Vaclav Havel nous éclaire
Loin de toute nostalgie de ces temps heureux de la révolution démocratique en Europe, alors que nous devrions être actifs dans l’actuelle révolution démocratique des pays arabes, il peut être utile d’insister sur quelques aspects de l’illustre homme tchèque à l’orée de 2012.
Un chrétien dans un pays très sécularisé. Ceux qui connaissent la République tchèque ou les statistiques religieuses savent que ce pays est l’un des plus sécularisés du continent. Havel, personnage clé de ce moment fondateur de la vie du pays qu’est la révolution de velours était-il chrétien ? S’il l’était, il était discret. Mais le Cardinal Duka, qui a présidé les funérailles de l’ancien chef d’Etat, a répondu pour nous . Havel était baptisé, il était chrétien. En prison, Havel avait été incarcéré avec Dominik Duka et Vaclav Maly. Le premier est aujourd’hui archevêque de Prague, le second évêque auxiliaire.
Un intellectuel engagé qui analyse la crise de sa société. Pour Havel, la crise commune aux sociétés de l’Est et de l’Ouest est d’ordre éthique parce qu’elle a sa racine dans le consentement au mensonge. Il ne s’agit pas du choix du faux pour le faux : il s’agit d’un mensonge « pragmatique », utile à court terme, susceptible de résultats tangibles, condition du maintien du confort.
Sous le régime communiste, on avait pris l’habitude de penser noir et de dire blanc. Pour se protéger. Ce consentement au mensonge a empoisonné les esprits. Tous étaient atteints. Aussi l’opposé de la « vie dans le mensonge », Havel l’appelle la « vie dans la vérité » : cela suppose de faire place à d’autres motifs que les motifs pragmatiques et, notamment, à se soucier de « faire le bien par principe, pour l’amour du bien ». On peut renvoyer à l’ouvrage de Jean Picq, Vaclav Havel, La force des sans-pouvoirs, Ed. Michalon, 128 p.
2012 : élections, transitions arabes, synode sur la nouvelle évangélisation, etc. Havel est une lumière que peut, si nous le voulons, continuer à nous éclairer.