Un SOS pour Gaza : Jetez encore vos filets !

Une voix de Jérusalem pour la justice

Un témoignage œcuménique pour l’égalité et une paix juste en Palestine/Israël

A tout être humain, à toute personne dotée d’une conscience, à tous les amoureux de la paix,

En tant que chrétiens de Terre Sainte, nous tirons la sonnette d’alarme face à la récente escalade sans précédent de la guerre israélienne contre Gaza. Après plus d’un an et demi de mort et de destruction, le moment que nous vivons est terrifiant. C’est un SOS que nous envoyons : nous avons besoin de votre aide.

Le siège de Gaza a été renouvelé le 2 mars 2025, entraînant le plus long blocus sur l’entrée de nourriture et d’autres aides essentielles dans l’histoire de la bande de Gaza. Une nouvelle offensive militaire israélienne a été lancée le 18 mars 2025. Au cours de cette seule journée, des centaines de personnes ont été tuées. Depuis, des dizaines de personnes sont tuées presque quotidiennement. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’armée israélienne occupe de plus en plus de territoire dans la bande de Gaza, entraînant davantage de destructions et de morts.

Au cours des dernières semaines, la situation s’est progressivement détériorée : outre les près de 55 000 morts et les plus de 120 000 blessés, la famine sévit (l’ONU a récemment recensé 10 000 nouveaux cas de malnutrition). Les hôpitaux et autres installations civiles sont presque totalement fermés. Plus de deux millions d’habitants de Gaza et les 24 otages israéliens encore en vie risquent leur vie à chaque instant.

Qui plus est, l’escalade n’est pas seulement due au siège et à l’assaut en cours. Les autorités israéliennes ont dévoilé une nouvelle stratégie, prétendant qu’elle vise à distribuer une aide indispensable. Toutefois, cette distribution est subordonnée à un nouveau déplacement de la population. Le contrôle israélien sera assuré par une agence soutenue par les États-Unis, la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF). La distribution dépend de ce que l’on appelle les « sites de distribution sécurisés », entièrement contrôlés par l’armée israélienne. Le 16 mai 2025, le directeur exécutif de la GHF, Jake Woods, a déclaré qu’il refusait de « participer à quoi que ce soit qui disloque ou déplace de force la population palestinienne ». Le 25 mai 2025, il démissionne après avoir appelé Israël à autoriser l’aide par tous les canaux possibles. Le GHF a commencé à distribuer de l’aide le 26 mai 2025, mais les procédures de filtrage, les difficultés d’accès aux points de distribution et les meurtres incessants de Gazaouis se rendant à ces points font craindre que le GHF ne soit qu’une couverture pour les opérations militaires israéliennes. Pendant ce temps, les habitants de Gaza continuent de mourir de faim.

Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la signification de cette escalade. Tout d’abord, elle place les habitants de Gaza devant un choix terrible : se soumettre au contrôle total d’Israël ou mourir de faim. En outre, nombreux sont ceux qui se demandent si cela ne risque pas de déboucher sur une nouvelle tentative de nettoyage ethnique de la bande de Gaza, dont le point culminant serait de repousser la population au-delà des frontières de la Bande. L’objectif final de chasser les Palestiniens a été ouvertement formulé à plusieurs reprises par des politiciens israéliens, y compris des membres du gouvernement, depuis que le président Trump l’a suggéré pour la première fois le 5 février 2025.

Les Nations Unies et de nombreuses ONG internationales ont reconnu que cette « distribution d’aide » est une escalade dans la guerre. Elles savent pertinemment que participer à cette « distribution » reviendrait à se rendre complice de l’utilisation de l’aide alimentaire comme arme de guerre, ce qui est explicitement interdit par les Conventions de Genève.

Les autorités politiques et militaires israéliennes ne cessent de contester les rapports qui décrivent la gravité de la situation à Gaza. Elles contestent le nombre de tués, de mourants, de blessés et de personnes affamées. Cependant, ces mêmes autorités refusent d’autoriser les journalistes étrangers à se rendre à Gaza pour rendre compte de ce qui s’y passe. Pendant ce temps, environ 180 journalistes et professionnels des médias locaux de Gaza ont été tués au cours d’opérations militaires israéliennes depuis le 7 octobre 2023.

Alors que les habitants de Gaza sont les premières victimes de cette guerre cruelle, le reste d’entre nous subit un autre bombardement psychologique et spirituel, plus invisible : inondés d’images et de récits contradictoires, nous nous sentons désespérés, paralysés par le désespoir et incapables d’apporter notre aide. Nous sommes épuisés ! C’est pourquoi nous vous lançons un appel. La communauté internationale doit intervenir. Bien que nos voix ne semblent pas être entendues par les dirigeants mondiaux, nous encourageons tous ceux qui ont des oreilles pour qu’ils entendent et des yeux pour qu’ils voient à agir.

Dans l’Évangile de Jean (21, 1-13), les disciples se sont rassemblés sur le rivage de la mer de Galilée. Découragé et épuisé, Pierre leur propose de retourner à leur vie de pêcheurs. Bien qu’ils aient travaillé toute la nuit, ils n’ont rien pris. C’est alors que Jésus apparaît sur le rivage et leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous en trouverez » (Jn 21,6).

Nous vous lançons un appel : s’il vous plaît, essayez encore, jetez encore vos filets. Nous vous supplions de ne pas abandonner. Remplissons-nous de l’énergie de la résurrection et de l’Esprit Saint de la Pentecôte, et réengageons-nous à lutter pour la vie et la liberté de nos frères et sœurs à Gaza et partout ailleurs en Palestine/Israël.

Jérusalem,  jour de la Pentecôte, le 8 juin 2025

La Voix de Jérusalem pour la Justice compte parmi ses membres :

Sa Béatitude le Patriarche latin de Jérusalem Michel Sabbah (émérite),
Son Excellence l’évêque orthodoxe grec, Attallah Hanna,
Son Excellence l’évêque luthérien de Terre Sainte, Munib Younan (émérite),
M. Yusef Daher,
Mme Sawsan Bitar,
Mme Dina Nasser,
Mme Sandra Khoury,
M. Sami El-Yousef,
M. John Munayer,
M. Samuel Munayer,
M. Rafi Ghattas,
Père Frans Bouwen MAfr,
Père Alessandro Barchi,
Père Firas Abdrabbo,
Père David Neuhaus SJ.