hui, je voudrais remercier ceux qui défendent l’Ukraine de diverses manières. Nous voyons que les services gouvernementaux, surtout à Kiev, travaillent au plus haut niveau. Nous avons un jour douté, nous demandant si nos institutions gouvernementales étaient solides. Nous avons vu que notre gouvernement a passé son test de force, et continue de le faire.

Outre notre armée, je voudrais remercier notre service national d’urgence ukrainien qui, aujourd’hui, tire les gens d’obstacles, nos médecins qui, cette nuit, ont sauvé des centaines de vies, nos pompiers qui ont éteint des centaines d’incendies dans toute l’Ukraine. Je voudrais remercier tous ceux qui travaillent, chacun à sa manière, pour la victoire en Ukraine.

Je voudrais m’adresser à notre peuple à l’étranger, à nos frères et sœurs dans diverses parties du monde : Je vous remercie pour votre compassion à notre égard. Je remercie nos évêques d’Australie, d’Argentine, du Brésil, d’Amérique du Nord, d’Europe occidentale, qui ont organisé une grande solidarité nationale dans les pays où vous résidez avec notre peuple ukrainien. Je remercie tous ceux qui s’efforcent de dire au monde la vérité sur l’Ukraine, qui rassemblent de l’aide humanitaire, des médicaments, ou qui prient simplement pour la victoire de l’Ukraine.

Nous croyons que, tout comme le matin vient après la nuit, tout comme après la mort vient la résurrection, après cette horrible guerre, il y aura une victoire pour l’Ukraine, que ce nouveau jour rapproche inexorablement et régulièrement.

Permettez-moi de vous transmettre à tous, d’ici, des collines de Kiev, de la ville du premier trône de Kiev, de vous transmettre cette bénédiction résurrectionnelle et joyeuse de Dieu : Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous, par sa grâce et son amour pour l’humanité, toujours, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Gloire à Jésus-Christ !