Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

L’hebdomadaire ‘La Croix l’Hebdo’ publie un appel de 100 personnalités françaises pour un débat électoral serein.[1] Dix règles du jeu simples pour que la parole des uns et des autres puisse être respectée. Pas d’insultes, pas d’attaques sur la vie privée, pas de colportage de rumeurs, une attention à la parole des moins écoutés, etc. Ces rappels nous font du bien. Dans un monde au vitriol, nous avons besoin de réaffirmer quelques règles de décence pour nous affirmer comme une nation capable de débats contradictoires enrichie par l’exercice.

Outre ces règles, nous avons besoin d’espaces de partage, de consultation, de recueil de la parole : des rencontres physiques et virtuelles. Nos dires, il s’agit non seulement de les rendre visibles, mais aussi de les agréger, de les faire remonter. La technique ouvre des portes et les institutions démocratiques s’y essayent. L’Union Européenne anime toute cette année un exercice majeur de démocratie participative. La Conférence sur l’Avenir de l’Europe permet à chaque citoyen, chaque groupe, quartier, ONG, communauté religieuse de contribuer, dans sa langue, au débat sur notre futur. Il suffit de se connecter sur https://futureu.europa.eu/?locale=fr, de s’y créer un identifiant, d’accepter la Charte de participation (les règles de prise de parole). La participation s’ouvre alors sur 10 thèmes essentiels, de la santé au changement climatique, de l’économie aux droits humains, etc.

Des règles du jeu, des espaces mêmes imparfaits, enfin il faut du temps pour pratiquer ces nouvelles formes de débat. Or cela ni La Croix, ni l’Europe ne peuvent nous le donner.  Ce temps du débat, de la contribution gratuite, du partage avec des inconnus, ce temps-là, c’est à nous de le trouver. C’est à nous d’occuper les espaces de dialogue offerts, de nous prêter à l’expérimentation pour participer de l’émergence, encore maladroite, d’une démocratie 2.0, renouvelée et plus résiliente.

 

[1] La Croix, l’Hebdo, 100, samedi 25-dimanche 26 septembre 2021.

Une bombe à retardement. Alors que le dérèglement climatique oblige à repenser la génération d’électricité pour qu’elle ne produise plus de gaz à effet de serre, certains pensent que

Tout d’abord, un grand merci à Alain Paillard qui, avec son équipe, a su maintenir le cap de Justice et Paix France dans des eaux parfois mouvementées.

La Commission Justice et Paix regroupe des membres aux personnalités complémentaires, experts dans des champs qui concourent tous à la connaissance et à la mobilisation pour promouvoir la justice, la paix et l’intégrité de la création – le nouveau rapport du GIEC nous alerte à nouveau et de manière encore plus pressante sur le risque de dérapage définitif de notre planète – reflétant une Église engagée aux côtés de ceux qui luttent pour promouvoir un monde sobre, juste et fraternel. Pour travailler à un monde meilleur pour tous, en particulier les exclus par la violence et les injustices, ou bien encore l’aveuglement d’un individualisme forcené, le pape François nous indique un chemin : celui de la sobriété et de la fraternité.

Originaire d’un bourg rural de l’Anjou, Maulévrier, je me suis engagé au service des autres, en particulier des pauvres et des exclus, avec le Secours Catholique Caritas France pendant 30 ans, puis le réseau international dont fait partie le Secours Catholique, Caritas Internationalis, pendant 8 ans.

Il s’agit pour moi, alors que je viens de prendre ma retraite, de continuer à servir l’Église de France et l’Église universelle dans cette mission évangélisatrice par l’action et le témoignage. Les priorités de travail sont définies par les membres, en lien avec Justice et Paix Europe, le Dicastère pour la promotion du développement humain intégral et la CEF. Nous sommes attendus aussi par les commissions Justice et Paix d’autres pays de la planète. Je pense en particulier au Myanmar et à la Centrafrique.

En phase avec la réalité ecclésiale française, où l’Église doit se réinventer pour poursuivre sa mission, Justice et Paix France peut jouer un rôle de stimulateur et de fédérateur en particulier sur les questions internationales, joignant sa voix à celles du CCFD, du Secours Catholique, de Pax Christi, de la CORREF, etc.

Je compte sur vous pour poursuivre votre engagement dans ce champ sans lequel l’Église manquerait une partie de sa mission.