Pour conduire nos pas au chemin de la paix
En lisant le message de François, pour le 1er janvier 2020, m’est venue aussitôt cette finale du cantique de Zacharie :« Pour conduire nos pas au chemin de la paix » (Luc 1, 79).
La paix est bien un chemin, toujours à construire, dans les réalités très concrètes de la vie sociale, politique, économique. Le Pape parle souvent dans ses écrits de chemins, de processus. Il rejoint ainsi chacun de nous dans son itinéraire de vie, fait d’avancées et de reculs, mais aussi de nouveaux commencements toujours possibles. Nous sommes ainsi encouragés à marcher, peu importe où l’on est sur le chemin. « La paix est un bien précieux, objet de notre espérance auquel aspire toute l’humanité ».
Nous devons ainsi « croire que l’autre a le même besoin de paix que nous ». Comment briser alors la dynamique de la défiance qui prévaut actuellement ? Peut-on construire la paix – à laquelle aspirent tous les peuples, et en leur sein les plus pauvres et les plus fragiles – sur l’intolérance, la méfiance, voire sur la menace par l’arme nucléaire d’un anéantissement total ? L’espérance, qui nous met en chemin vers la paix, se nourrit nécessairement de dialogue – même quand il semble impossible – de confiance réciproque, de solidarité et de coopération, d’interdépendance, dit encore François. La paix est un chemin patient d’écoute, de mémoire aussi. Ainsi lorsqu’un aïeul raconte l’histoire de la famille, il aide les plus jeunes à façonner leur identité. N’est-il pas dommageable qu’aujourd’hui l’histoire soit moins présente dans l’enseignement scolaire ?
« La mémoire est l’horizon de l’espérance », écrit François. L’éducation est donc nécessaire « à la conscience morale et à la volonté personnelle et politique », et pour les chrétiens, l’espérance de paix est nourrie « à travers la transmission des valeurs chrétiennes, l’enseignement moral et les œuvres sociales et éducatives ». Combien, en ce début d’année, devrions-nous encourager les parents et les éducateurs à être « des témoins convaincus » d’ « une paix sans cesse à construire » ! N’est-il pas intéressant de lire dans le message de François la promotion de la démocratie, avec les droits et les devoirs de chacun, et comme base, la justice et la défense des plus faibles ? « Elle me regardait comme une personne », témoignait Sainte Bernadette à propos de Marie. Elle, la pauvre des pauvres de Lourdes, n’avait jamais été traitée avec autant de respect.
La paix exige de regarder les autres comme des frères, des sœurs, des personnes, d’oser la réconciliation, quand elle est nécessaire, avec humilité, à l’exemple du Christ. Dans son message, François, rappelant Laudato Si’, nous invite à « laisser jaillir toutes les conséquences de la rencontre avec Jésus Christ sur les relations avec le monde ». La paix passe par un chemin de conversion écologique. L’échec de la COP 25 de Madrid souligne l’urgence de cette conversion dans les relations de tous les humains avec leur environnement et entre eux. L’écologie intégrale, où tout est lié, devra être de plus en plus le fil conducteur de la vie du monde de gré – et c’est ce que beaucoup sont en droit d’espérer – ou de force, avec son cortège de violences où les pauvres seront une fois de plus les premières victimes.
C’est ce vœu de conversion que je formule pour tous, en remerciant les acteurs de Justice et Paix France de s’y engager résolument, avec espérance, et d’y engager l’Église et nombre d’hommes et de femmes de bonne volonté. Les humains ont fait le tour de la maison commune « Terre ». Ils n’ont pas de planète de rechange. Il leur faut « vivre la fraternité universelle comme enfants de l’unique Père céleste ». La culture de la menace doit laisser place à la culture de la rencontre.
« On obtient autant qu’on espère » écrivait Jean de la Croix, cité par François. Le Saint espagnol notait que cette espérance venait « du soin qu’a l’âme de regarder sans cesse vers Dieu et de ne s’occuper que de Lui. Elle plait alors tellement au BienAimé qu’il est vrai de dire qu’elle obtient autant qu’elle espère ». Je vous adresse le vœu d’être tous et chacun pleinement donnés à Dieu et à vos frères et sœurs en humanité, dans une communion d’action et de prière, de lutte et de contemplation !
Bonne année 2020 !