Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

Le 8 mars dernier, Journée internationale des femmes, les Nations Unies enjoignaient les « autorités de facto » d’Afghanistan à lever « les restrictions draconiennes imposées aux femmes ». L’ONU considère ce pays d’Asie centrale comme le « plus répressif au monde » pour les droits des femmes, la situation ne cessant de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir des talibans, quand ils sont entrés dans Kaboul, le 15 août 2021, à la faveur du retrait des forces américaines et de l’OTAN.

Depuis, malgré les promesses initiales, les restrictions s’ajoutent aux restrictions, pour exclure les femmes de l’espace public. « Il est affligeant, constate Roza Otunbaya, cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), d’assister aux efforts méthodiques, délibérés et systématiques pour écarter les femmes et les filles de la sphère publique, imposant des règles qui laissent la plupart d’entre elles enfermées chez elles ».

L’une des mesures particulièrement symbolique porte sur l’école. Depuis septembre 2021, les filles n’ont plus le droit d’aller au collège et au lycée. En décembre 2022, ce fut au tour des étudiantes d’être écartées des universités. Après la longue coupure hivernale, les cours ont repris début mars dans les universités afghanes. Sans les filles.

Les exigences vestimentaires sont strictes et les manquements même mineurs sévèrement jugés ; la liberté de mouvement des femmes est empêchée : il leur est interdit d’aller dans les parcs et jardins publics, dans les salles de sport. Pour des longs trajets, elles doivent être accompagnées par un « chaperon » masculin. Elles ont été exclues des emplois dans les services publics et il ne leur est plus possible de travailler pour des Organisations non gouvernementales. Les militantes des droits de l’homme et journalistes sont menacées, emprisonnées, parfois victimes de torture ou de disparition, selon une enquête d’Amnesty International. Le système de protection des femmes et des enfants a volé en éclats, entraînant une forte augmentation des violences, des mariages forcés, des mariages précoces, des mariages de jeunes enfants même. Le nombre de suicides de femmes connaît également un fort accroissement.

© Shamsia Hassani

Comme en témoignent les dessins de Shamsia Hassani, que nous publions ici, malgré ce quotidien terrible, des femmes continuent de résister, des écoles plus ou moins clandestines continuent à accueillir des adolescentes… Selon l’Agence France Presse, elles étaient une vingtaine à manifester le 8 mars à Kaboul pour les droits des femmes !

© Shamsia Hassani

Les Afghans subissent en outre les effets d’une grave crise économique et humanitaire. Les causes en sont multiples : les femmes privées d’emploi et donc de revenus, le quasi effondrement du système de santé, le chômage, l’inflation, trois années de sécheresse, mais aussi les sanctions internationales, la suspension de l’aide au développement, le gel des avoirs de la Banque centrale d’Afghanistan aux États-Unis. Les deux tiers de la population afghane (28,3 millions de personnes) auront besoin cette année d’une aide humanitaire d’urgence, selon l’ONU.

En Afghanistan, « on ne punit pas les femmes, on les détruit », témoigne Solène Chalvon-Fioriti, réalisatrice d’un documentaire diffusé sur France 5, le 12 mars dernier. Les talibans le comprendront-ils un jour : cet « apartheid » accable certes prioritairement les femmes, mais, en se privant de leur force, il pénalise l’avenir de tout le peuple afghan. Ces discriminations, confirme l’ONU, « nuisent au redressement du pays ».

 

Après 15 ans de préparation, un Traité international de protection de la haute mer vient d’être signé par plus de 100 États membres de l’ONU. Cette zone, hors de toute juridiction des pays, ne bénéficiait jusqu’alors d’aucune protection. Pourtant,

Le chemin synodal a permis l’expression des catholiques à partir de leurs communautés : de la communauté à la paroisse, de la paroisse au diocèse, du diocèse à la conférence épiscopale, de la conférence à la fédération continentale, et jusqu’au niveau mondial. Mais les réflexions et propositions, synthétisées, finissent par mettre de côté des expressions pourtant essentielles au développement de la vie de l’Église : celles des pauvres et, parmi les pauvres, celles des populations autochtones.

Or le Synode sur l’Amazonie (octobre 2019) a permis de mettre en valeur les richesses des populations « originelles », la nécessité de se mettre à leur écoute et d’avancer en diapason avec elles pour sauvegarder l’avenir de l’humanité. Et le 10 février 2023, le pape François, recevant les participants au Forum des peuples autochtones organisé par les Nations Unies à Rome, a souligné « le rôle essentiel que jouent les peuples autochtones dans la protection de l’environnement et leur sagesse dans la recherche de solutions mondiales aux immenses défis que le changement climatique pose chaque jour à l’humanité. »

© wikimedia.org

C’est pourquoi les réseaux ecclésiaux pour l’écologie intégrale, fédérés au niveau mondial, ont décidé de rassembler la voix, les propositions et les attentes des populations indigènes remontant des consultations synodales.

Pour sa part, le RAOEN, Réseau pour l’Asie et l’Océanie, à partir de l’analyse des rapports nationaux des conférences épiscopales de ces deux continents, a formulé 9 points d’attention, soulignant en particulier la nécessité de l’accueil et de l’attention à porter à l’inclusion culturelle de ces peuples dans les Églises locales, intégrant dans la liturgie leurs modes d’expression pour renouveler et enraciner l’Église encore trop souvent « occidentalisée », multipliant les communautés ecclésiales de base dans leurs milieux, recherchant de nouvelles formes de ministères qui permettent plus d’inculturation, et facilitant leur participation active à la vie de l’Église.

Puisque le Synode qui vient a pour but de « réparer l’Église » selon les mots du cardinal Hollerich, rapporteur général du synode, la voix des peuples originaires doit être entendue et avoir une place de choix.