Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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La 21ème conférence internationale sur le climat appelée COP21 se réunit à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.

Il s’agit de la 21ème conférence des parties à la Convention – cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui a vu le jour lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992; ratifiée par 196 « parties », elle reconnaît l’existence d’un réchauffement climatique dû à l’activité humaine et donne aux pays industrialisés la responsabilité de lutter contre ce phénomène.

La COP21, une crise certaine ?

A moins d’un mois de son début, 155 pays ont rendu leurs engagements de baisse de gaz à effet de serre (GES) pour l’horizon 2030. Ces pays représentent plus de 86% des émissions de GES mondiales en 2012. On peut donc déjà calculer l’impact global des efforts promis par les différents pays. Et malheureusement le compte n’y est vraiment pas : on sait déjà que ces engagements sont insuffisants pour éviter la catastrophe. La communauté internationale avait fixé à 2°C la limite de réchauffement supportable pour la planète. Or, les engagements des pays conduisent à un réchauffement supérieur à 3°C. Selon les scientifiques, les efforts promis ne représentent qu’un tiers de ce qui serait nécessaire pour rester en dessous de 2°C. Leur pronostic est alarmant : des troubles météorologiques majeures (sécheresses, inondations, …) qui vont menacer les équilibres géopolitiques sur toute la planète (menace sur la production alimentaire, augmentation des réfugiés climatiques,….).

Changer de civilisation

Si les engagements promis par chaque Etat ne risquent pas de trop changer pendant la négociation de Paris, le résultat de la COP21 n’est pas pour autant condamné à l’échec. D’autres points de discussion encore ouverts peuvent enclencher une dynamique positive. D’une part, la décision d’une révision régulière et progressive des engagements peut donner à la COP21 le caractère d’origine d’un processus universel de règlement climatique. Ce serait une première car le fameux protocole de Kyoto signé en 1997, et péniblement entré en vigueur en 2005, n’a véritablement pas marché : certains pays signataires en sont sortis du jeu au milieu de la course – le Canada, l’Australie et le Japon – et surtout, les principaux pollueurs de la planète n’ont jamais voulu y entrer, notamment la Chine et les Etats Unis. Aujourd’hui par contre, la presque totalité des pays sont engagés dans le processus. D’autre part, les conditions de l’accord de Paris sont encore en discussion.

Deux éléments peuvent aider ce processus à s’inscrire dans un véritable changement de civilisation : le caractère contraignant de l’accord signé et la concrétisation de l’engagement financier pris en 2009. En effet, à Copenhague les pays développés ont promis de consacrer, à l’échéance 2020, 100 milliards de dollars par an pour aider les pays plus pauvres à mettre en place la transition énergétique.

Le courage, créateur de l’impossible

Il y a eu dans l’histoire de l’humanité des hommes et des femmes qui ont eu le courage de changer son cours. Des hommes et des femmes qui, contre l’avis général, sans garantie de résultat et sans calcul des bénéfices et des pertes, ont ouvert l’histoire vers de nouveaux possibles. Des hommes et des femmes qui à contrecourant ont créé des accords, des échanges et des utopies qui ont rendu possible ce que l’on croyait impossible. C’est le cas de ce grand rendez-vous du Moyen Age entre le VIIIème et le XVème siècle en Espagne, marqué par la cohabitation des chrétiens, des juifs et des musulmans, qui a donné lieu à la plus belle rencontre entre l’Orient et l’Occident, entre la science des Grecs et la pensée judéo-chrétienne.

C’est le cas aussi de la réconciliation franco-allemande qui marqua l’origine de l’Union Européenne : rencontre de deux hommes qui ont fait le pari de la paix quand tout invitait à se faire la guerre. Peut-être que la COP21 sera encore un moment historique où quelques hommes et femmes, représentants des Etats et des entreprises, des citoyens, marqueront le cours de l’histoire en prenant des engagements audacieux et inattendus, qui permettront de transformer la menace de mort qui pèse sur notre planète en promesse de vie. Aidons-les à oser ce courage !

Le 25 septembre 2015, le Pape François est venu s’exprimer devant l’Assemblée générale des Nations, dans le cadre du Sommet sur le développement, pour encourager les dirigeants de la planète sur la voie de la justice et de l’écologie intégrale.

 

Le Pape François a indiqué par sa présence l’importance qu’il accordait à l’adoption des Objectifs de Développement Durable par les Nations Unies. Cette « bénédiction » pontificale a eu un écho médiatique très important.

L’Agenda 2030 pour le développement durable et ses 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) serviront de cadre commun pour la communauté internationale au cours des prochaines années. Cet accord est historique de par son caractère universel, les ODD s’adressant à l’ensemble des pays du monde, du Nord comme du Sud, riches comme pauvres. Le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, a déclaré, comme l’indique l’Objectif 1, qu’il s’agit d’un « plan d’action pour mettre fin à la pauvreté dans toutes ses dimensions, de manière irréversible, en tous lieux, et ne laissant personne de côté ». Dans une comparaison suggestive, le Secrétaire Général de l’OCDE indique, lui, qu’il reste près de 800 semaines d’ici fin 2030 (l’échéance des ODD) pour libérer de la pauvreté les 836 millions de personnes qui vivent toujours sous le seuil d’extrême pauvreté (calculé à 1,25$ /jour/personne).

Il ne faudrait cependant pas réduire les Objectifs de Développement Durable à un nouveau programme de lutte contre la pauvreté. Fidèles au concept de développement durable élaboré par le rapport Brundtland en 1987, puis la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement en 1992 à Rio de Janeiro (Brésil), les ODD se répartissent entre les dimensions sociales, environnementales et économiques. Plus précisément, les 6 premiers objectifs se situent dans la continuité des OMD (les Objectifs du Millénaire pour le Développement, dont l’échéance arrive en 2015). 5 ODD sont consacrés aux questions économiques et d’emploi. 3 ODD sont centrés sur les enjeux environnementaux, avec l’apparition d’un ODD consacré à la lutte contre les changements climatiques. Un ODD, le 10ème, est consacré aux inégalités, prenanten compte l’accroissement dramatique des inégalités à l’intérieur de nombreux pays du monde entre 2000 et 2015. Le 16ème ODD traite de la paix, de l’État de droit et de la justice, tandis que le 17ème ODD cherche à redonner dynamisme au partenariat mondial et à la solidarité entre pays riches et pays pauvres.

Le texte adopté – « Transformer notre monde : l’Agenda 2030 pour le développement durable » – se compose d’une Déclaration, de l’exposé des 17 ODD et de leurs cibles (chaque objectif a entre 5 et 19 cibles, soit 169 cibles au total !), d’une section sur les moyens de mise en œuvre et de relance du partenariat global, et d’une partie sur le suivi et la revue des objectifs. Ce texte est ambitieux, avec même quelques pointes de lyrisme, cohérent, et couvre une large palette de domaines. Il intègre – bonne nouvelle – la nécessaire lutte contre les inégalités, une nouveauté promue par la société civile.

Comment financer tout cela ? La réponse ne vient guère de la conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue à Addis-Abeba en juillet 2015. Elle n’a pas permis de provoquer de nouveaux engagements des Etats. On s’est contenté de promouvoir le développement de la mobilisation des ressources domestiques des pays en développement, par un renforcement de la fiscalité et de la lutte contre la fuite illicite des capitaux et d’encourager les partenariats publics-privés.

Cependant, les ODD, qui restent un accord volontaire et non contraignant pour les gouvernements, suscitent une dynamique dont il faut profiter. Le Pape François a rappelé aux dirigeants du monde leur responsabilité : faire ce qu’ils disent, honorer leurs engagements. Pour cela, la mobilisation des opinions publiques pour un monde plus juste ne sera pas superflue Chaque pays doit maintenant produire une stratégie nationale pour mettre en œuvre les Objectifs de Développement Durable. Suivre la réalisation de ces stratégies nationales et pousser à un partenariat international redynamisé font partie des responsabilités essentielles de la société civile.